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L'Écho du bel âge

Le mouvement Black Lives Matter s’invite en Saskatchewan

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REGINA - Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées devant le Palais législatif de Regina le dimanche 7 juin pour protester contre les violences policières aux États-Unis et apporter leur soutien au mouvement Black Lives Matter. Armée de masques et de pancartes, la foule a clamé haut et fort le rejet d’un racisme qu’une vingtaine d’intervenants ont dénoncé tour à tour pendant près de quatre heures. L’exaspération, la colère et la détermination étaient palpables dans les rangs.

Il s’agit du troisième rassemblement de cette nature à Regina depuis le décès de George Floyd, cet Afro-Américain dont la mort a été attribuée à la brutalité policière dont il a été victime à Minneapolis le 25 mai dernier. Cet événement tragique a éveillé les consciences et suscite depuis une vague d’indignation à travers le monde.

En Saskatchewan, le mouvement Black Lives Matter s’est manifesté pour dénoncer le racisme envers les populations oppressées au sens large, incluant notamment les Autochtones. Urewuchi Njoku, une intervenante, lancera notamment : « Yes, all lives matter [Oui, toutes les vies comptent]. »

À ses côtés se tenait la directrice du Conseil multiculturel de la Saskatchewan (MCoS) Rhonda Rosenberg. « Le racisme est l'une des choses dont nous devons parler tout le temps, toute l'année » [Traduit de l’anglais], a-t-elle commencé avant de rappeler la définition du racisme systémique qui se retrouve selon elle à tous les niveaux dans « nos systèmes scolaires, de santé et de services sociaux ».

Un ras-le-bol

Pour beaucoup, l’affaire George Floyd est la goutte d’eau qui fait déborder le vase, la mort de trop. Maureen Kassy, jeune enseignante de 27 ans venue de Côte d’Ivoire il y a onze ans, regrette qu’il ait fallu que « George Floyd arrive pour changer tout, pour que les gens se réveillent ». Car, dit-elle, « cela fait des décennies qu’il y a des violences policières ».

Maureen préfère le terme de « discrimination » à celui de « racisme » quand elle parle de son expérience. La discrimination semble tellement ancrée dans la société qu’elle ne se rend même plus compte lorsqu’elle en est victime : « Tu ne sais pas que tu es discriminée jusqu’à ce que tu en parles avec quelqu’un d’autre qui te dit ‘Mais regarde comme ce n’est pas correct’. »

Ce ras-le-bol est tout aussi présent dans l’esprit de Rosalie Umuhoza, nouvelle directrice de la Communauté des Africains francophones de la Saskatchewan (CAFS). Cette maman ne supporte pas que les générations continuent d’être affectées les unes après les autres : « J’ai une fille qui a été victime de racisme à l’école, alors c’est des choses qu’on vit tous les jours. »

Un projet de société

Le racisme est un combat qui doit être porté par toute la société. La directrice du MCoS conclura d’ailleurs son discours sur ce propos fédérateur : « Ce que je vois ici aujourd'hui, et ce que nous devons continuer à faire dans nos maisons, sur nos lieux de travail, dans nos écoles, c'est parler, se réunir, se soutenir mutuellement et comprendre que nos luttes contre toutes sortes d'oppressions [...] seront plus efficaces ensemble. Alors, restons forts. » [Traduit de l’anglais]

Dans la même veine, Rosalie a un double message à porter. Aux personnes de couleur noire, elle leur demande « de parler, d’agir, de poser des questions pour contrer le racisme car il est bien réel ». À travers sa formule « Le silence devant le racisme, c’est une contribution au racisme », elle vise implicitement ceux qui n’osent pas dénoncer des situations de discrimination par crainte des répercussions.

Auprès du reste de la société, elle en appelle à l’empathie et à l’action concrète : « Il nous faut des gens qui parlent haut et fort pour la cause des Noirs ou des Autochtones, et il nous faut des actions concrètes auprès des membres du parlement pour changer les lois. »

Un mouvement multiethnique

En Saskatchewan, le mouvement ne connaît aucune frontière et rassemble au-delà de la couleur de peau. La foule était une représentation de la diversité culturelle dans toute sa splendeur. Si les minorités de couleur sont évidemment les premières à se battre pour l’égalité de leurs droits, elles ont l’appui d’une majorité tout aussi révoltée par le racisme. C’est la beauté de cet élan de solidarité multiethnique qui émouvra Rosalie aux larmes : « Votre présence compte beaucoup pour nous, et je vous en remercie de tout cœur. »

Si ce rassemblement était le dernier annoncé officiellement à Regina à date de publication de ce journal, le mouvement va cependant se poursuivre à travers la province. Outre les bénévoles postés à des endroits stratégiques pour distribuer du gel hydroalcoolique, les organisateurs ont rappelé la nécessité de porter un masque et de pratiquer autant que possible la distanciation physique.

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