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En quelques mots

Parlez-vous cinq langues?

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Au Canada, pays officiellement bilingue, l’apprentissage d’une langue seconde n’est pas une chose facile. Conserver sa langue première et la culture qui l’enrobe, particulièrement dans le cas du français, relève encore de l’exploit dans beaucoup trop de coins du pays.

Récemment, il y a eu un reportage sur les ondes de la Première chaîne de Radio-Canada portant sur l’apprentissage de non pas deux, mais de cinq langues, vous avez bien lu, cinq langues alors qu’ici, il y a de la résistance pour l’apprentissage de seulement deux langues. 

Avez-vous jamais entendu parlé d’un coin du monde qui s’appelle le Val d’Aran? Il faut vous tourner vers la carte de l’Espagne pour trouver cette vallée située dans les Pyrénées. Si vous allez sur Internet, vous allez découvrir qu’il s’agit d’un regroupement  de municipalités pouvant avoir un rôle administratif (appelé comarque) de la communauté autonome de Catalogne (où se trouve Barcelone). Un fleuve de France y prend sa source: la Garonne. Le Val d’Aran est à la frontière de la France et de l’Espagne mais aussi des régions de la Gascogne, du Languedoc, de la Catalogne et de l’Aragon. L’économie repose surtout sur les stations de ski en hiver et le tourisme en été (pour ceux qui aiment skier, on y retrouve la station de Baqueira-Beret, une des belles pistes de ski des Pyrénées).

Jusque là, on s’entend pour une découverte géographique intéressante. Mais c’est au niveau linguistique que le Val d’Aran est étonnant. Dès les premières années scolaires, on y apprend l’aranais, puis graduellement s’ajoutent le catalan (langue de la Catalogne), le castillan (langue de l’Espagne), puis le français et finalement l’anglais qui devront être maîtrisés par la fin des études secondaires. 

Qu’est-ce que l’aranais? Il s’agit d’une variété de la langue occitane (de la langue d’oc - du sud de la France alors que la langue d’oïl correspond plus à la partie nord de la France). Le Val d’Aran est le seul territoire où l’occitan (aranais) est la langue officielle. 

Si on se fie au reportage de Radio-Canada, des politiques patrimoniales, culturelles et linguistiques ont été établies dans le Val d’Aran pour encourager non seulement l’apprentissage mais aussi la pratique de l’aranais.  Par contre, il ne faut pas nier la réalité de la pression exercée par le castillan (l’espagnol) de plus en plus utilisé au détriment de l’aranais. 

Personne ne semble mort ou être devenu verdâtre avec des pois blancs pour avoir appris plus d’une langue dans la région du Val d’Aran. À l’école ou à la maison, l’utilisation des diverses langues semblent très bien se passer. Comme la région compte beaucoup sur le tourisme pour vivre, et que les touristes parlent le catalan, le castillan, le français ou l’anglais, connaître ces langues devient un atout pour l’emploi. Ainsi, si vous voulez travaillez dans les institutions publiques de la région, vous devez maîtriser l’aranais.

Dans l’Union européenne, le multilinguisme est un facteur déterminant de la compétitivité européenne et l’un des objectifs de la politique linguistique est que tous les citoyens européens maîtrisent deux autres langues en plus de leur langue maternelle. 

On est loin de la manifestation anti-bilinguisme de Fredericton vendredi dernier (8 mai) par le groupe Equal Rights for New Brunswick selon lequel le bilinguisme officiel aux paliers provincial et fédéral nuirait aux possibilités d’emploi des anglophones. À cela rajoutons la tiédeur de nos gouvernements provinciaux en matière d’éducation pour la minorité de langue officielle et pour l’immersion en général.

Le Canada a encore beaucoup de chemin à faire pour l’apprentissage de plus d'une langue et l’encadrement de celui-ci par des politiques patrimoniales, culturelles et linguistiques qui protègent, dans notre cas, la langue et la culture françaises.

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