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Pour qu’on se souvienne d’eux

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Certaines rencontres dans nos vies laissent leur marque. C’est à l’Eau vive, en 1986, que le chemin d’Albert O. Dubé et le mien se sont croisés. Quelques jours plus tôt, un certain Roland Pinsonneault m’avait invité à souper pour  ce que je croyais être une entrevue pour le poste de graphiste dans un journal francophone. J’ai eu droit à un cours passionné sur l’histoire de la presse francophone de l’Ouest et sur le mot Fransaskois. Dans son envolée, il y avait toujours un nom qui revenait : Albert!  

 

La semaine suivante, je me présente au bureau de l’Eau vive. Il n’y a que deux personnes sur place : l’homme en charge, le fameux Albert en question, et la femme qui sait comment les choses se passent, Micheline Brault. Je me présente à ce nouveau patron et attend ses directives. 

 

D’entrée de jeu il me dit : « C’est ma première journée, moi aussi, et je n’ai jamais touché à un journal de ma vie ». Il me fixe de son regard vif. Moi, du haut des 26 ans d’un Québécois fraîchement débarqué, je lui réponds : « Moi non plus! ». Léger silence, presque comique, puis d’une voix qui inspire la confiance, avec un sourire malin, il me dit : « Bien, on va apprendre! ». Je venais de rencontrer un autodidacte extraordinaire. 

 

Pour apprendre, on a appris. Monsieur Dubé a pris une Eau vive en difficulté et l’a relancée dans une voie qui l’amena à remporter le prix du meilleur journal de la francophonie canadienne en 1992

 

Il y a des êtres d’exception dans la Fransaskoisie. Comme d’autres qui ont les tempes grises, j’ai eu la chance d’en côtoyer plusieurs qui sont aujourd’hui disparus. Je pense, entre autres, à Raymond Marcotte, Roland Pinsonneault, Gustave Dubois et, bien sûr, Albert O. Dubé. Et n’oublions pas les grandes femmes telle Odette Carignan.

 

Pour que leurs noms demeurent vivants dans notre mémoire collective,  pourquoi ne pas nommer nos lieux communautaires et nos écoles à la mémoire de nos grands disparus? Il y a déjà le pavillon Gustave Dubois de l’École canadienne-française de Saskatoon, l’école André Mercure, l’école Ducharme, le centre culturel Maillard à Gravelbourg et quelques autres. Pourquoi pas une École Arthur Marchildon à Zénon Park, village où est né cet abbé qui a tant fait pour la francophonie et la jeunesse d’ici? Monseigneur de Laval pourrait devenir Monseigneur Baudoux, le Carrefour Horizons pourrait devenir le Carrefour Albert Dubé etc. 

 

La tenue de nos rencontres dans des locaux portant le nom de nos grands bâtisseurs pourrait peut-être nous inspirer à mieux collaborer pour ne pas mettre en péril les victoires chèrement acquises au prix de leur dévouement.