Gabrielle Lepage-Lavoie
Photo : Courtoisie
La Saskatchewan est une terre d’opportunité qui attire des francophones des quatre coins du monde. Certains y passent quelques années, d’autres des décennies. Certains s’engagent dans la vie communautaire, d’autres restent plus discrets. Gabrielle Lepage-Lavoie n’est pas de ceux qui restent dans l’ombre. Fière Franco-Albertaine, mère de trois filles, journaliste à la pige pour Radio-Canada, elle ne se doutait pas, voilà 20 ans, de l’empreinte qu’elle allait laisser en Saskatchewan.
C’est en s’engageant dans le conseil de l’École canadienne-française de Saskatoon que Gabrielle découvre la communauté fransaskoise et fait la connaissance de chefs de file comme Roger Gauthier, Anne Leis, Gérard Leblanc et Gustave Dubois. Avant ça, elle avait fait un court passage de deux ans au Patrimoine canadien. « Je n’étais pas faite pour être fonctionnaire ! », lance-t-elle.
Car Gabrielle est d’un autre tempérament. En 2004, elle est inspirée par un projet novateur de l’Association des parents fransaskois (APF) et met en place le premier Centre d’appui à la famille et à l’enfance (CAFE). Le centre de service, apprécié des jeunes parents, fonctionne toujours aujourd’hui. En 2008, elle devient la directrice générale de l’APF. Cette fonction lui permet de compléter l’implantation de trois CAFE dans la province. « Je suis très fière des partenariats que l’on a su bâtir autour des CAFE », souligne-t-elle.
Une francophone déterminée
L’expérience en petite enfance lui permet à partir de 2013 de diriger un projet majeur pour le Réseau Santé en français de la Saskatchewan (RSFS) : Départ Santé. Ce projet d’envergure nationale propose des programmes d’activité physique pour la bonne santé de la petite enfance. C’est aussi durant ce mandat qu’elle assume la présidence de la Fédération des francophones de Saskatoon (FFS) pendant deux ans.
Beaucoup de Fransaskois connaissent Gabrielle pour sa défense des intérêts des élèves et des parents. Cet engagement la placera au front d'un groupe de parents dans la crise du Conseil des écoles fransaskoises (CÉF) dès 2014. Elle fera partie des 400 parents qui déposeront une pétition en 2016 pour exiger la démission du directeur de l’éducation de l’époque, Bernard Roy. Ce dernier quittera son poste avant d'être réembauché en 2016, causant une deuxième crise dans laquelle Gabrielle restera impliquée.
Deux décennies d’expériences
Un passage de plus de vingt ans en Saskatchewan, c’est un chapitre de vie où les enfants quittent la maison, où des amitiés fleurissent et des leçons sont apprises. Pour Gabrielle, l’une de ces leçons est l’incroyable capacité d’une petite communauté à se mobiliser, à bâtir des partenariats et des alliances pour assurer son développement.
La femme d’action quitte la province avec un certain goût amer de la crise des élections à l’Assemblée communautaire fransaskoise (ACF) où des divisions profondes se sont creusées entre les nouveaux arrivants et la communauté d’origine. « Cela a été une période très difficile parce que j’ai toujours été très proche des nouveaux arrivants. Cet épisode a été très blessant personnellement et franchement contreproductif pour la communauté fransaskoise », perçoit-elle.
Gabrielle Lepage-Lavoie reste tout de même optimiste : « Nous avons un réseau communautaire très fort, malgré les conflits et les défis qui peuvent l’ébranler. » La Franco-Albertaine d’origine, devenue Fransaskoise de cœur, a quitté la province en janvier 2020 pour continuer sa carrière à Ottawa en prenant la direction de la programmation de la Société Santé en français.