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Tabou no more

L'aide fédérale aux médias oublie la presse minoritaire

La consultation a bien meilleur goût…

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Les médias communautaires lancent un cri à l'aide à la ministre Mélanie Joly et  Carla Qualtrough.
Dans le dernier budget fédéral, on annonçait un programme de crédit d’impôt pour les médias écrits. À nulle part dans ce programme et ses critères, on ne tient compte de la réalité des communautés de langues officielles en situation minoritaire (CLOSM). Ce programme a été créé pour les journaux majoritaire et quand on questionne on se fait dire qu’on a un Plan d’action.

Pourtant, tous les programmes du gouvernement fédéral sont assujettis à la Loi sur les langues officielles (LLO). Ils doivent donc comporter une lentille des langues officielles et avoir des critères reflètent la réalité et les besoins des CLOSM. Si, par exemple, un programme exige que l’on donne une formation à 100 participants de la langue majoritaire, il faudra l’adapter à la réalité des CLOSM et assouplir les critères pour l’offrir à 25 participants francophones. Ça s’appelle l’égalité réelle.

Le Plan d’action quant à lui est un financement d’appoint afin de donner un coup de barre à des dossiers jugés prioritaires par les communautés et le gouvernement.

Lorsque le gouvernement lance un programme de crédit d’impôt sur la masse salariale pour les journaux, il doit adapter les critères pour les journaux de langue officielle en situation minoritaire. Dans le programme qu’on vient d’annoncer, pour être admissible, il faut compter au moins 2 journalistes qui travaillent un minimum de 26 heures par semaine. De même, les hebdos qui ont aux Fonds du Canada pour les périodiques, ne peuvent accéder à ce programme. Or la majorité de nos journaux francophones n’ont qu’un seul journaliste et sont des hebdos, donc ils sont automatiquement exclus.

Même quand il s’agit d’un programme créé pour nous, le gouvernement ne prend pas la peine de nous consulter pour l’adapter à notre réalité. C’est le cas des stages de journalistes annoncés en grande pompe dans le Plan d’action. La grande majorité de nos journaux ont accès à ces stages rémunérés. Or, si on nous avait consulté, on aurait compris que le bassin des stagiaires qui répondent à tous les critères est infime et on aurait assoupli les critères pour qu’on puisse recruter à l’extérieur du Canada. Certains médias cherchent toujours des stagiaires depuis l’automne dernier. On aurait aussi compris que des stages d’une durée d’un an ne sont pas l’idéal puisque nous devons assurer la formation d’un stagiaire et lorsqu’il est fin prêt et autonome, on doit le laisser partir.

Il y a maintenant 10 ans, le gouvernement a décidé de changer sa politique en matière de publicité fédérale en misant sur la publicité en ligne. La directive était que le gouvernement devait annoncer dans les deux langues officielles sur les sites qui recevaient plus de « clics ». Du coup, cela a exclu la majorité de nos journaux puisque nos sites n’ont pas suffisamment d’achalandage. Pour un petit journal comme l’Eau vive, les pertes de revenus sont d’environ 50 000 $ par année. Qui plus est, on prive les francophones de nos communautés des publicités fédérales qui devraient être accessibles à tous.  Par exemple, à ma connaissance aucune de nos publications n’a obtenu de publicité fédérale sur la légalisation du cannabis. Contrairement à ses obligations en vertu de la LLO, le gouvernement n’a pas consulté les CLOS pour mitiger l’impact de ce changement. En 2017, le Commissaire aux langues officielles donnait raison au CLOSM.  Depuis, rien n’a changé.

Pourtant, il suffirait d’une petite directive du ministre de Patrimoine Canadien pour que toutes les publicités fédérales soient systématiquement publiées dans nos journaux francophones. On parle d’environ 2,5 millions $ par année. Cette simple mesure permettrait aux CLOSM d’avoir accès aux informations annoncées par le gouvernement et nous assurerait un revenu équitable en publicité.

Les langues officielles, c’est l’affaire de tout l’appareil gouvernemental, pas seulement de quelques ministères pi d’un Plan. Le gouvernement a l’obligation de nous consulter. Donc avant de nous offrir n’importe quoi et se péter les bretelles, on devrait peut-être nous demander si ça répond à nos besoins et si ça va nous servir.

Marie France Kenny
Présidente
Coopérative des publucations fransaskoises (L'Eau vive)

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