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Concentration en accès à la justice

Tabou no more

Conférence de Harry Leslie Smith, le plus vieux rebelle canadien

« I am not an historian, but at 91 I am history, and I fear it's repetition.»

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Harry Leslie Smith (à gauche) et Mitch Diamentopoulos, professeur associé et directeur du Département de journalisme à l'Université de Regina

Harry Leslie Smith (à gauche) et Mitch Diamentopoulos, professeur associé et directeur du Département de journalisme à l'Université de Regina

Monsieur Smith a présenté une conférence à Regina, le jeudi 25 juin, dans le cadre de la tournée Stand Up For Progress Tour organisée par l'Institut Broadbent.

REGINA - L'écrivain polonais Witold Gombrowicz a écrit : Lorsqu'on a vingt ans, on est incendiaire. Après la quarantaine, on devient pompier.  C'est vrai pour beaucoup de monde. Mais ça ne s'applique pas, mais alors pas du tout, à Harry Leslie Smith.

Celui qu'on appelle Canada's Oldest Rebel était à Regina le jeudi 25 juin 2015 dans le cadre d'une tournée de conférences,  le Stand Up For Progress Tour, organisé par l'Institut Broadbent. Dans sa conférence, tout comme dans son dernier livre, Harry's Last Stand, il s'en prend à l'austérité, aux gouvernements qui la prônent et aux mesures qui en découlent.

Vétéran de la Deuxième guerre mondiale, il a d’emblée dénoncé les fermetures de six bureaux de services aux vétérans, dont celui de Saskatoon, par le gouvernement fédéral. Presque du jour au lendemain, des vétérans, de tous âges, certains souffrant de choc post traumatique ou d'autres séquelles, se sont retrouvés sans soutien, sans personne contact, sans suivi.

Monsieur Harris est troublé de voir la société régresser vers des conditions qu’il a connues dans les années 20 et 30.  Ayant connu l’extrême pauvreté en Angleterre, ayant vu sa sœur mourir de tuberculose faute de soins médicaux, obligé de travailler dès l'âge de 7 ans, il est un ardent défenseur de l’état providence.

Il regarde avec appréhension les pauvres qui s'appauvrissent, la classe moyenne en chute libre, les avancées de la privatisation des services de santé. Selon lui, Stephen Harper représente un risque pour la société canadienne. Que soit en termes de justice sociale, d'environnement, de transparence, de politique internationale, ce gouvernement est inquiétant. 

En faisant disparaître le questionnaire long du recensement, Statistiques Canada n’est plus en mesure d’offrir un portrait juste de la société et de ses besoins. Ce que l'on sait par contre, c'est que les plus riches, le fameux 1%, s'enrichissent toujours démesurément. 

Simon Ash-Moccassin

Simon Ash-Moccassin

Le militant autochtone était membre du panel de discussion lors de l'arrêt de la tournée Stand Up for Progress Tour a Regina le 25 juin 2015. Cette tournée était organisé par l'Institut Broadbent. Il a partagé son expérience d'avoir passé plus de 12 ans séparé de sa famille après avoir été enlevé en pleine rue à sa mère par les services sociaux dans les années 60. Il a également raconté une mésaventure reflétant le racisme au sein des forces policières de Regina envers les autochtones.
Photo: Jean-Pierre Picard (2015)

Il n'y a pas que les ressources qui soient concentrées en peu de mains. C'est aussi le cas des médias.

Monsieur Harris a souligné l’importance d’être bien informé dans une démocratie. Mais ce n'est pas si facile. Ainsi, aux États-Unis, 6 corporations « gargantuesques » disséminent 90 pour cent de l'information. Selon lui, une telle concentration de l'information n'a eu lieu que 2 fois dans l'Histoire. D'abord à l'époque médiévale, sous la férule de l'Église, puis pendant le régime stalinien, sous celle du Petit père des peuples.  

Il ne se surprend pas de voir le gouvernement Harper museler nos scientifiques et s’en prendre à la SRC/CBC afin de pouvoir mener son agenda au service des corporations. Pour expliquer le silence des journalistes de notre diffuseur d’état sur leur situation, il évoque le Syndrome de Stockholm. Pour monsieur Smith, il faut ne faut pas seulement restaurer le financement de la SRC/CBC, mais son indépendance également.

La présentation de Harry Leslie Smith a été suivi d'un panel, animé par Mitch Diamentopoulos, professeur associé et directeur du Département de journalisme à l'Université de Regina, qui réunissait les personnes suivantes :

  • Simon Ash-Moccassin, militant, un des milliers d'enfants autochtones enlevés à leur famille par les services sociaux de la Saskatchewan dans la rafle des années 60;
  • Emily Eaton, professeure associée du Département de géographie et d'études environnementales à l'Université de Regina;
  • Ryan Meili, médecin de famille à Saskatoon, fondateur de Upstream(1), associé de recherche Broadbent (Broadbent Policy Fellow);
  • Paige Kezima, militante, fémisniste, organisatrice communautaire pour la Fédération du travail de la Saskatchewan. 

La soirée a été une occasion de débattre des grands enjeux à l'approche des élections. 

On aura compris que pour ces militants et pour le vieux rebelle, les prochaines élections devraient sonner le glas du gouvernement conservateur. Mais M. Smith a rappellé à tous que le rôle de la population ne s'arrête pas à aller voter. Peu importe qui gouverne, il faut demeurer vigilant. « Nos élus doivent savoir que nous les observons ». 

Pour un regard lucide sur presque un siècle d'histoire : Harry's Last Stand, Harry Leslie Smith, Icon Books Ltd, 2014


 
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