Diana Ntibandetse fait de l’art pour célébrer les femmes
Alors que les restrictions sanitaires ont quasiment été toutes levées en Saskatchewan, la communauté continue de souffrir du manque d’activités en personne. Afin de rassembler et d’aider les Fransaskoises à retrouver leurs paires, l’Association canadienne-française de Regina (ACFR) a organisé sa traditionnelle soirée vin-fromage du 8 mars, suivie d’un atelier de peinture avec l’artiste locale Diana Ntibandetse.
L’activité, qui s’est déroulée au Pavillon secondaire des Quatre-Vents de l’école Monseigneur de Laval de Regina, a rassemblé 22 femmes à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes.
Selon une étude menée par Statistique Canada en 2021, 57 % des femmes interrogées ont déclaré que leur santé mentale s’était « assez », voire « beaucoup » détériorée depuis le début de l’éloignement physique causé par la pandémie, contre 47 % chez les hommes.
« Nous voulions organiser quelque chose en personne pour rassembler ces femmes. Le rendez-vous vin-fromage a toujours fonctionné et, cette année, nous y avons ajouté une activité relaxante, sans attentes, et accessible à toutes », explique Généva O’blenis, coordinatrice des projets pour l’ACFR.
Des soirées peinture
Une toile vierge, de la peinture acrylique, deux pinceaux et un verre d’eau, à ne pas confondre avec son verre de vin, une artiste pour animer, des amis ou connaissances pour partager, voilà la recette d’une soirée originale et créative concoctée par l’ACFR.
L’objectif de la soirée était simple : reproduire un tableau proposé par Diana Ntibandetse. « Je me considère comme féministe dans le sens où je crois à l’égalité homme-femme, je suis fière d'être une femme et de pouvoir être la témoin de la réussite de certaines femmes sur la scène politique, économique et culturelle. Il était très important pour moi d'être présente ce soir, pour toutes ces raisons », exprime la créative.
Jusqu’au dernier moment, l’artiste locale a hésité sur le choix de son tableau, et s’est finalement tournée vers une silhouette féérique. « L’idée de la robe de princesse est un thème relaxant, romantique et amusant. Le fait que ce soit une silhouette, et donc qu’elle n’ait pas de visage, permet à chaque femme de se projeter dans cette robe. Je trouve que cela inspire une certaine fierté. »
L’artiste détaille, étape par étape, le processus de création tout en donnant des trucs et astuces concernant les techniques de peinture et autres structures de dessin.
Généva O’blenis salue notamment la force de Diana Ntibandetse dans sa démarche artistique. « C’est une artiste incroyable et très pédagogue. Son art est proche de ses racines, de sa féminité et de la nature. Nous avions besoin d’une artiste comme elle pour cette journée », souligne la coordinatrice.
Cette dernière ajoute qu’elle aimerait renouveler l’expérience de Paint Nite pour d’autres occasions. « Je suis vraiment contente du nombre de participantes et que l’activité ait eu du succès. J’aimerais que l’on puisse en faire à nouveau sur une base régulière dans l’année. »
Créer pour se relaxer
L’artiste peintre Diana Ntibandetse a animé la soirée.
Crédits : Leslie Diaz
Les artistes peintres comme Diana Ntibandetse le disent, il n’y a rien de plus apaisant et relaxant que de faire de la peinture. Avec ses textures, couleurs et coups de pinceau, cet art sollicite patience et créativité. Il permet de s’évader, de souligner, de transcender ou encore de sublimer afin d’entrer dans une atmosphère de quiétude. Pratiquer une activité artistique se révèle si efficace pour combattre l’anxiété ou le stress qu’on l’utilise désormais en thérapie.
« On doit prendre du temps pour soi, et ce soir on a eu l’occasion de le faire entre femmes. C’était un moment pour se recentrer selon moi », confie Hélène Baillet, une participante.
Cet apaisement, Bélise Nzeyimana l’a également ressenti : « C’était relaxant de pouvoir mélanger des couleurs, de peindre cette femme qui pouvait être n’importe qui, sortie tout droit de notre imagination. »
La liberté de pouvoir créer, c’est ce que Lucie Moreau a particulièrement apprécié de son côté :
« C’était l’occasion de pouvoir laisser s’exprimer notre côté artistique tout en discutant autour d’un bon verre de vin. »
Pour Jessica Nawinya la session était presque thérapeutique « Le fait de se parler à nouveau, autre qu'à travers un écran, fait beaucoup de bien au moral. » C’est ce que confirme sa voisine de table Maureen Ka « Je suis sorti de mon quotidien avec cette activité. Le fait de prendre soin de soi et de laisser les enfants à la maison était super. »
Pour Diana Ntibandetse, des activités comme celle-ci sont l’occasion de marcher dans les pas de ses parents. « Mon père est architecte, il a toujours fait de la peinture et du dessin. L’art d’enseigner, je le tiens de ma mère puisqu’elle possédait une petite académie d’art au Burundi où elle apprenait aux jeunes à peindre et dessiner. Je suis donc un peu un mélange des deux », analyse-t-elle.
Diana Ntibandetse
D’origine russo-burundaise, Diana Ntibandetse a grandi en Russie et au Burundi. Elle est au Canada depuis une dizaine d’années et habite à Regina depuis 2017.
Elle a suivi une formation en art et en design à Moscou pendant trois ans. Une fois arrivée au Canada, elle s’est formée et lancée dans le métier de travailleuse sociale. L’art, le dessin et la peinture restent une grande passion pour elle.
Diana Ntibandetse est reconnue en tant qu’artiste locale et a participé à de nombreux projets artistiques dans la communauté fransaskoise, dont un projet de fresque murale en 2021.
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