Essoufflement à la FPF : quel avenir pour les « dossiers femmes » dans la communauté?
Le nouveau conseil d’administration de la Fédération provinciale des Fransaskoises
De gauche à droite: Hind Rami conseillère pour 2 ans, Cécile Tkachuk à la vice-présidence, Stéphanie Gaudet à la présidence, Sylvie Gaudet comme Secrétaire-Trésorière et Maria Lepage conseillère pour 1 ans.
Photo: Francis Gourde (2015)
Que signifie être une femme dans le milieu associatif fransaskois et quel rôle pouvons nous jouer dans les différentes associations dans lesquelles nous travaillons? Comment mieux faire respecter nos besoins ou affirmer davantage notre présence? Une association représentant l'intérêt des femmes est-elle toujours pertinente dans le contexte actuel où les échanges, l'implication et le réseautage changent de forme? Beaucoup de questions et d'interrogations ont été soulevées et discutées lors de l'Assemblée générale annuelle de la Fédération provinciale des Fransaskoises (FPF)qui se tenait mercredi soir le 15 avril dernier à Regina.
Comme me l'a expliqué Agathe Gaulin, directrice générale de la FPF, l'organisme est historiquement le résultat de l'évolution de différents groupes de femmes qui étaient actifs, surtout en milieu rural. Il a vu le jour « pour permettre aux femmes de se regrouper, de faire du réseautage et de répondre à différents besoins, comme celui de sortir d'un certain isolement et de s'impliquer ». Mais les temps changent, le contexte n'est plus du tout le même, le financement n'est plus au rendez-vous. Il est donc normal que l'on assiste à une remise en question de l'existence même des groupes de femmes et qu'il y ait un certain essoufflement au sein de la FPF.
Selon Christine Regnier, directrice adjointe au secteur des services communautaires de l'Assemblée communautaire fransaksoise, les problèmes de financement que vit la Fédération ne sont pas seuls responsables de cet essoufflement. « On observe généralement un malaise vécu par toutes les associations de femmes au Canada actuellement ».
Mais pour la majorité des femmes présentes mercredi, la perspective de la remise en question de l'existence même de la FPF semble, avec raison, totalement incongrue. Car il reste encore un tas de dossiers sur lesquels les femmes (et les hommes) ont le devoir de se pencher, entre autres l'équité salariale et la réalité de la propriété de la terre en Saskatchewan, où l'on a tendance à laisser la ferme au fils plutôt qu'à la fille pour que ça reste « dans la famille ». Il a aussi été question d'immigration, des besoins des femmes immigrantes mais aussi de la crainte que l'immigration puisse amener indirectement la remise en question de certains acquis. Chose certaine, il y avait unanimité sur la nécessité de répondre aux besoins de femmes, quels qu'ils soient.
Maria Lepage, présidente de l’Association communautaire fransaskoise de Gravelbourg, observe des différences entre les générations mais constate que toutes les générations se ressemblent. « La société change beaucoup, mais les femmes d'aujourd'hui ne sont pas différentes de celles du passé, car entre les études, la carrières, les enfants, ce n'est pas facile de penser à soi et à ses besoins, et dans cette perspective, ça n'a pas changé. On devrait faire des choses pour nous-mêmes, d'abord ».
Nous avons pu constater que la relève ne manque pas. Plusieurs jeunes femmes étaient présentes à cette assemblée. Beaucoup d'entre elles ont soulevé des points intéressants et pertinents. Hind Rami, de l'Association des parents fransaskois, s'est proposée pour faire partie du nouveau conseil d'administration. Pour elle, il est nécessaire que les mères et les éducatrices y aient une voix. Elle désire de plus un CA inclusif, qui représente toutes les facettes.
Pour Stéphanie Gaudet, présidente de la FPF, ce n'est pas parce qu'il n'y a plus de subventions que les discussions et les débats vont s'arrêter, au contraire. Pour Agathe Gaulin, « même si la FPF n'est plus la principale référence, les femmes elles-mêmes le seront. Elles ont un rôle à jouer à l'intérieur des associations pour lesquelles elles travaillent et ont plus de pouvoir qu'elles le pensent ». Et elle ajoute : « Il faut juste s'assurer, ensemble, et c'est une responsabilité de le faire, que nos revendications restent à l'agenda ».
Madame Gaulin est optimiste quant à l'avenir. D'ailleurs, c'est la première chose qu'elle m'a fait remarquer, en me présentant les femmes assises autour de la table lors du souper qui précédait l'AGA. « Beaucoup de femmes sont déjà à la tête d'un organisme, la plupart de celles autour de la table sont directrice, présidente, coordonnatrice... Je ne m'inquiète pas ».
Mais ce n'est pas une mince affaire, certaines sont restées septiques. Le dossier femmes semble transféré à la communauté. Il faut donc s'assurer qu'il y ait un leadership fort et que quelqu'un attrape la balle. Et ce sera la responsabilité du nouveau CA de la FPF de s'en assurer, même si l’association n'a plus l'envergure du passé.
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