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L'Écho du bel âge

On retourne à sa langue maternelle en vieillissant

Le défi de vieillir en français

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Annette Labelle

Annette Labelle

Présidente de la Fédération des aînés fransaskois
Photo: Alexandra Drame (2015)
Fraude, abus à l’endroit des aînés, lacunes au niveau des soins de santé. Vieillir en français est tout un défi pour les aînés francophones en situation minoritaire au Canada. Quand on sait que l’on retourne à sa langue maternelle en vieillissant, la qualité des soins de santé en français prend tout son sens.

En Saskatchewan, quand on a le « minimum du minimum » de services en français, il faut espérer mieux. C’est la mission de la Fédération des aînés fransaskois (FAF) qui tente de convaincre le gouvernement de créer des centres de santé dans les villages et d’offrir de la formation, à distance s’il le faut, pour parler du mélange nocif de médicaments. 

Le Réseau santé en français de la Saskatchewan (RSFS) est très actif, certes, mais il y a encore beaucoup de services à créer. « Et il faut convaincre », rappelle la présidente de la FAF, Annette Labelle. On sait que l’on part de loin lorsqu’on appelle une ligne de services de soins de santé gouvernementale en français en Saskatchewan et que c’est au Manitoba qu’on vous répond. Souvent, les aînés francophones sont laissés à eux-mêmes... »

À Ponteix, petit village de 563 âmes, dans le sud-ouest de la Saskatchewan, les francophones sont bien placés pour le savoir. « Il n’y a pas de médecin francophone à Ponteix », rappelle Mme Labelle, « et on peine à avoir une conversation médicale en français avec une infirmière. »

Entraide 

Il y a depuis quelque temps une pharmacie dans le village, mais on n’y offre aucun service en français. Les membres de la FAF ont créé un réseau d'entraide téléphonique pour expliquer les directives du pharmacien en français. Un entrepreneur a créé un genre de taxi-brousse francophone pour permettre aux aînés de se rendre à leurs rendez-vous chez le médecin ou le dentiste.  Ce service peine à se rentabiliser.

Côté positif, Mme Labelle parle des cuisines collectives et des jardins collectifs en français qui sont offerts au centre culturel Royer du village. Il y a même un « club de la mort » où les aînés peuvent s’épauler dans les tracasseries administratives ou partager leurs états d’âme face à la mort.

Des acquis fragiles 

Centre de santé communautaire Saint-Thomas à Edmonton, Alberta

Centre de santé communautaire Saint-Thomas à Edmonton, Alberta

À Edmonton, la communauté francophone a contribué 2 millions $ dans le Centre de santé Saint-Thomas. Mais après la prise en charge, par la province, du seul centre offrant des soins de santé bilingues, les francophones se sentent trahis. La province ne retient pas la langue comme critère de sélection et les francophones n’ont pas un accès prioritaire lorsque des places se libèrent.

On trouve plus de services au Nouveau-Brunswick, où les francophones représentent environ le tiers de la population. Mais rien ne garantit une place dans un foyer de soins en français ou la visite d’une infirmière francophone à domicile. Puisqu’ils relèvent du secteur privé, ces services ne sont pas assujettis à la Loi 88 reconnaissant l’égalité des deux communautés linguistiques.

Des soins et des services de fin de vie de qualité peuvent couter cher. « Les gens sont de plus en plus endettés et plusieurs n’ont aucun plan de retraite », précise le directeur général de la Fédération des aînées et des aînés francophones du Canada, Jean-Luc Racine. Selon lui, il aurait fallu augmenter le Supplément de revenu garanti de 100 $ par mois au lieu de 50 $. « C’est tout de même un pas dans la bonne direction, » croit-il.

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