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Chronique environnement

« Bonne chance », Scott Moe!

« Bonne chance », Scott Moe!
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Le ton continue de monter entre la Saskatchewan et Ottawa. Alors que le premier ministre provincial Scott Moe s'entête à ne pas payer la taxe carbone, Justin Trudeau le met en garde contre d’éventuelles mesures disciplinaires de la part de l'Agence du revenu du Canada (ARC). Le bras de fer continue et le dialogue interprovincial sur les questions environnementales semble, lui, partir de plus en plus en fumée.

« Avoir une dispute avec l'ARC parce qu'on ne veut pas payer ses impôts n'est pas une position dans laquelle j'aimerais me trouver », a lancé en conférence de presse le premier ministre fédéral lors d'un déplacement en Ontario, voilà plusieurs semaines.

De façon ironique, Justin Trudeau a même souhaité « bonne chance » à Scott Moe quant à cette démarche.

Au passage, le premier ministre a tenu à préciser l'imperméabilité entre les deux entités que sont l'ARC et le gouvernement fédéral.

« L'ARC est une organisation indépendante qui sait très bien récupérer l'argent qui lui est dû auprès des Canadiens, des entreprises et maintenant des provinces, s'il le faut. [...] Nous n'avons rien à faire en tant que gouvernement fédéral », a-t-il asséné.

En somme, la loi c'est la loi, et c'est la même pour tous !

Mais brandir la menace d’un retour de flamme de l’ARC sera-t-il suffisant pour renverser la défiance quasi chronique dont font preuve certaines provinces de l'Ouest au sujet de la taxe carbone, et ce, depuis plusieurs années ? Même si la Cour suprême a tranché en faveur d'Ottawa en 2021, rien n'est moins sûr. 

Les discours populistes auxquels ont recours certains gouvernements conservateurs comme celui de Scott Moe, de Danielle Smith, son homologue albertaine, ou encore de Pierre Poilièvre, chef du Parti conservateur avec le fameux slogan "Axe the tax" (trancher à coup de hache la taxe carbone) en disent long.

Les conservateurs veulent faire la peau à la taxe carbone et, du même coup, convaincre les gens qu'ils paieront moins d'impôts si cette dernière est abolie.

De nombreuses familles saskatchewanaises comptent sur cette redevance. À ce sujet, Justin Trudeau s'est voulu rassurant, précisant que les foyers ne seraient pas pénalisés, même si on ne sait pas encore comment il compte opérer.

En parallèle, Scott Moe annonce depuis plusieurs mois que SaskEnergy et SaskPower cesseraient de percevoir la taxe carbone sur le gaz naturel et l'électricité. Bref, les discours s'entrechoquent et la population se retrouve coincée entre l'arbre et l'écorce.

Si la taxe carbone reste le cheval de bataille des conservateurs, elle est aussi un prétexte pour remettre sur la table des envies d'indépendantisme de la part de certaines provinces de l'Ouest.   

En attendant, il ne fait pas l'ombre d'un doute pour Justin Trudeau que ces luttes entre le fédéral et la Saskatchewan sont clairement idéologiques et incarnent un frein majeur à la lutte contre le changement climatique. Il accuse d'ailleurs les conservateurs fédéraux de bloquer un projet de loi visant à augmenter le complément rural de la réduction des émissions de carbone.

En attendant, les feux ont déjà commencé en ce mois de mai. En Alberta, la municipalité de Fort McMurray est maintenue en alerte et reste aux aguets, prête à évacuer. La Colombie-Britannique ne fait pas exception.

La forêt brûle et le dialogue climatique entre les provinces, pourtant indispensable, est plus que jamais à vif.

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