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Le 7e art - chronique cinéma

Retraite d'artistes visuels et d'écrivains à Muenster

Si l’art visuel s’écrit, est-ce que l’art littéraire se dessine?

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L'artiste visuelle Anne Brochu transformant les pages d'un vieux livre d'histoire

L'artiste visuelle Anne Brochu transformant les pages d'un vieux livre d'histoire

Photo: Estelle Bonetto (2015)

MUENSTER - Du 19 au 23 août, quatorze écrivains et artistes visuels se sont réunis au Collège St. Peter’s à Muenster pour une retraite intitulée « L’Art visuel s’écrit ». Une initiative du Conseil culturel fransaskois (CCF) et de l’Association des groupes en arts visuels francophones (AGAVF). Récit.

La pluie, des nuages de maringouins et une faible réception cellulaire à l’intérieur des murs du vieux collège ont motivé les participants à se concentrer sur leurs arts plutôt que d’aller cueillir des chokecherries. 

Pendant trois jours et demi, des artistes venus de Regina, Saskatoon et Moose Jaw ont travaillé sous la direction des formateurs, Herménégilde Chiasson et Serge Murphy. Objectif :  explorer les arts visuels et littéraires en adoptant la technique de la fragmentation.

Les œuvres produites sont comme une chanson populaire, et même la cloche, invitant les intervenants à venir déguster la choucroute préparée à même le butin de la ferme de l’abbaye, tire difficilement l’artiste de sa création. 

Le céramiste Claude Morin, entouré de ses vases remplis de quelques fleurs, poursuit sa démarche exploratoire d’un art japonais. Il nous propose cinq fragments, de simples tableaux sur lesquels il a vitement peint un grand cercle noir. Chaque cercle est semblable, mais différent et l’observateur peut y trouver une histoire dans chacun. Selon son imagination, on peut y voir une montagne, le tourbillon de la vie ou le point rouge qui cherche une porte d’entrée dans le cercle.

L’auteure et artiste visuelle, Karen Olsen, mélange parole et image pour explorer la fragmentation de la ligne… la première et la dernière, le point, l’hypoténuse. “Quand on prend le virage en ligne droite, c’est que ça tourne pas rond dans le carré de l’hypoténuse”, disait ainsi l’humoriste français Pierre Dac. De multiples lignes rattachées ou détachées viennent former une empreinte digitale, répondant ainsi à la question : oui l’art littéraire se dessine. 

Anne Brochu est venue à la retraite pour explorer son art et elle raffole de la chance de travailler avec la balise imposée par les formateurs, soit de travailler en fragments. Le premier jour, elle s’est donnée comme défi de créer une série de petites œuvres (des fragments), comme des snapshots ou des cartes postales. Puis, le lendemain, elle va plus loin, tirant des pages d’un vieux livre de l’histoire de l’art pour y ajouter de petites peintures en encre rouge sur chaque page, les images décrivant le mouvement d’une femme à la nage.

Plusieurs des écrivains sont devenus artistes visuels pour la fin de semaine, tandis que d’autres qui ne manient pas bien pinceaux et encres tentent de dessiner des moulins à vent de Hollande en utilisant uniquement les contraintes de la parole, les divers termes pour le vent ou le pittoresque langage du Far West. 

Les soirées sont bien remplies alors que tous les artistes se réunissent autour d’un verre de vin pour discuter des projets réalisés pendant la journée. Avec le passage du temps, les murs de la salle commune regorgent des essais des artistes visuels ; même certains écrivains ont étalé leurs mots sur les rayons de la bibliothèque dans le coin. Ces œuvres sont discutées et commentées mais toujours dans un esprit de créativité. En écoutant un texte de cet auteur, les participants apprennent les détails d’une aventure vécue plus tôt dans la journée.

J’avais décidé d’écrire une série de fragments de ma vie, en m’imposant quelques contraintes; chaque texte devait inclure le vent et aucun texte ne pouvait dépasser 50 mots. En voici un :«  Le grand calme : Nous serons de retour dans une demi-heure! Puis vrac! Nous voilà arrêtés sur le bord de la route avec une fichue de crevaison. Et il fallait s’arrêter juste à côté d’une flaque d’eau, source de vie pour les maringouins. Debout à attendre le remorqueur. Pourquoi n’y a-t-il pas un grand vent aujourd’hui.

Dans une autre session, trois auteurs déclament de la cow-boy poetry. 

Tous les participants souhaitent remercier les deux formateurs, ainsi que le CCF et l’AGAVF qui ont organisé la retraite. Le but de tous : créer une poésie sonore et visuelle qui perdurera jusqu’à la fin des temps.


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