Skip Navigation
Festival Cinergie 2024
Mehdi Jaouhari – IJL-Réseau.Presse
/ Categories: Société

L’appropriation culturelle démystifiée

Abdoulaye Yoh

Abdoulaye Yoh

Le dr. Abdoulaye Yoh
Crédit : Capture d’écran
Le 4e module de la formation sur le mieux-vivre communautaire du Partenariat provincial interculturel (PPI) lancé en octobre 2020 a abordé le concept de l’appropriation culturelle. Un thème controversé qui mérite discussion.

Shawn Jobin peut-il arborer des tresses africaines ? Qu’en est-il d’Annette Campagne si elle souhaite utiliser des tam-tams burundais lors d’un concert ?

C’est avec ces questions intrigantes que le docteur Abdoulaye Yoh a introduit le 4e module de la formation intitulée L’appropriation culturelle : et si on en parlait ?

Ce dernier a interpellé la dizaine de participants présents lors de la session virtuelle qui a duré deux heures le 24 mai. Au total, quatre sessions ont été organisées au cours du mois.

Définir pour comprendre

Prudents, certains participants ont estimé que le rappeur fransaskois Shawn Jobin pouvait arborer des tresses africaines si ce style n’est pas uniquement utilisé pour une prestation quelconque. « Tout est question de contexte », a rétorqué un autre participant.

Concernant l’usage des tam-tams burundais par l’artiste Annette Campagne, une participante a jugé que ceci serait inapproprié si, à la base, la danse est effectuée exclusivement par des hommes.

Confus, d’autres participants se sont demandé quelle était la définition de l’appropriation culturelle avant de se prononcer.

L’Office québécois de la langue française la décrit ainsi : « L'utilisation, par une personne ou un groupe de personnes, d'éléments culturels appartenant à une autre culture, généralement minoritaire, d'une manière qui est jugée offensante, abusive ou inappropriée. »

De vifs débats

Pour sa part, Dr Yoh souligne que le concept est sujet à controverses. En témoignent de nombreuses polémiques à la fois anciennes et récentes, à l’instar de l’usage de costumes autochtones.

Si certains cas flagrants font l’unanimité quant à leur connotation péjorative comme l’utilisation de plumes autochtones ou d’un « blackface » durant les festivités comme l’Halloween, d’autres cas plus subtils et complexes divisent la société, y compris dans le camp progressiste.

À titre d’illustration, l’intervenant a présenté le cas du tissu wax, longtemps utilisé par les Africains de l’Ouest et d’autres régions d’Afrique.

Prisée pour ses produits durables respectant le bien-être animal, la modéliste anglaise de renom international Stella McCartney avait pourtant suscité la controverse en 2017 auprès de certains internautes après avoir utilisé ce tissu.

Or, si le tissu wax est perçu comme africain, ses origines sont asiatiques, en Indonésie plus exactement, héritées d’une technique locale reproduite par les Néerlandais.

Autre cas à étudier : la polémique ayant entouré le film documentaire Lepage au Soleil : À l’origine de Kanata, une œuvre sortie en 2019 et réalisée par la Québécoise Hélène Choquette qui imagine la rencontre d'Européens avec des membres des Premières Nations du Canada.

D’un côté, il y a ceux qui parlent d’une démarche artistique se voulant humaniste. De l’autre, ceux qui dénoncent l’invisibilité et le manque de reconnaissance des peuples autochtones.

Une polarisation des échanges

De manière générale, Abdoulaye Yoh explique qu’il y a souvent deux camps opposés dans le débat sur l’appropriation culturelle.

Le premier camp estime que la liberté d’expression et la liberté de création sont sacrées. Pour ses membres, il n’y a pas lieu d’essentialiser les cultures et les identités.

Quant au deuxième camp, il estime que l’oppression et la spoliation doivent cesser. Selon ses partisans, l’équité doit primer dans le débat.

Pour sa part, le Conseil des arts du Canada explique qu’il y a appropriation culturelle lorsque « les adaptations ou emprunts à une culture minorisée reflètent, renforcent ou amplifient des inégalités, des stéréotypes et des relations d’exploitation historiques qui ont des conséquences négatives directes sur les communautés visées par l’équité au Canada ».

L’appropriation culturelle peut concerner les objets, le contenu, les styles et les motifs, ainsi que la voix. L’usurpation d’identité est aussi une forme d’appropriation culturelle.

Récemment, en Saskatchewan, une affaire a concerné une professeure à l’Université de la Saskatchewan qui se présente depuis des années comme métisse, anichinabée et tlingit. Une enquête de CBC avait révélé en octobre 2021 qu’il n’y avait aucune preuve que cette enseignante était autochtone.

Le docteur Yoh n’a pas trouvé mieux qu’une citation de Krysta Alexon, membre de la Première Nation crie de Kahkewistahaw en Saskatchewan, pour illustrer les méfaits de cette forme d’appropriation culturelle.

« Être autochtone, ce n’est pas un jeu. À la fin de la journée, un imposteur peut enlever son costume. Mais un autochtone ne peut pas enlever les méfaits du colonialisme », souligne-t-elle.

Autre forme d’appropriation culturelle, et non des moindres : l’usurpation culturelle. Celle-ci décrit la situation où un groupe culturel dominant, souvent un colonisateur, s’approprie des éléments culturels ou historiques d’un groupe opprimé, souvent colonisé, à des fins publicitaires, artistiques ou commerciales.

C’est le cas notamment de certaines entreprises commercialisant des produits présentés comme faisant partie du patrimoine autochtone.

Pour le Dr Yoh, les vrais problèmes derrière l’appropriation culturelle sont la concentration économique, culturelle, politique et sociale ainsi que la sous-représentation des personnes racisées dans les productions culturelles.

Pour ce dernier, il faut sortir du « eux » et du « nous » et souligner le rôle de la solidarité et des alliés, plutôt que de polémiquer autour de vagues concepts.

Print
1764

Mehdi Jaouhari – IJL-Réseau.PresseMehdi Jaouhari

Other posts by Mehdi Jaouhari – IJL-Réseau.Presse
Contact author

Contact author

x
Au CÉF, l’école se veut communautaire et citoyenne !

Au CÉF, l’école se veut communautaire et citoyenne !

Entretien avec Ronald Ajavon, directeur général du Conseil des écoles fransaskoises

Le CÉF travaille à établir un modèle unique d’école communautaire citoyenne en Saskatchewan. Il vise à favoriser à la fois la réussite des élèves et l’épanouissement des communautés.

Tuesday, November 19, 2019/Author: Conseil des écoles fransaskoises/Number of views (23073)/Comments (0)/
École et descendance française : Les francophones doivent-ils se satisfaire du minimum?

École et descendance française : Les francophones doivent-ils se satisfaire du minimum?

Une semaine après que les Franco-Colombiens aient demandé de meilleures écoles devant la Cour Suprême…

Saturday, November 2, 2019/Author: Réjean Paulin/Number of views (22564)/Comments (0)/
Sciences infirmières : un examen national décrié par les francophones

Sciences infirmières : un examen national décrié par les francophones

Le NCLEX (National Council Licensing Examination) fait trembler bien des candidats francophones au programme de sciences infirmières. Si dans sa version anglaise plus de 80 % d’entre eux réussissent au niveau national, le taux de réussite tombe à 30 % pour les candidats en français.

Thursday, October 31, 2019/Author: Lucas Pilleri/Number of views (27426)/Comments (0)/
Une communauté dévouée pour son école

Une communauté dévouée pour son école

Un nouveau terrain de jeu pour l'École Providence de Vonda

Grâce à la mobilisation des parents, du personnel et de la ville, l’École Providence de Vonda s’est paré d’un terrain de jeu flambant neuf pour le plus grand plaisir des enfants.

Monday, September 23, 2019/Author: Conseil des écoles fransaskoises/Number of views (29943)/Comments (0)/
Coup d'oeil sur l'École Mgr de Laval de Regina

Coup d'oeil sur l'École Mgr de Laval de Regina

L’école Monseigneur de Laval, Pavillon secondaire des Quatre Vents à Regina, n’a rien à envier aux établissements de la majorité.

Monday, September 23, 2019/Author: Conseil des écoles fransaskoises/Number of views (23670)/Comments (0)/
La langue michif au programme d'une école de Saskatoon

La langue michif au programme d'une école de Saskatoon

Un programme offert de la maternelle à la 3e année

SASKATOON - Les étudiants de la maternelle à la 3e année de l’école St. Michael Community School à Saskatoon auront l’occasion de suivre le premier programme d’apprentissage de la langue michif offert dans la ville et l’un des deux seuls programmes à l’échelle de la province.

Sunday, September 15, 2019/Author: Jean-Philippe Deneault/Number of views (25978)/Comments (0)/
Retrouvailles au Collège Mathieu

Retrouvailles au Collège Mathieu

45 ans après avoir terminé leurs études au Collège Mathieu d'anciens élèves se sont rencontrés à Gravelbourg.

 

Thursday, August 29, 2019/Author: Conseil des écoles fransaskoises/Number of views (26544)/Comments (0)/
Portraits de professeurs francophones de l’Université de la Saskatchewan

Portraits de professeurs francophones de l’Université de la Saskatchewan

SASKATOON - Sur près de 1 200 professeurs à l’Université de la Saskatchewan, on compte une vingtaine de francophones. L'Eau vive en a rencontré six.

Sunday, July 21, 2019/Author: Jean-Philippe Deneault/Number of views (27643)/Comments (0)/
Amélie Boutin, diplômée de l'École canadienne-française de Saskatoon

Amélie Boutin, diplômée de l'École canadienne-française de Saskatoon

Née à Saskatoon, Amélie a effectué tout son parcours scolaire à l’École canadienne-française, depuis la garderie jusqu’à la 12e année. Elle part maintenant étudier les sciences en français à l’Université d’Ottawa.

Friday, July 19, 2019/Author: Conseil des écoles fransaskoises/Number of views (24625)/Comments (0)/
Quand les jeunes s’investissent pour la science !

Quand les jeunes s’investissent pour la science !

Remise des prix Expo-science 2019

REGINA - Le 20 juin dernier, à l’école Monseigneur de Laval de Regina, on a pu assister à un spectacle de chansons, de danses concocté par les classes de 3e année,ainsi qu'à la remise des prix aux gagnants de l’Expo-sciences qui s‘était déroulée au début du mois.

Tuesday, July 16, 2019/Author: Linda Morales/Number of views (25305)/Comments (0)/
Deux enseignants reconnus pour leur engagement sportif

Deux enseignants reconnus pour leur engagement sportif

Terry Gaudet et Michel Forest honorés par la Saskatchewan High Schools Athletic Association

Terry Gaudet et Michel Forest, enseignants respectivement à l’École St-Isidore à Bellevue et à l’École Mathieu de Gravelbourg, ont chacun reçu le Prix du service de la Saskatchewan High Schools Athletic Association (SHSAA). Ces récompenses viennent souligner l’implication remarquable des deux instituteurs pour le sport à l’école.

Saturday, July 13, 2019/Author: Lucas Pilleri/Number of views (27513)/Comments (0)/
Une foire des sciences totalement en français

Une foire des sciences totalement en français

Expo-sciences à Mgr de Laval

REGINA - Le jeudi 6 juin 2019 avait lieu la foire des sciences de l’école Monseigneur de Laval. Les élèves de la 3e et de la 5e année étaient présents pour exposer leurs projets de recherche. 

Saturday, June 22, 2019/Author: Linda A. Morales/Number of views (26113)/Comments (0)/
Une première cohorte de juristes obtient des certifications en français

Une première cohorte de juristes obtient des certifications en français

SASKATOON - Pour la première fois, cinq étudiantes de l’Université de la Saskatchewan ont reçu ce 5 juin à Saskatoon une certification de common law en français de l’Université d’Ottawa. 

Friday, June 21, 2019/Author: Lucas Pilleri/Number of views (30154)/Comments (0)/
62,6 millions de dollars pour lutter contre la pénurie d’enseignants

62,6 millions de dollars pour lutter contre la pénurie d’enseignants

VANCOUVER - Le lundi 13 mai 2019, la ministre des Langues officielles Mélanie Joly a annoncé une stratégie nationale de recrutement et de rétention des enseignants francophones.

Tuesday, June 4, 2019/Author: Lucas Pilleri/Number of views (32770)/Comments (0)/
Lettre du président de la SCFPA: Déménagement à l’Académie Rivier

Lettre du président de la SCFPA: Déménagement à l’Académie Rivier

Malgré le fait que l’édifice des Sœurs de la Présentation de Marie ait été construit dans les années 1960, sauf la piscine (années 1980), il s’agit d’une occasion de créer, au-delà du concept de centre scolaire communautaire, un pôle d’attraction et de développement unique en Saskatchewan et dans l’Ouest canadien.

Thursday, April 25, 2019/Author: Michel Dubé/Number of views (27406)/Comments (0)/
RSS
First45679111213Last

 - Friday 3 May 2024