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Tabou no more

Les Canadiens se tournent vers Trudeau et les libéraux

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Justin Trudeau, élu premier ministre du Canada le 19 octobre 2015

Justin Trudeau, élu premier ministre du Canada le 19 octobre 2015

Les électeurs canadiens ont exprimé leur désir de voir un changement de garde s’exercer à Ottawa, élisant un gouvernement libéral majoritaire le lundi 19 octobre dernier.

Après tout près d’une décennie à la tête du pays, Stephen Harper a été chassé du pouvoir. Du même coup, le Nouveau Parti démocratique (NPD) a lui aussi encaissé d’importantes pertes alors que la fameuse vague orange de l’élection de mai 2011 ne s’est pas répétée. En recentrant les orientations de son parti, Thomas Mulcair s’est fait doubler à gauche par le Parti libéral dont les engagements se démarquaient de façon plus prononcée des politiques de droite du Parti conservateur.

Justin Trudeau deviendra, à 43 ans, le deuxième plus jeune premier ministre de l’histoire du Canada, après Joe Clark. Dans son discours de victoire, prononcé majoritairement en anglais, Justin Trudeau a lancé quelques flèches envers son prédécesseur. « Nous avons battu la peur avec de l’espoir », a-t-il lancé.

Il a commencé la partie française de son discours avec « À mes compatriotes québécois… » et salué l’appui du Québec à son parti passant sous silence l’appui des francophones d’ailleurs au pays comme dans les provinces maritimes où les libéraux ont fait table rase en remportant tous les sièges.

Quant au premier ministre sortant, il s’est adressé à ses militants de la région de Calgary en revenant encore une fois sur l’importance qu’il accorde aux réductions d’impôt. « Les Canadiens devraient plus garder l’argent qu’ils gagnent », a-t-il déclaré au début de sa présentation. Monsieur Harper a préféré ne pas soulever sa démission prochaine que plusieurs observateurs anticipent.

L’ancien ministre conservateur Jason Kenney, qui a conservé son siège, a déclaré « nous avons échoué sur le plan des communications ». En s’attaquant surtout au NPD qui dominait les sondages au début de la campagne, les conservateurs ont négligé les libéraux qui ont, lentement mais sûrement, grimpé dans les intentions de vote.

La francophonie n’y échappe pas

Le mécontentement exprimé envers le gouvernement sortant au profit du Parti libéral s’est également observé au sein de la francophonie canadienne. Les libéraux sont en effet parvenus à remettre la main sur quelques circonscriptions qui leur avaient échappé durant les années Harper.

De ce nombre, notons celle de Saint Boniface-Saint Vital. Traditionnellement libérale, cette circonscription manitobaine était celle de l’ancienne ministre du Patrimoine canadien et des Langues officielles Shelly Glover depuis 2008. Son successeur, François Catellier, n’a pas fait le poids devant le libéral Dan Vandal.

Toujours au chapitre des gains réalisés par les libéraux, impossible de passer sous silence l’élection avec une certaine aisance de Serge Cormier dans Acadie-Bathurst. Il s’agit de l’ancienne circonscription d’Yvon Godin, qui avait décidé de se retirer de la vie politique. Celui-ci, bien connu comme ardent défenseur de la francophonie canadienne au parlement, n’a pas caché son amertume. « Ça a l’air que promettre un déficit c’est permis pour les libéraux, mais le NPD se serait fait taper dessus s’il avait dit qu’il allait faire un déficit. »

Autre circonscription-phare au sein de la francophonie canadienne, celle d’Ottawa-Vanier est demeurée un château-fort libéral, le candidat Mauril Bélanger y étant réélu avec une confortable avance une fois de plus.

Ce dernier pourrait-il figurer parmi les candidats potentiels au poste de ministre des Langues officielles? Ou le chef Justin Trudeau confiera-t-il plutôt cette responsabilité à un député québécois comme Stéphane Dion ou Pablo Rodriguez? Les prochains mois nous le diront.

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