Évolution des coopératives de crédit de la Saskatchewan : faisons la part des choses
Les coopératives de crédit et les politiques qui régissent leur fonctionnement doivent s'adapter pour rester viables
Les coopératives de crédit, qui jouent depuis longtemps un rôle de premier plan dans le système financier de la Saskatchewan, font face à des défis uniques et nouveaux. Selon de nouvelles recherches du Conference Board, elles doivent continuer d'évoluer si elles veulent rester prospères et utiles en Saskatchewan. Ces recherches indiquent aussi que les décideurs doivent tenir compte des structures propres à ces coopératives dans les politiques réglementaires en matière de finance et de fiscalité.
Le rapport, préparé par l'Institut de la Saskatchewan pour le Conference Board et intitulé Positioning Saskatchewan's Credit Unions for Growth (résumé en français sous le titre Positionnement pour la croissance des coopératives de crédit de la Saskatchewan), traite des défis qui attendent les coopératives de crédit ainsi que des solutions possibles qui s'offrent à elles. Ces conclusions font l'objet d'une présentation au Forum sur la Saskatchewan qui s'est tenue le mercredi 28 mai à 10 h à l'hôtel Delta Regina.
Selon Michael Grant, directeur de la recherche, Stratégie industrielle et d'affaires, « si les coopératives de crédit travaillent avec les décideurs, elles pourront connaître un avenir florissant ».
FAITS SAILLANTS
- Le rôle des coopératives de crédit est plus important en Saskatchewan que partout ailleurs au Canada.
- Compte tenu de leur modèle de gestion, les coopératives ont plus de mal à être concurrentielles dans une économie en plein essor.
- Une modification des politiques aux paliers fédéral et provincial pourrait aider les coopératives à être plus concurrentielles dans un marché en expansion comme celui de la Saskatchewan.
Les coopératives de crédit sont des institutions financières de petite taille qui appartiennent à leurs membres et qui servent leurs clients en passant essentiellement par des succursales physiques. Elles jouent un rôle très particulier sur le marché financier de la Saskatchewan. Ainsi, les coopératives de crédit de la province possèdent 30 % des parts de marché des prêts commerciaux, contre 8 % à l'échelle nationale. Le fait qu'elles appartiennent à leurs membres leur permet aussi de bien connaître leur clientèle, ce qui réduit les risques.
Toutefois, leurs coûts de fonctionnement sont une source de préoccupation. En effet, elles ont plus de succursales physiques dans les collectivités rurales de la Saskatchewan que les grandes banques. Or, si ce mode de fourniture des services financiers de détail est hautement apprécié des membres, il est aussi plus coûteux.
D'autre part, la Saskatchewan est une économie en plein essor, avec plusieurs milliards de dollars d'investissements prévus. Les coopératives de crédit opérant dans un pareil contexte économique se retrouvent souvent dans une situation où les demandes de prêt augmentent plus vite que les dépôts des membres, lesquels sont leur principale source de capitaux. Par conséquent, les coopératives individuelles sont moins à même de participer et de contribuer à la croissance de la province.
Pour relever les défis qui se dressent devant elles, les coopératives de crédit tentent de s'agrandir, toutes seules ou en nouant des partenariats stratégiques pour réduire leurs coûts, et d'investir dans les technologies les plus récentes.
Les récents changements de politique au palier fédéral ont fait naître des inquiétudes quant à leurs effets sur les coopératives de crédit de la Saskatchewan. Ainsi, les nouvelles normes en matière de suffisance du capital qui affectent les coopératives de crédit visent en premier lieu les grandes banques qui, en raison de leur taille, peuvent plus facilement s'y conformer sans perdre en compétitivité. Les politiques comme les règlements de lutte contre le blanchiment de capitaux augmentent elles aussi les coûts qui pèsent sur les coopératives de crédit, moins bien armées pour faire face à ce surcroît de dépenses.
En sus des coûts découlant des exigences réglementaires de plus en plus nombreuses, le gouvernement fédéral a annoncé des changements de politique fiscale afin de traiter les coopératives de crédit de la même manière que les grandes institutions financières acceptant des dépôts. Les changements fédéraux de 2013 barrent aux coopératives de crédit l'accès au taux d'imposition inférieur accordé aux petites entreprises. Certes, les changements de politique visent à traiter les coopératives de crédit et les banques de la même manière, mais dans les faits ils entraîneront un traitement différent sur le plan fiscal, étant donné les grandes différences entre les modèles de gestion.
Les modifications fiscales devraient coûter aux coopératives de crédit de la Saskatchewan entre 3 et 4 M$ par an. La facture fiscale aurait même pu être plus lourde, mais le gouvernement de la Saskatchewan a décidé de ne pas emboîter le pas au fédéral en ce qui concerne les coopératives de crédit.
Les auteurs de ce rapport recommandent que les décideurs collaborent avec les coopératives de crédit afin de « rajuster » les règles sur la suffisance du capital, de tenir compte des coûts de la politique de règlementation pour les coopératives de crédit et de réévaluer le rôle des sociétés d'État fédérales qui sont en concurrence directe avec elles.
Ce document est le deuxième rapport dans lequel l'Institut de la Saskatchewan traite de divers aspects liés aux capacités et aux besoins financiers de la Saskatchewan depuis que celle-ci a rejoint le cercle des provinces nanties.
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