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Dominique Liboiron / 10 novembre 2016 / Catégories: 2016, Société, Guerre et enjeux militaires Entretien avec Roméo Dallaire Roméo Dallaire Ancien combattant du génocide rwandais, le lieutenant-général retraité et ancien sénateur libéral, Roméo Dallaire lance un nouveau livre intitulé Waiting for First Light: My Ongoing Battle with PTSD. Photo: Gracieuseté Le génocide au Rwanda était une guerre contre l’humanité. Roméo Dallaire est un ancien combattant de ce conflit. Retiré des Forces armées canadiennes, le lieutenant-général se bat contre le trouble de stress post-traumatique. Le lancement de son troisième livre, Waiting for First Light: My Ongoing Battle with PTSD, a eu lieu le 25 octobre dernier. Cet essai a été écrit dans le but d’aider sa guérison et de permettre aux Canadiens de mieux comprendre ce trouble. Son expérience en tant que commandant des forces de la Mission d’assistance des Nations Unies au Rwanda en 1993 et 1994 a fait l’objet de plusieurs films et documentaires. Son mémoire J’ai serré la main du diable, paru en 2004, lui a valu le Prix du Gouverneur général. Témoin de maintes horreurs au cours du génocide de 100 jours pendant lesquels plus de 800 000 personnes ont perdu la vie, la plupart sous les coups de machette, Roméo Dallaire demeure hanté par ces atrocités, parmi lesquelles l’emploi d'enfants-soldats. Son deuxième livre,They Fight Like Soldiers, They Die Like Children, publié en 2010, traite de ce phénomène. L'ex-sénateur se consacre désormais à la lutte contre l'utilisation d'enfants-soldats dans les conflits partout dans le monde. Dominique Liboiron : Au niveau des gouvernements et des citoyens engagés, quelles démarchent doivent être prises pour mettre fin à l'exploitation des jeunes soldats? Roméo Dallaire : Il est essentiel que la prévention et l’élimination de l’utilisation d’enfants comme soldats devienne une priorité centrale de tout processus de maintien de la paix et de résolution de conflit. Lorsqu'on laisse les enfants devenir les acteurs d’un cycle de violence, l’on accroît les chances de perpétuer cette violence dans le temps. Les gouvernements devraient faire preuve d’une plus grande volonté politique pour mettre fin à cette terrible atteinte aux droits des enfants. De nombreux moyens existent aujourd’hui pour agir, seulement, la volonté politique pour mettre ces moyens en œuvre est trop souvent absente. Les citoyens engagés peuvent jouer un rôle important à ce chapitre en conscientisant le public face à ce problème, en demandant au gouvernement d’agir là où de graves conflits entraînent le recrutement d’enfants soldats et en appuyant les nombreuses organisations qui œuvrent à mettre fin à l’utilisation des enfants comme soldats. DL : D'un point de vue militaire, est-ce que les jeunes combattent avec plus de zèle? Sont-ils moins soucieux du danger? En somme, pourquoi recruter des enfants? RD : L’identité d’un jeune se construit avec le temps. À un très jeune âge, un enfant a plus de difficulté à discerner le bien du mal et une moins grande conscience du danger et de la mort. Souvent drogués et manipulés par des chefs charismatiques, les enfants-soldats peuvent faire preuve d’une grande cruauté et se lanceront souvent sans crainte dans des missions suicide. Les enfants utilisés d’une telle façon deviennent eux-mêmes une arme de guerre redoutable, obtenue à faible coût et en quantité presque illimitée, d’où la grande propension qu’ont de nombreux chefs de guerre, et des gouvernements, à recruter des enfants comme soldats. DL : Quelles sont les conséquences émotives et légales pour les soldats d’âge adulte qui blessent ou tuent des soldats de moins de 18 ans? RD : Il est certain qu’il est extrêmement difficile pour des soldats adultes de faire face à des enfants qui ouvrent le feu sur eux ou sur des populations qu’ils doivent protéger. C’est d’ailleurs également pour cette raison que les enfants sont utilisés comme soldats. Ils sèment la confusion et le désarroi dans les rangs de ceux qu’ils combattent. Quand aux conséquences légales, cela demeure une question extrêmement délicate qui doit être éclaircie davantage par les tribunaux nationaux et internationaux. DL : Dans les pays où les jeunes n'ont pas accès à un emploi ou à l'école, que peuvent-ils faire d'autre que devenir soldat? RD : Les jeunes doivent se mobiliser entre eux et exiger que leurs droits soient respectés. L’établissement d’un Parlement jeunesse en République démocratique du Congo* est un bel exemple de ce type de mobilisation. * Le Parlement jeunesse encourage ses membres à s’impliquer au niveau politique et d’apprendre plus au sujet de la démocratie. Le Parlement encadre également la jeunesse dans le but de rebâtir leur pays. Imprimer 27742 Bien qu’il soit important d’honorer tous les anciens combattants, la Première et la Deuxième guerre mondiale occupent davantage les pensées des Canadiens le Jour du souvenir. Par exemple, ces lieux de combat de la Guerre 14-18 sont souvent mieux connus que les noms des champs de bataille de la guerre de Corée, de l’Afghanistan et des missions humanitaires, comme celui au Rwanda. Néanmoins, le 11 novembre honore tous nos soldats. Photo: Dominique Liboiron Bien qu’il soit important d’honorer tous les anciens combattants, la Première et la Deuxième guerre mondiale occupent davantage les pensées des Canadiens le Jour du souvenir. Par exemple, ces lieux de combat de la Guerre 14-18 sont souvent mieux connus que les noms des champs de bataille de la guerre de Corée, de l’Afghanistan et des missions humanitaires, comme celui au Rwanda. Néanmoins, le 11 novembre honore tous nos soldats. Photo Dominique Liboiron Passchendaele Situé en Belgique, le village de Passchendaele est le lieu d’une offensive alliée lors de la Première guerre mondiale. Les hostilités à Passchendaele atteignent leur sommet à l’été et à l’automne de 1917. Les pluies battantes transforment le champ de guerre en marécage où bon nombre des soldats blessés se noient dans la boue. Passchendaele devient donc symbole des conditions atroces et de la futilité de la guerre des tranchées. De nos jours, la guerre des tranchées n’existe plus, mais les enfants soldats jouent un rôle dans le combat moderne. Photo: Dominique Liboiron Roméo Dallaire Ancien combattant du génocide rwandais, le lieutenant-général retraité et ancien sénateur libéral, Roméo Dallaire lance un nouveau livre intitulé Waiting for First Light: My Ongoing Battle with PTSD. Photo: Gracieuseté Dominique LiboironDominique Liboiron Autres messages par Dominique Liboiron Contacter l'auteur Comments are only visible to subscribers.