Le tétras à queue fine: Alors on danse?
Le tétras à queue fine est l’emblème de la Saskatchewan.
Confinement oblige, beaucoup d’êtres seuls contemplent chaque soir à travers leur fenêtre une ruelle déserte, des bars vides et se mettent à rêver d’une âme sœur perdue dans cet épais brouillard. D’autres, bien qu’amoureux mais confinés ensemble depuis trois semaines, prient pour un peu d’espace et pour pouvoir se retrouver enfin seuls sur cet appui de fenêtre.
Dehors, certains se posent beaucoup moins de questions, il n’y a plus de place à la réflexion. Le tétras à queue fine s’est entraîné toute l’année pour cet unique instant. L’heure est venue de guincher sur un parterre d’herbes sèches, de quoi montrer aux dames qu’il est bon à marier.
Un oiseau danseur
Sédentaires, ces oiseaux sont localement communs au centre et au sud de la Saskatchewan où les Prairies ne manquent pas de leur offrir nourriture, abri et terrain de jeu. Ils tirent leur nom de leur queue pointue particulièrement visible chez les mâles qui n’hésitent pas à la dresser vers le ciel.
Cet oiseau pratique des danses parmi les plus spectaculaires d’Amérique du Nord, tant et si bien que des hommes s’en sont directement inspirés. Par exemple, le peuple autochtone des Tuchtones du Nord continue à incorporer des éléments de ces spectacles dans leurs danses traditionnelles.
Les matins de printemps, les mâles qui ont un cœur à prendre (c’est-à-dire tout le monde pour l’instant), se réunissent sur un grand terrain vierge et forment un « lek » : une sorte de grande arène pour faire éclater leur talent au grand jour. On imagine très bien les femelles adossées à des arbustes, pariant sur quel Michael Jackson en plume partagera leurs couches.
Une parade virevoltante
La scène se passe de commentaires et bien dure est la tâche de l’expliquer sur papier. Les mâles se penchent vers le sol, déploient leurs ailes, dressent leur queue en l’air et vont se mettre à piétiner frénétiquement le sol en tournant. Comme s’il en fallait davantage pour émoustiller ces dames, des poches d’air violacées parcourent le cou des mâles et des peignes superciliaires d’un jaune éclatant apportent une note de plus à l’érotisme ambiant.
S’en suit alors une période de « freeze » où les mâles se font face alternant des phases de danse et d’immobilité dans un synchronisme parfait, de quoi faire pâlir n’importe quel nageur olympique. Seuls quelques mâles dominants sont acceptés par les femelles pour l’accouplement, bien souvent les plus âgés et ceux qui contrôlent le centre de la piste. Une fois l’acte consumé, les mâles retournent à leur occupation et n’auront aucun rôle ni dans la sélection des sites de nidification ni dans l’élevage des jeunes.
Alors seul ou en couple, inspirons-nous de cette espèce intimement liée à notre province. Depuis votre nid douillet, dansez vous aussi avec cet oiseau, emblème de la Saskatchewan depuis 1945. Viendra notre heure où nous pourrons célébrer tous ensemble sur la piste la fin de cette terrible pandémie. Alors pliez vos genoux, bras tendus et tournez !
Danse du tétras à queue fine
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Arthur Béague
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