Ce qui enrage Greta Thunberg et qui nous interpelle tant par sa justesse, c’est qu’elle exige de nos gouvernements d’écouter les vérités scientifiques concernant le réchauffement climatique et d’agir en conséquence.
De façon similaire, c’est bien connu et répété sur de nombreuses tribunes que notre système économique, fondé sur l’idéologie capitaliste, n’est pas viable tel qu’il est conçu maintenant. D’ailleurs, ces deux vérités sont intrinsèquement liées. Leur relation de cause à effet est évidente et a été soulevée entre autres par l’essayiste canadienne de renommée internationale Naomi Klein dans son dernier ouvrage Tout peut changer.
Qu’est-ce que le capitalisme ?
Le capitalisme se fonde, comme l’ont décrit de nombreux penseurs au cours des derniers siècles, sur trois grands principes moteurs : la croissance perpétuelle et, idéalement, exponentielle de la production et des profits ; la propriété privée illimitée et transmissible dans le temps ; la liberté des corporations et du marché d’agir selon leurs propres intérêts, avec le moins de régulations gouvernementales possible.
C’est au paroxysme de ce système économique que semble être parvenue notre civilisation. Les inégalités sociales, les saccages environnementaux et les fissures de la démocratie poussent les populations à la révolte et le populisme gagne du terrain. Les nombreuses révoltes populaires qui éclatent à travers le monde découlent en bonne partie de ce système qui favorise la croissance, l’appropriation des ressources et ladite « liberté » qui est en fait synonyme d’un dangereux laisser-faire des intérêts capitalistes (privés) plutôt que d’agir pour le bien commun.
Dans une société capitaliste, les immenses inégalités économiques se répercutent en inégalités politiques, ce qui rend la mise en place de régulations pour limiter l’exploitation abusive des ressources naturelles très difficile. Les gouvernements ont, en plus, de moins en moins de « liberté » d’action dû à leur endettement généralisé.
Un possible changement
Mais ce système est une idéologie et non une règle « naturelle ». Nous avons donc, théoriquement, le pouvoir de changer ce modèle économique qui nous mène tous à notre perte. Le système économique doit se refonder sur de nouveaux principes pour que nous puissions collectivement traverser l’apocalypse qui s’abat déjà sur les plus vulnérables. Selon des penseurs tels que Thomas Piketty et Joseph Stiglitz (prix Nobel d’économie), l’inégalité financière abyssale qui sépare les grandes fortunes de la population mène notre société vers son éclatement.
De nouveaux principes de gouvernance économique mondiale devraient être appliqués avec rigueur :
- la recherche de l’équilibre dans l’utilisation des ressources de la Terre pour en assurer la protection, la régénération et le développement durable, ce qui nécessiterait une baisse de la croissance et de la consommation pour un certain temps ;
- un système mondial de redistribution des capitaux (via une taxation internationale des multinationales et de la spéculation financière) institué à l’échelle planétaire pour réguler le mouvement des capitaux afin de limiter l’accumulation excessive et surtout réduire les inégalités économiques excessives ;
- une accessibilité généralisée aux conditions vitales de développement humain (santé, éducation, services publics, etc.) par le renforcement de l’autorité des États grâce une gestion mondiale de la taxation financière.
Certes, cette révolution des plus nécessaire ne sera pas faite par des nations séparément. Les États nationaux doivent parvenir à se solidariser pour modifier les règles du jeu économique à l’échelle mondiale. Il s’agit de parvenir à un nouvel équilibre planétaire qui favorisera la régénérescence des ressources naturelles et leur développement durable, ainsi qu’une redistribution équitable des richesses mondiales.
La Terre est en partage pour les générations actuelles et à venir. Nous devons en assurer une gestion à long terme pour les intérêts communs et non pour les seuls bénéfices de quelques personnes. Ce changement de paradigme est à la base de notre survie de notre civilisation et, même de l’espèce humaine.