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Le 7e art - chronique cinéma

FM Youth de Stéphane Oystryk

La liberté de se révéler tels que nous sommes

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Stéphane Oystryk, Réalisateur du film franco-manitobain FM Youth

Stéphane Oystryk, Réalisateur du film franco-manitobain FM Youth

Photo: CINERGIE (2015)
SASKATOON - Jeudi dernier, le réalisateur franco-manitobain Stéphane Oystryk présentait son premier long métrage intitulé FM Youth au Festival de film Cinergie de Saskatoon. D'une durée de 75 minutes, le film suit l’histoire de trois jeunes Franco-Manitobains qui profitent d’une dernière flânerie à vélo à travers le quartier de Saint-Boniface un soir d’été, avant le départ des deux filles pour Montréal le lendemain matin. C’est en toute intimité, en route pour une dernière fête, que défile le discours parsemé d’anglais de ces jeunes aux propos à la fois lucides et dérisoires.

Charlotte, Natasha et Alexis nous révèlent leurs rêves montréalais et le désillusionnement qu’ils se font par rapport à celui proposé par la franco-manitobanie de Saint-Boniface. Le tout se fait à la bonne franquette, mais on sent qu'ils sont hantés par le doute. En visionnant le film, on finit par se demander si les trois ne se font pas un peu leurrer, malgré eux, d’un côté et de l’autre. 

Ce film fait preuve d’une spécificité régionale bien distincte, avec des scènes qui illustrent merveilleusement la région et ses points de référence. Stéphane Oystryk suit une tradition bien winnipegoise établie entre autres par le cinéaste Guy Maddin et l’Atelier national du Manitoba (Rankin, Maryniuk, Forsberg), un projet cinématographique basé à Winnipeg. Ces derniers proposent une relecture de Winnipeg, comme s'il s'agissait d’un personnage.

Le film réussit à porter malgré tout une thématique jeunesse universelle, celle du déchirement qui se produit entre les promesses de la jeunesse et le désespoir qui accompagne inévitablement le lourd fardeau que représentent les responsabilités de la vie d’adulte. 

C’est une véritable expérience de jeune de Saint-Boniface que cherche à illustrer Stéphane Oystryk à travers un réalisme qui frise parfois l’apparence du documentaire. Il nous explique que pour lui «l’art, c’est l’art de communiquer, mais surtout communiquer le plus véritablement possible. (…) C’est trouver ces moments vrais là qui viennent frapper. (…) Même quand ça vient d’une place négative, éventuellement ça commence à ouvrir tes yeux à une perspective nouvelle. C’est ça l’importance de l’art. ». C’est de façon crue et sans réserve que Stéphane propose une interprétation contemporaine de la vie de jeunes francophones en contexte minoritaire qui représente, avec tous ses défauts, non pas un idéal, mais bien une réalité partagée.

Le réalisateur tenait à mettre à l’avant plan des sujets qu’on souhaite souvent garder dans l’ombre. « Puisqu’on vit dans des francophonies minoritaires, on vit avec un complexe d’infériorité. On essaye de protéger notre image. On a presque institutionnalisé notre culture au point où ce qu’on nous donne à l’école fini par ressembler à de la propagande au lieu d’une vraie culture. Une culture vivante doit avoir la chance de s’épanouir de façon organique, pis pas avoir peur de se critiquer. » C’est ce qu'il nous propose avec ce film, la liberté de se révéler tel que nous sommes, même si cela nous rend vulnérables.

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