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Du côté des petites filles

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Il y a quelques semaines, Coup d'oeil sur le monde s'est penché sur la violence faite aux femmes et aux filles. Ce que je vous en ai dit ne représente hélas que l'infime pointe de l'iceberg.  À la recherche de l'espoir, je suis allée regarder du côté des petites filles...

C'est l'histoire de Wadley, de Port au Prince. Sans argent pour l'école de fortune sommairement installée sous une tente après le tremblement de terre de 2010, Wadley s'y présente en vain: pas d'argent, pas de place.  Mais, entêtée et résiliente, ne partageant pas la résignation de sa mère, elle finit par gagner le droit de s'assoir sur un banc, même sans argent.  Wadley, c'est une ode à la persévérance.

C'est l'histoire de Senna, qui a passé toute sa vie dans les terres arides des mines d'or des hauts plateaux péruviens, et qui découvre qu'elle porte en elle le trésor qu'ont tant cherché son père et son grand-père: la poésie.

C'est l'histoire de Suma, du Népal, asservie entre 6 et 11 ans. Esclave, kamlari, pour trois familles successives. La chance se présente sous la forme d'un pensionnaire qui lui apprend des rudiments de lecture et convainc les maîtres de lui permettre d'assister, le soir, à des cours qu'offrent des bénévoles à des kamlari.  Suma sera libérée de sa servitude, sans coup de force, sinon la force de persuasion d'une de ces bénévoles, elle-même ancienne kamlari.  Aujourd'hui jeune adulte, Suma essaie de faire pour d'autres ce qu'on a fait pour elle. Car cette forme d'esclavage, abolie officiellement depuis 2000, perdure officieusement.

C'est l'histoire d'Azmera, qui vit dans un petit village aride d'Éthiopie avec sa mère et son frère Misalu. C'est lui le héros de l'histoire. Lorsqu'il découvre qu'on se prépare à marier sa soeur de 13 ans, il prend une décision étonnante: il vend tout ce qu'il possède pour qu'elle aille à l'école.  La vie d'Azmera allait s'arrêter. Grâce à son frère, elle commence.

C'est l'hisoire de Ruksana, qui vit avec ses parents et ses deux soeurs sur les trottoirs de Calcutta. Sa famille ne peut s'offrir un toit et ses parents n'ont qu'un but: envoyer leurs trois filles à l'école dans un pays où elle n'est pas gratuite. Ruksana va à l'école, blouse blanche, jupe à carreaux et rubans dans les cheveux. Rusksana vit sur le trottoir mais elle rêve.  Elle va à l'école, elle peut rêver.

Une porte de sortie: l'éducation  

Ce n'est pas un rempart, une garantie 100%, une assurance-égalité. Mais l'éducation demeure le premier outil pour échapper à la servitude, à la dépendance, à la pauvreté. Une fille sur quatre naît dans la pauvreté. Sans éducation, elle risque d'y demeurer.

"La proportion de femmes dans le monde qui sont mariées alors qu’elles ne sont encore que des enfants, n’ont aucune maîtrise sur les ressources du ménage et subissent la violence conjugale atteint environ 65% chez celles qui sont analphabètes ou qui ont fréquenté, au mieux, l’école primaire, contre 5% chez les femmes ayant achevé un cursus d’enseignement secondaire." (Banque mondiale)

L'éducation est aussi un moteur de développement, de création de la richesse. Dans le monde dit "en développement", la majorité des petites entreprises, agricoles et autres, sont mises sur pied et gérées par des femmes. 

Quand l'avenir s'arrête

Les histoires que je vous raconte sont heureuses parce qu'elles sont porteuses d'espoir, de promesses d'avenir. Il y en d'autres par contre où l'avenir semble arrêté.

Il y a l'histoire de Yasmin, qui vit au Caire avec sa mère et son frère. Qui se décrit comme  "Superman". Forte et courageuse Yasmin s'est servie d’un couteau pour se défendre lorsqu'un homme a voulu la violer.  Elle est intelligente, elle est vive, elle est audacieuse. Elle ne sait ni lire ni écrire. On va bientôt la marier. Elle a treize ans.

Et puis il y a Amina, afghane, qui commence son histoire en disant: « Si mon mari savait que je vous parle, il me tuerait. Ou mon père, ou mon frère. Ou n'importe lequel des hommes dans mon pays. » Occupée aux travaux ménagers dès l'âge de 3 ans (ce n'est pas une faute de frappe), elle a pu fréquenter une école primaire rudimentaire pendant quelques années. À l'âge de 11 ans, elle a revêtu la burqua. On l'a mariée à un cousin, pour 5000 $. 

Si vous êtes croyants, c'est le temps ou jamais de prier. Pour que toutes les petites filles, partout, aient accès à l'école et que celle-ci soit gratuite.  Pour que, du côté de toutes les petites filles,  on puisse être libre, avoir des rêves et la possibilité d'acquérir les outils pour les réaliser.

On retrouve ces petites filles et d'autres dans le beau documentaire Girl Rising, de Richard Robbins (2013).