L’une des expressions que j’ai souvent entendues un peu partout dans la francophonie canadienne est la suivante : « Le français s’apprend et l’anglais s’attrape. » Qu’est-ce qui se cache derrière cette phrase ? L’explication est assez simple et les répercussions immenses.
Les francophones sont en très faibles nombres au Canada, sauf dans quelques endroits au Nouveau-Brunswick et en Ontario, sans oublier évidemment le Québec où les francophones sont majoritaires. Ces derniers sont entourés de locuteurs anglophones à longueur de journée et dans tous les milieux. Peu importe où l’on se trouve, peu importe ce que l’on entend, l’anglais est omniprésent : radio, télévision, médias écrits, réseaux sociaux, milieux de travail, milieux de vie, lieux de consommation, lieux de loisirs, etc. Il n’est pas surprenant que l’assimilation fasse si sournoisement son chemin.
Nous avons, certes, fait des gains importants au fil des ans. Nous avons aujourd’hui des écoles, des commissions scolaires, des centres communautaires, culturels, communautaires et scolaires, certaines lois en français selon les provinces, une province bilingue (le Nouveau-Brunswick), une myriade d’associations de toutes sortes qui nous facilitent ou tentent de nous faciliter la vie en français et de préserver la langue et la culture, une Loi sur les langues officielles qui va possiblement être dépoussiérée cette année, un Commissariat aux langues officielles, des médias de toutes sortes, le soutien du ministère du Patrimoine canadien, celui du gouvernement du Québec à travers le Secrétariat du Québec aux relations canadiennes, des organismes nationaux et internationaux, un mois de mars consacré à la Francophonie par le biais des Rendez-vous de la Francophonie, une Journée internationale de la Francophonie le 20 mars, toutes sortes d’activités et toutes sortes de réseaux...
Mais alors, pourquoi, avec tout ce dont nous disposons, le français ne s’attrape-t-il pas ? Les morceaux qui forment cette courtepointe ne sont pas cousus assez serrés. L’espace entre les carrés demeure trop large. Évidemment, vivant largement en milieu anglophone, on ne peut faire fi de cette réalité. Mais il faudrait multiplier les efforts pour que le français fleurisse davantage, pour que l’on puisse s’épanouir encore plus dans cette belle langue et cette grande culture que constitue le français.
À quoi bon avoir une école francophone, former des jeunes anglophones en immersion si, aussitôt sorti de l’école, tout ce beau monde n’a pas l’occasion de mettre en pratique son apprentissage et ne peut vivre l’aventure du français. Il faut non seulement renforcer l’éducation francophone et l’immersion, mais aussi et surtout la capacité à vivre en français dans la communauté.
Rien ne nous empêche de rêver. Sans certains rêveurs, la société n’aurait pas connu nombre de ses avancées. Alors, rêvons à un bel avenir pour le français ! Rêvons d’attraper le français en cette période des Rendez-vous de la Francophonie !