La Commission scolaire francophone du Yukon (CSFY) est devant la Cour suprême afin de faire reconnaître les pouvoirs qui lui sont dus et le gouvernement québécois a décidé de ne pas lui offrir son appui. Ce dernier craint qu’une victoire du CSFY se traduise par des responsabilités accrues auprès de sa minorité anglophone.
Faut-il se surprendre de l’absence de soutien de la part du gouvernement québécois auprès des communautés francophones minoritaires? Les relations se font plutôt discrètes depuis des décennies entre les francophones majoritaires et minoritaires.
Au siècle dernier, avant la mise sur pied des programmes de soutien aux minorités de langues officielles, par le gouvernement fédéral, le développement de la francophonie passait surtout par le clergé et son réseau de contacts bien établi partout au pays. On n’a qu’à penser aux campagnes de souscription pour bâtir les postes de radio française dans l’Ouest ou la mise sur pied d’institutions d’enseignement comme le Collège Mathieu ou le Collège Saint-Boniface. Le clergé y jouait un rôle de premier plan et les curés québécois demandaient à leurs paroissiens de soutenir financièrement leurs compatriotes de l’Ouest.
Depuis, avec la laïcisation de notre société, nous avons mis de côté ce réseau de collaboration pancanadien et rien d’équivalent n’a vraiment pris sa place.
Lors du procès de Louis Riel, il y avait eu une forte réaction populaire au Québec, ce qui avait donné lieu à cette citation tristement célèbre du premier ministre John A. McDonald : “He shall die though every dog in Quebec barks in his favour.” (Il va mourir même si tous les chiens au Québec jappent en sa faveur). Aujourd’hui, il en faudrait beaucoup pour que les Québécois prennent la rue pour soutenir des francophones d’ailleurs.
En 2012, lors du centenaire de notre organisme porte-parole (Association culturelle franco-canadienne de la Saskatchewan, devenue par la suite Assemblée communautaire fransaskoise), une délégation fransaskoise avait fait une tournée au Québec. Cette excellente initiative avait donné de la visibilité à notre vitalité dans la Belle province. Serge Bouchard, l’animateur de l’émission Les chemins de travers de la SRC, avait passé une heure à discuter en ondes avec des membres de la délégation fransaskoise (Zoé Fortier, Joe Fafard et Françoise Sigur-Cloutier).
C’est ce genre d’initiatives qu’il faut maintenir et sans cesse renouveler si nous voulons que les Québécois soient nos alliés. Si nous ne faisons pas valoir notre vitalité auprès d’eux, ou n’offrons pas d’occasions de collaborer, il ne faudra pas se surprendre qu’ils nous qualifient de « cadavres encore chauds » comme l’avait fait l’auteur Yves Beauchemin, ou encore de « Dead Ducks » pour reprendre les paroles de René Lévesque.