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Santé mentale : ça va bien?

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Il nous arrive tous un jour ou l’autre de se sentir dépassé par une situation, de perdre patience, d’élever la voix, de lancer un objet, de déraper un peu quoi. Mais on reprend vite le contrôle. Le dérapage émotif, c’est comme la conduite en hiver. Le meilleur des conducteurs peut se retrouver confronté à une situation qui dépasse sa capacité de contrôle et c’est l’accident. 

Selon l’Association canadienne pour la santé mentale, à n’importe quel moment de l’année il y aurait plus de 220 000 personnes en Saskatchewan qui souffrent de problèmes de santé mentale ou qui luttent contre des dépendances. Environ 30% des allocations pour invalidité sont versées pour cause de maladie mentale (du burn-out à la dépression sévère). Mais il ne s’agit pas ici que d’un enjeu statistique.

Le meurtre de trois jeunes enfants et de leur mère à Tisdale a résonné partout en Saskatchewan et même ailleurs au pays. Selon la famille du meurtrier, ce dernier n’avait aucun antécédent de violence. Par contre ses proches avaient signalé aux autorités qu’il avait des problèmes de santé mentale. 

Le pilote de Germanwings qui a foncé sur une montagne dans les Alpes avait été suivi pour des problèmes de santé mentale.

Dans les années 80, avec l’arrivée de nouveaux médicaments pouvant contrôler certaines afflictions mentales, il y a eu une vague de désinstitutionalisation. On a vidé les hôpitaux psychiatriques pour remettre les gens entre les mains des services sociaux et divers organismes d’entraide. Sauf qu’aujourd'hui, pour reprendre les mots du chroniqueur Patrick Duquette, « les personnes en ‘détresse psychiatrique’ qu'on a laissées à elles-mêmes reviennent régulièrement s'échouer dans nos urgences, dans nos palais de justice et dans nos prisons. » 

Plusieurs des personnes autrefois institutionnalisées se retrouvent maintenant dans la rue. Michael Zehaf-Bibeau, qui a ouvert le feu dans les couloirs du parlement à Ottawa, avait déjà subi des examens psychiatriques et vivait comme un sans abri.

Prends sur toi

La maladie mentale (et je ne parle pas d’une déprime de trois jours), contrairement aux maladies physiques, attire peu de sympathie et de soutien, surtout quand elle s’accompagne de dépendance à l’alcool, aux drogues, aux médicaments. « Ce n’est qu’une question de volonté, de discipline » penseront les biens-portants. 

Les institutions aux prises avec des difficultés financières ont souvent tendance à couper dans des services de soutien psychologique. Les écoles n’y échappent pas.

Lors de la table des élu.e.s samedi dernier, il a été question du déficit du Conseil des écoles fransaskoises. Espérons que les mesures d’économies envisagées ne se traduiront pas en services réduits dans ce domaine.

Les 29 et 30 mai prochains, le Réseau Santé en français de la Saskatchewan tiendra un forum sur le thème La santé mentale de la tête aux pieds. C’est un enjeu crucial pour nos proches, notre entourage et, surtout, pour nous-mêmes. Personne n’est à l’abri du dérapage.