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Vers un nouveau modèle de conservation de la faune sauvage ?

Auteur: Emmanuel Masson/26 octobre 2021/Catégories: Agriculture et environnement, Chroniques, Chronique environnement

Chevreuil
Crédit : Chris Greenhow / Unsplash

Le modèle nord-américain de conservation de la faune sauvage est une doctrine vieille de 160 ans. Un modèle prédominant pour les organismes étatiques, provinciaux et fédéraux qui a du plomb dans l’aile et que beaucoup de personnes aimeraient réviser.

Votre fourchette vient se planter dans la chair tendre du cerf de virginie qu’a ramené votre oncle de sa dernière partie de chasse. Vous n’y pensez pas une seule seconde, et pourtant c’est bien grâce au modèle nord-américain de conservation de la faune que vous pouvez en apprécier chaque bouchée. 

En effet, ce modèle repose sur un principe fondamental : « La faune sauvage est destinée à l'usage non commercial des citoyens et doit être gérée de manière à ce qu'elle soit disponible à des niveaux de population optimaux pour toujours. »

Formulé officiellement en 2001, ce modèle trouve ses origines au 19e siècle quand des chasseurs blancs commencent à s'organiser et défendre la préservation des zones sauvages et de la faune, principalement face à la quasi-extinction du bison d’Amérique.

Jusqu’ici accepté par la très grande majorité des professionnels de la faune et des établissements d'enseignement, ce modèle est aujourd’hui appelé à être modifié par de nombreux scientifiques qui soulignent que ce dernier souffre d’une vision coloniale. 

Ils pointent du doigt une vision étriquée qui n’inclut absolument pas les gouvernements et la communauté autochtone pourtant riches de connaissances millénaires quant à la gestion de la faune sauvage.

Dans un nouvel article publié dans la revue FACETS, un groupe de scientifiques autochtones et non autochtones a développé et proposé une nouvelle approche de gestion de la faune intitulée "Indigenizing the North American Model of Wildlife Conservation".

Les 7 principes de base ont été réécrits de manière à ce qu’ils puissent mieux coexister  avec les perspectives des communautés autochtones, ce qui pourrait réduire les conflits relatifs à l'utilisation et à la gestion des terres qui sont apparus au cours des dernières décennies, notamment en ce qui concerne les droits de chasse et en matière de conservation. 

Par exemple, le 6e principe qui établissait que « la science est l'outil approprié pour mener à bien la politique en matière de faune et de flore sauvages » a été remplacé par : « Les systèmes de connaissance indigènes et occidentaux construisent une éthique de coexistence pour mettre en œuvre efficacement la politique de conservation de la faune sauvage. »

En bien des aspects, les valeurs fondamentales de ce modèle rejoignent la vision du monde autochtone comme la sauvegarde de la faune et de la flore pour les générations futures, l'utilisation des meilleures connaissances disponibles pour résoudre les problèmes et la priorité donnée à la collaboration entre les nations.

Ce modèle plus holistique donnerait enfin la parole aux Premières Nations qui, fortes de millénaires de connaissances intergénérationnelles, auraient tout à apporter pour améliorer les politiques de conservation.

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Emmanuel Masson

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