David Bouchard
Photo: Céline Galophe (2016)
L’auteur fransaskois, David Bouchard, était l’invité de la Cité universitaire francophone le mardi 1
er novembre dernier et personne ne peut nier son talent de conteur. Pendant une heure, il a réussi à tenir en haleine un public d’environ 80 jeunes universitaires et élèves du secondaire avec ses histoires et sa musique.
David Bouchard a grandi à Gravelbourg dans les années 1950 et 1960; il a fréquenté le jardin d’enfance et le Collège Mathieu avant d’entreprendre une carrière dans l’enseignement. C’est plus tard dans sa vie qu’il a découvert ses racines métisses; du côté de sa grand-mère Mercier de Ponteix et aussi de son père Bouchard, originaire de Beauchamp, Saskatchewan.
Selon l’auteur de plus de 75 livres, les Mercier de Ponteix n’auraient jamais avoué durant sa jeunesse avoir du sang autochtone, contrairement aux Métis de Willow Bunch.
C’est cette affirmation qui m’a poussé à faire une réflexion sur nos souvenirs de jeunesse, surtout en ce qui concerne le métissage dans la communauté fransaskoise. J’ai été confrère de classe de David Bouchard de 1965 à 1969. J’ai été élevé à Saint-Isidore de Bellevue, à deux pas de Batoche et du lieu de la résistance des Métis de 1885. J’ai souvent fréquenté les Métis de Duck Lake, Batoche, Saint-Laurent et Saint-Louis, jeunes et vieux, et je sais qu’il y avait des centaines de jeunes Métis, hommes et femmes, qui cherchaient par tous les moyens à s’intégrer dans la communauté franco-canadienne de l’époque afin de cacher leur sang autochtone. La souffrance de leurs parents et grands-parents causée par des francophones, surtout le clergé et les religieuses qui ne se gênaient pas pour leur dire qu’ils parlaient mal le français, avait incité plusieurs familles à chercher des moyens de cacher leurs origines métisses.
La même réalité se vivait à Lebret, à Beauchamp (Spalding), à Willow Bunch et dans de nombreuses autres communautés mixtes. Dans ces années-là, au Collège Mathieu des années 1960, il y avait de nombreux jeunes garçons de Willow Bunch, Saint-Victor, Val Marie ou Lebret qui n’auraient jamais admis avoir du sang métis dans les veines, mais qui sont aujourd’hui de fiers détenteurs de cartes Métis. Ce ne sera que dans les années 1980 que les attitudes commenceront à changer, qu’il sera préférable de s’associer à la Nation Métis plutôt qu’à la communauté fransaskoise. Entre temps, la plupart d’entre eux ont abandonné la langue française et, surprise, surprise, en anglais leur dialecte tellement critiqué par les curés, les religieuses et les chefs de la francophonie disparaît et personne ne pourrait dire qu’ils sont Métis s’ils ne s’affichaient pas ainsi.
En fait, ce ne sont pas seulement les francophones de Ponteix qui ont cherché à cacher leurs ancêtres métis à l’époque. Si ma mémoire est juste, il y avait seulement deux gars au collège durant mes années comme élève qui n’avaient pas peur de s’identifier comme Métis, Lloyd Chartrand de Saint-Laurent au Manitoba et Eugène Larocque de Lebret. Aujourd’hui j’ose croire qu’ils n’étaient pas les seuls.
David Bouchard mérite le respect de tout le monde pour être devenu un porte-parole engagé de la Nation Métis. Il est important de reconnaître les erreurs du passé vis-à-vis les Métis et les Autochtones et c’est par ses écrits et ses conférences que mon vieux confrère du Collège Mathieu nous mène dans le processus de réconciliation.