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Le 7e art - chronique cinéma

Comment ils voulaient tuer « l’Indien » en eux…

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Avertissement : ce film peut heurter la sensibilité du spectateur

Nous n’étions que des enfants est un documentaire-fiction réalisé en 2012 par Tim Wolochatiuk. Le film dépeint l’effet des écoles résidentielles au Canada en pointant du doigt le processus d’assimilation et la répression visant à éradiquer la culture autochtone. C’est au travers de récits d’une enfance volée que nous découvrons les témoignages poignants et douloureux de Glen Anaquod et Lyna Hart. 

Bien que le film soit destiné au petit écran, il a remporté deux prix Écrans canadiens ainsi qu’un prix Rockie au Festival international des médias de Banff en 2014. Le long métrage a d’ailleurs été sélectionné pour une diffusion au sein de la commission sur la Vérité et Réconciliation.

Nous n’étions que des enfants donne la parole aux victimes d’une tragédie nationale, dont la résilience a été la clé de la survie.

Des champs, des oiseaux et des chevaux. Le paysage incroyable que nous livre le début du film apparaît comme un mirage. On y découvre progressivement une enfant autochtone dont les cheveux sont brossés une dernière fois par sa mère et qu’on lui coupera plus tard lors de son arrivée au pensionnat. L’image et le son sont au ralenti, un peu comme si le réalisateur souhaitait faire durer cet après-midi ensoleillé des Prairies.

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Le film Nous n’étions que des enfants a été réalisé par Tim Wolochatiuk. Crédit : Affiche issue du site de l’ONF

Puis, surgit une ombre menaçante, celle d’une voiture dont le moteur gronde. En descend un homme de foi, vêtu de noir mais dont le carré blanc rappelle la lumière qu’il est censé apporter avec lui. Il est là pour l’enfant.

L’ouverture du film est importante. Elle est la représentation même d’un bouleversement culturel et d’une rafle infantile commise sur le sol canadien par une religion dite de paix, et ce, pendant un peu plus d’un siècle.

Âmes sensibles s’abstenir, car le film aborde bien évidemment les abus, physiques, mentaux et sexuels infligés aux jeunes dans ces établissements. Pas d’images directes, mais très suggestives. Lyna et Glen ont tous les deux été témoins et victimes d’abus.

La composition de cadre du film est d’une froideur et d’une pesanteur que le spectateur lui-même peut ressentir. Les lignes droites des vieux planchers, les lits d’enfants alignés, des barreaux aux fenêtres et les couloirs froids de ces bâtisses de briques nous feraient presque penser à des camps de concentration.

Parfois témoins d’une dualité au sein même du personnel de ces établissements, nos protagonistes croisent les chemins de religieuses qui se retrouvent impuissantes face à l’autorité des prêtres.

Le film est l’histoire de promesses brisées, d’abus et de mensonges, mais aussi l’histoire de parents dupés par l’Église et ses principes moralisateurs. Il est également un fabuleux hommage à la résilience et au pardon de la part de ceux qui aujourd'hui réclament la vérité, la réconciliation et qui souhaitent qu’aucun autre génocide d’une telle ampleur ne se reproduise.

Le long métrage Nous n’étions que des enfants est disponible sur la plateforme de l’Office national du film (ONF).

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