Les aînés LGBT toujours stigmatisés
Au Canada, les différentes orientations sexuelles et identités de genre sont reconnues et protégées par la loi. Un héritage qui permet aux jeunes concernés plus de liberté que leurs prédécesseurs. Mais qu’en est-il, justement, des aînés LGBT ? Comment se porte cette génération présente en 1969, moment où l’homosexualité était tout juste décriminalisée ?
Pour ouvrir le dialogue sur cette question, la Fondation Émergence de lutte contre l’homophobie et la transphobie basée à Montréal a proposé une conférence en ligne le 15 juin dernier. L’occasion de présenter le programme Pour que vieillir soit gai qui a pour but de conscientiser la population aux enjeux sociaux vécus par les aînés LGBT.
« La santé mentale reste un enjeu majeur pour les personnes issues de la communauté LGBT, et particulièrement pour les aînés », indique d’emblée Julien Rougerie, porte-parole et chef du programme.
Julien Rougerie, porte-parole et chef du programme Pour que vieillir soit gai à la Fondation Émergence
Crédits : Captures d’écran avec l’autorisation de la Fondation Émergence
À l’occasion des 13 ans de la Fondation Émergence, une tournée virtuelle a été organisée à travers le Canada et s’est clôturée avec une édition spéciale Manitoba/Saskatchewan organisée en partenariat avec Vitalité 55+ Saskatchewan, l’Assemblée communautaire fransaskoise (ACF) et la Fédération des aînés de la francophonie manitobaine (FAFM).
« Il est important de garder à l’esprit que 10 % de la population aînée fait partie de la communauté LGBT, souligne Julien Rougerie. Il faut que les organismes provinciaux et locaux ouvrent le dialogue pour lutter contre l’isolement sociétal et très souvent familial de ces personnes. »
Connaître les réalités et enjeux
Durant la conférence, les participants ont pu notamment découvrir les quatre types de stigmatisation subie par les aînés LGBT, à savoir les stigmatisations sociale, religieuse, médicale et juridique. Le porte-parole de la fondation ajoute que la pluralité des stigmatisations peut passer par « l’âge, la langue, mais également la couleur de peau, le sexe ou encore les origines ».
Les composantes de l’identité selon la Fondation Émergence
Crédits : Captures d’écran avec l’autorisation de la Fondation Émergence
Ce dernier poursuit en indiquant qu’il faut faire attention aux expressions employées, toujours courantes et très discriminantes : « Il faut vraiment éviter les phrases du genre ‘Ce qui se passe dans les chambres, on ne s’en occupe pas’. Ça peut paraître égalitaire et neutre, mais en fait ça pousse toujours les personnes à se cacher et à se murer dans le silence. »
Des efforts à poursuivre
Abandon du statut de maladie en 1990, reconnaissance du mariage pour les personnes de même sexe en 2005 ou encore interdiction de discriminer les personnes trans en 2017. Avec ces avancées, d’aucuns pourraient penser que le combat est gagné.
Mais, à ce jour, 67 États membres de l’Organisation des Nations unies (ONU) criminalisent toujours les actes sexuels entre personnes adultes consentantes du même sexe, et six d’entre eux imposent la peine de mort.
« Il y a encore du chemin à faire mais, à notre échelle, il revient à chaque province canadienne de protéger ses droits et de proposer des ressources », conclut Julien Rougerie.
Quelques bonnes pratiques pour respecter son prochain
Démontrer son ouverture à la diversité sexuelle et de genre
Réagir aux propos homophobes ou transphobes
Éviter de supposer par défaut que tout le monde est hétérosexuel en utilisant un langage inclusif
Respecter l’identité de genre et les pronoms choisis par son interlocuteur
Respecter la confidentialité en ne révélant pas l’orientation sexuelle ou l’identité de genre d’une personne sans son consentement
Reconnaître la place de la « famille choisie » chez les personnes concernées
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Leslie Diaz
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