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Actualité économique

Cuba, l'île abandonnée au temps de la Covid-19

Cuba
Crédit : Jason Gamble / Unsplash
Cuba a une tradition bien établie d'aide médicale internationale. Des médecins cubains étaient prêts à venir chez nous, à la demande des communautés autochtones du Manitoba. Chrystia Freeland, vice-première ministre, a refusé.

Plus rien n'entre à Cuba. Mon amie Geneviève, qui vit sur l'île depuis 2012, m'écrivait récemment que « la vraie situation, c'est que si les Cubains ne reçoivent pas de riz et ne reçoivent pas de céréales, (…), si rien n'est fait, pas dénoncé mais fait, la planète va assister au spectacle d'une île qui meurt de faim ». 

Ce n'est pas d'hier que ce n'est pas facile à Cuba. Pour peu qu'on ait quelques notions d'histoire, pour peu qu'on y soit allé et qu'on ait eu la bonne idée de s'éloigner des tout-compris, de découvrir un peu l'île et ses habitants, on sait depuis longtemps que ce n'est pas facile. La Covid-19 est, en quelque sorte, la cerise sur le sundae.

Une porte ouverte et refermée

En décembre 2014, Raúl Castro et Barack Obama annonçaient  la normalisation des relations diplomatiques entre les États-Unis et Cuba et la levée de l'embargo mis en place en 1962. Les Cubains, durement éprouvés depuis la chute de l'URSS, se réjouissaient. Une porte était ouverte. Donald Trump est arrivé, la porte s'est refermée. On pourrait même dire que, depuis le nouvel ALENA en 2018 et ses modifications apportées en décembre 2019, elle est cadenassée.

Au chapitre de l'agroalimentaire, ne peut plus vendre à Cuba ses surplus qui veut. L'offre doit d'abord passer par les États-Unis. De plus, entre les sanctions économiques contre le Venezuela et le blocage des livraisons de pétrole, Cuba a peu de carburant pour sortir les aliments des champs et les acheminer efficacement dans les marchés. Sans touristes, et donc sans devises, elle ne peut rien acheter, quand on veut bien lui vendre quelque chose.

Difficile, voire impossible de lui donner quelque chose. Des compagnies chinoises ont voulu, il y a quelques semaines, faire don d'équipement médical pour combattre la Covid-19 : masques, gants, tests de dépistage, respirateurs, etc. Ce matériel n'a jamais pu être livré. La compagnie qui en était chargée a dû faire demi-tour devant la menace américaine de sanctions économiques.

En mars dernier, la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de la personne, Michelle Bachelet, déclarait qu'il fallait, pour des raisons humanitaires, réévaluer de toute urgence les sanctions de grande envergure dans les pays faisant face à la pandémie, tel Cuba. Aux dernières nouvelles, cet appel est resté sans écho. La communauté internationale ne réagit pas, le Canada ne réagit pas.

Faut-il s'en étonner ? Avec le départ de Stéphane Dion et son remplacement aux Affaires extérieures par Chrystia Freeland en janvier 2017, le Canada s'est poliment et discrètement rangé du côté de America First. Notre premier ministre rouspète un peu parfois, mais ça ne porte pas à conséquence. 

Et si...

Toute géopolitique mise de côté, qu'en est-il du gros bon sens ? De l'amitié canado-cubaine ? Les médecins cubains ont faim. Nos communautés autochtones auraient grand besoin d'eux. Un petit échange de services, peut-être ?

Le régime cubain a une longue tradition de recherche médicale et scientifique, et sa gestion de la Covid-19 est remarquable. L’Interferon Alpha-2b recombinant, un médicament mis au point en collaboration avec la Chine, est actuellement à l'essai pour traiter le coronavirus. Et si ce pays qu'on asphyxie faisait partie de la solution?

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Mychèle FortinMychèle Fortin

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