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Un comité pour se faire entendre

Un comité pour se faire entendre
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Mehdi Jaouhari – IJL-Réseau.Presse

Les Fransaskois ont été invités en avril à soumettre leurs candidatures pour siéger au Comité consultatif en matière d’affaires francophones du gouvernement de la Saskatchewan. Véritable porte-voix auprès des décideurs publics, l’organe travaille dans l’ombre pour améliorer les services en français dans la province.

L’Assemblée communautaire fransaskoise (ACF) a publié début avril un avis de recherche de candidatures pour combler les deux sièges vacants du comité provincial pour un mandat de trois ans.

Créé en 2009, cet organe consultatif a pour mandat de conseiller le secrétaire législatif responsable des Affaires francophones en procédant à l’examen et à l’analyse des programmes et des politiques de services en français de la Saskatchewan.

Un outil d’influence

« Ce comité est un outil important pour faire connaître et transmettre les besoins de la communauté fransaskoise au gouvernement provincial », indique d’emblée Marc Masson, analyste politique à l’ACF.

Le comité rassemble six à huit membres en respectant au mieux la parité ainsi que la représentativité des régions et des secteurs. Leur sélection est du ressort du ministère des Parcs, de la Culture et du Sport, responsable des Affaires francophones.

Les deux postes vacants étaient occupés précédemment par Joanne Perreault qui n’a pas renouvelé son mandat et Judicaël Moukoumi qui a démissionné pour participer aux dernières élections provinciales. 

« Le comité est un excellent mécanisme qui offre une porte d’entrée privilégiée aux Fransaskois dans les ministères et les services gouvernementaux pour interroger et influencer toutes les politiques touchant de près la communauté fransaskoise », explique Denis Simard, membre de fait du comité en sa qualité de président de l’ACF.

Apprécié pour son expérience et son engagement de longue date dans la fransaskoisie, Michel Dubé préside quant à lui l’organe consultatif depuis plusieurs années. « Notre mission est d’examiner la politique des services en français, rédiger des rapports et faire le suivi de la mise en œuvre dans tous les secteurs et domaines dans le but de mieux servir les francophones de la Saskatchewan », indique le résident de la région de Prince Albert. 

Pour ce faire, le comité se réunit trois fois par année. Après le choix d’un secteur ou d’un thème précis, l’organe consultatif convoque des réunions regroupant à la fois les organismes communautaires fransaskois et les responsables gouvernementaux concernés. L’idée est de dresser un état des lieux pour définir les succès, les défis et les obstacles existants en lien avec les services en français dans le secteur ciblé. 

En 2020, le comité a par exemple travaillé sur le secteur de l’éducation post-secondaire francophone en Saskatchewan. Dans un rapport rédigé en mars 2021, l’organe consultatif a recommandé au ministère de l’Éducation supérieure de travailler de concert avec le Collège Mathieu pour l’amendement de la charte collégiale par l’Assemblée législative. 

Le comité présidé par Michel Dubé a également recommandé au même ministère d’ajuster le calendrier de déblocage des fonds dédiés aux établissements post-secondaires afin de leur permettre de mieux gérer leur programmation.

Un lien étroit avec les décideurs publics

Michel Dubé
Michel Dubé préside le Comité consultatif en matière d’affaires francophones depuis plusieurs années.
Crédit : Courtoisie

« Une journée type de travail se passe généralement en deux parties. La première est dédiée aux organismes fransaskois opérant dans le secteur choisi au préalable par le comité pour écouter leurs doléances et leurs observations. La deuxième partie est consacrée aux réponses des ministères et aux discussions », détaille Michel Dubé.

À l’issue de ces consultations et discussions, la rédaction du rapport devant contenir les recommandations se met en œuvre. Une fois rédigé, ce document est soumis au secrétaire législatif responsable des Affaires francophones, Todd Goudy. 

Durant tout le processus, le soutien administratif au comité est assuré par la Direction des affaires francophones rattachée au ministère des Parcs, de la Culture et du Sport.

« Dans chaque ministère ou agence gouvernementale, le comité est en lien direct avec ce qu’on appelle un champion. Ce haut fonctionnaire joue le rôle d’agent de liaison entre le comité et son ministère dans le but d’évaluer l’application des recommandations et poursuivre les discussions », explique Michel Dubé. 

Si, selon le Fransaskois, les hauts fonctionnaires sont pour la plupart très attentifs aux revendications de la communauté francophone, le gouvernement provincial agit quant à lui selon les règles du jeu politique et les impératifs financiers. 

En l’absence d’un mécanisme légal contraignant pour le gouvernement en matière de services en français, en dehors des obligations constitutionnelles comme dans l’éducation ou la justice, le Comité consultatif aux affaires francophones veille à soumettre des recommandations réalistes. 

De son côté, la jeune Fransaskoise d’origine autochtone Jolanta Bird estime que cet organe constitue un pont entre la communauté et les décideurs de la province. « Je siège au comité depuis 2019 et je suis satisfaite de cette expérience qui me permet de porter la voix des jeunes et de la diversité de la communauté fransaskoise », évalue-t-elle. 

Les membres du comité reçoivent un honoraire et leurs frais de déplacement et d’hébergement pour les rencontres sont remboursés.