Depuis une quinzaine d’années, non seulement le financement pour la programmation et les projets n’a pas bougé, mais il a aussi été grignoté par l’inflation (environ 30% sur la durée de cette période). Toutes les personnes impliquées dans le réseau associatif vont vous le dire: si à un certain moment il ne restait que la peau et les os, aujourd’hui, on en est seulement aux os. Et cette réalité n’est pas seulement celle de la Saskatchewan, c’est partout à travers le Canada. Même en éducation, il faudra des investissements majeurs.
Mais revenons-en au communautaire. Dans le cadre de l’entente Canada-Communauté fransaskoise, nous nous sommes dotés d’un mécanisme de recommandations dans le cadre des demandes des différents organismes pour leur programmation annuelle et leurs projets qui sont remises au ministère du Patrimoine canadien qui a tout le loisir de faire ce que bon lui semble: suivre celles-ci ou prendre une toute autre décision car le mot qu’il faut retenir est « recommandations ». Autrement dit c’est une consultation qui est faite avec la communauté sous le couvert de la confidentialité.
Ce n’est pas une mauvaise chose en soi. Sauf qu’on peut se poser beaucoup de questions. La population ne comprend tout simplement pas le mécanisme et a une tendance à reprocher à l’Assemblée communautaire fransaskoise (ACF), car il s’agit d’un comité au sein de celle-ci, les décisions qui sont prises au sein du ministère. L’ACF n’a pas non plus, au moment où les organismes reçoivent la lettre de Patrimoine canadien leur indiquant ce qu’ils recevront, la capacité de vérifier. Il faut faire une tournée des organismes pour savoir ce qu’ils ont reçu car il n’y a pas de mécanisme en place pour en informer l’ACF et il n’y a pas de contrainte non plus du côté des organismes.
Depuis la première entente Canada-Communauté fransaskoise, cette dernière a demandé à de maintes reprises le « chèque unique », c’est-à-dire que le montant annuel lui soit versé en totalité, qu’elle en fasse la distribution et qu’elle soit redevable au gouvernement canadien. Aucun des gouvernements n’a voulu s’embarquer dans cette aventure à date.
Au Manitoba, le Francofonds s’est vu confier pendant plusieurs années un Fonds jeunesse qui était un fonds pancanadien. Celui-ci est maintenant fermé: il a aidé à la fois les projets pour les jeunes mais aussi la croissance du Francofonds. Tout ça pour dire que le Francofonds, qui est constitué d’une multitude de fonds auxiliaires (178) et qui a aussi deux employés, joue un rôle important au sein de la communauté franco-manitobaine.
Jusqu’à maintenant, on n’a pas vraiment pris le temps de s’arrêter et de réfléchir sur toute la question des ressources financières. Le sujet semble tabou en Saskatchewan. Il est vrai que lorsqu’on peine à se tenir la tête hors de l’eau, il n’est pas facile de s’arrêter pour réfléchir à une stratégie commune. Il faudra bien un jour qu’une telle réflexion se fasse. Il y a bien des initiatives ici et là, comme la Coopérative de services proposée par le Conseil économique et coopératif de la Saskatchewan, un encouragement à la diversification des sources de financement et un axe du plan de développement global qui en parle, mais de façon cohérente, rien.
Pourquoi pas une réflexion qui amènerait à une stratégie de l’ensemble de la communauté, incluant la Fondation fransaskoise qu’on oublie trop souvent, pour voir clair dans les finances communautaires et se donner une véritable capacité de développer la communauté? En attendant, soyons généreux à la campagne d’automne de la Fondation fransaskoise, le seul levier qui nous appartient vraiment!