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Actualité économique

Shawn Jobin continue de tracer sa voix

L’ère Éléphant touche à sa fin pour le rappeur fransaskois Shawn Jobin. Paru en 2017, ce premier opus l’aura fait voyager à travers le Canada, mais aussi à l’international avec notamment une participation au 47e Festival Internacional Cervantino (FIC) à Guanajuato, au Mexique. Une belle mise en lumière de son rap et une prise de confiance qui annoncent une nouvelle phase créative. Retour sur une expérience charnière.

Malgré la qualité artistique de Shawn Jobin, déjà plusieurs fois saluée et récompensée, l’artiste a encore du mal à se faire entendre sur le territoire canadien. Attaché à la Saskatchewan, il lui faut parfois s’exporter pour trouver cette écoute. C’est à Guanajuato, au centre du Mexique, que son rap est parvenu jusqu’aux oreilles des festivaliers et des programmateurs.

Une émulation artistique

Du 9 au 27 octobre 2019, le Canada, pays invité du festival, avait présenté 17 spectacles mis en scène par une délégation d’artistes issus des quatre coins du pays. Seul représentant de musique urbaine, et seul francophone, Shawn Jobin s’est paré de son rap engagé pour monter sur scène.

Sur recommandation du Conseil des arts du Canada, les programmateurs du festival ont sélectionné des artistes dont la qualité de création correspondait à l’état d’esprit du festival. « Les autres noms sélectionnés sont de haut calibre, c’est cool que le festival ait basé son choix sur la qualité du travail et non sur la notoriété. Je me suis senti valorisé ! » déclare ainsi Shawn Jobin. Une fierté pour celui qui ne savait pas à quoi s’attendre.

Du rap en français au Mexique

Le public était au rendez-vous malgré la barrière de la langue. « C’était très enrichissant, on a eu de très bons retours. Il n’y avait pas de réticence face à ce qui était sur scène, la réception était très animée et organique », rapporte l’artiste. La performance aura été électrisante pour le public.

Ironie de la situation, c’est à Guanajuato que Shawn Jobin a fait la connaissance de l’artiste canadienne Elisapie. « En Saskatchewan, on essaie de se trouver deux fois plus parce qu’on est dans un milieu minoritaire. On ne m’a jamais demandé de jouer dans un festival majeur en Saskatchewan à part l’année dernière. Il y a eu comme un déclic. »

S’il loue le Canada pour son ouverture artistique, il regrette son rapport politisé à la langue, rendant certaines programmations frileuses. « Notre relation est tellement politique entre le français et l’anglais, ce n’est plus juste une question de découverte et de culture », déplore-t-il.

Une vraie prise de confiance

Ce déclic se poursuit. Si Shawn Jobin ressent parfois une sensation d’isolement artistique, son expérience mexicaine inspire encore son développement musical. L’écoute et les rencontres dont il a bénéficié ont confirmé que les choses étaient possibles au-delà de son circuit habituel.

S’affirmant de plus en plus, l’artiste a aussi participé au projet incubateur C’est dans l’air en mai 2019, organisé par l’Association des professionnels de la chanson et de la musique. Cette semaine de collaboration entre artistes francophones européens et canadiens lui a ouvert des perspectives artistiques dont profiteront ses prochains morceaux à paraître cette année. « Tout ça m’a remis les pendules à l’heure. Ça m’a confirmé que je suis à la bonne place et ça a enlevé mes peurs de ne pas être au même niveau que les autres. »

Avec l’étape mexicaine, un cap a donc été franchi dans le parcours du rappeur, ponctuant trois années intenses suite à la sortie de son album Éléphant. Pour conclure cette période, il a publié le 28 février le clip de l’un de ses titres phares, So close, remixé par le producteur québécois RealMind. « Il est temps de présenter d’autres morceaux, le remix est aussi un pont avec les titres à venir aux sonorités nouvelles », laisse présager l’artiste.

Inspirés par ses expériences de voyage et ses collaborations, les nouveaux titres seront à l’image de leur créateur. « J’ai envie que ma musique représente la personne que je suis. J’ai gardé une approche personnelle et sensible avec plus de musique électro, plus de mélange. » La fleur de lys tatouée sur l’avant-bras droit, le chanteur continue de véhiculer ses messages, bien que moins engagé dans ses propos. Rapper en français suffit à la revendication de son identité.

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Noëlie Vannier - Initiative de journalisme local - APFNoëlie Vannier

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