Skip Navigation
Festival Cinergie 2024
Anonym
/ Categories: Société, Francophonie

Le remède pour un Canada malade reste à découvrir

50 ans plus tard : Une histoire intellectuelle de la commission Laurendeau-Dunton

Panser le Canada

Panser le Canada

L’essai de 376 pages Panser le Canada, publié officiellement le 24 avril, rappelle les réflexions des coprésidents : André Laurendeau (à droite), le rédacteur en chef du Devoir, et Davidson Dunton, le président de l’Université Carleton.
(Gracieuseté : Boréal)
La Commission royale d’enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme établie par Ottawa en 1963 a conduit à l’adoption de la Loi sur les langues officielles, la Loi constitutionnelle et la Charte canadienne des droits et libertés, des grands projets de Pierre Trudeau. Le chef libéral élu en 1968 avait toutefois rejeté une orientation qui se dégageait parmi les dix commissaires, rappelle un nouvel essai sur un moment unique de l’histoire canadienne.

« Il semblait y avoir un consensus en faveur de réformes constitutionnelles, explique Valérie Lapointe-Gagnon, l’auteure de Panser le Canada – Une histoire intellectuelle de la commission Laurendeau-Dunton, publié le 24 avril. Mais à partir de l’arrivée de Pierre Trudeau (premier ministre) et de la mort d’André Laurendeau[1] (coprésident de la Commission), les choses ont changé. »

Il s’était cependant produit une ouverture historique jamais vue - et qu’on ne reverra pas - à un aménagement constitutionnel visant la réconciliation entre le Canada anglais et le Canada français.

« On parle énormément à l’époque du Canada comme un corps malade, souligne la professeure d’histoire de la Faculté Saint-Jean (Université de l’Alberta). Les commissaires à la recherche de remèdes se rendent compte que le temps évolue à deux vitesses. »

« Ce qui a frappé Laurendeau, c’étaient les préjugés »

« Ça va très vite au Québec ou les choses se bousculent avec la montée d’un nationalisme très revendicateur et la fondation d’un parti indépendantiste ; et très lentement dans l’Ouest où on n’est pas au courant de la gravité de l’insatisfaction québécoise. Lors des premières tournées du pays en 1964, ce qui avait frappé Laurendeau, c’étaient les préjugés. »

La Commission veut que les citoyens participent. Plutôt que de procéder par des audiences publiques, elle choisit d’organiser des rencontres de dialogue. Les commissaires vont écouter et expliquer.

« On fait des séances régionales partout au pays, détaille Valérie Lapointe-Gagnon, pour interroger les citoyens : voulez-vous continuer à cohabiter entre Canadiens français et Canadiens anglais, comment est-ce qu’on peut améliorer les choses? »

C’est ainsi que l’exercice aurait pris la tournure d’une sensibilisation. « Par le travail de terrain, on voit émerger des colloques dans les campus un peu partout, des mini-commissions et des discussions publiques. On invite des Québécois pour échanger. Des groupes d’abord réfractaires se montrent progressivement plus modérés, parce qu’ils sont intéressés à l’Autre. »

Valérie Lapointe-Gagnon

Valérie Lapointe-Gagnon

Professeure d’histoire au Campus Saint-Jean de l’Université de l’Alberta, Valérie Lapointe-Gagnon est coautrice de la lettre ouverte en appui à la campagne « Sauvons Saint-Jean ».
Photo : Far West Productions
« Qu’être francophone ne soit pas un obstacle à l’épanouissement »

Les mots-clés Equal Partnership résument les recommandations de la Commission, note l’auteure : « Essayons de faire en sorte qu’être francophone ne soit pas un obstacle à l’épanouissement, proposent-ils, peu importe où l’on habite au Canada. »

Il y avait aussi une ouverture politique : le rêve avoué du premier ministre Lester Pearson évoqué par l’historienne était « d’apaiser les tensions ». L’idée fait son chemin au Québec comme ailleurs, mais n’intéresse pas Pierre Trudeau.

L’essai résume ainsi le revirement. « D’une politique plus conciliatrice prônée pendant la majorité des années 1960, le gouvernement est passé rapidement à une politique d’affrontement envers le nationalisme québécois. Plutôt que de composer avec le nouveau visage du Québec et de lui trouver une place officielle dans la Confédération, (…) des politiques ont été mises en place pour normaliser la place du Québec et en faire une province comme les autres. »

L’auteure cite le politicologue Kenneth McRoberts de l’époque. « Cette volte-face radicale a été rendue possible par l’apparition d’un acteur politique nouveau : un francophone du Québec déclare que toute volonté de consentir à un compromis avec le nationalisme québécois est vaine, mal fondée, voire immorale. Il propose plutôt d’incorporer les francophones du Québec dans une nouvelle identité pancanadienne (…) qui repose en partie sur le multiculturalisme, qui doit agir comme ciment de la nouvelle nation canadienne unifiée. »

« On n’a pas ce qu’il faut pour que ça lève »

Était-ce une erreur? Valérie Lapointe-Gagnon trouve difficile de trancher : « On aurait pu faire le contraire et ça aurait pu ne pas fonctionner non plus. Trudeau pensait avoir la solution pour garder l’unité nationale. »

Les positions se sont refermées, surtout après les échecs des référendums québécois et des accords Meech et Charlottetown. « Les tensions sont latentes mais ça ne veut pas dire qu’elles ne pourraient pas être réanimées. Il n’y a plus d’enthousiasme pour la réforme constitutionnelle. On ne peut pas dire que ça va mal au Canada. »

L’auteure mentionne la tournée récente du ministre québécois Jean-Marc Fournier pour faire connaître la Politique d’affirmation du Québec et son ouverture à des changements constitutionnels. « On est dans le désintérêt pour parler de la question, on n’a pas ce qu’il faut pour que ça lève. »

Valérie Lapointe-Gagnon aimerait toutefois que ça lève. « On parle toujours des tensions et du divorce mais très peu des efforts de réconciliation. Mon intérêt pour la réconciliation m’a menée vers la Commission. » Les travaux des commissaires demeurent selon elle une référence pour qui s’intéresse aux droits linguistiques et à la santé du pays.


 

[1] Victime d'une rupture d'anévrisme cérébral, André Laurendeau est décédé le 1er juin 1968.

Print
18925

Contact author

x
Au CÉF, l’école se veut communautaire et citoyenne !

Au CÉF, l’école se veut communautaire et citoyenne !

Entretien avec Ronald Ajavon, directeur général du Conseil des écoles fransaskoises

Le CÉF travaille à établir un modèle unique d’école communautaire citoyenne en Saskatchewan. Il vise à favoriser à la fois la réussite des élèves et l’épanouissement des communautés.

Tuesday, November 19, 2019/Author: Conseil des écoles fransaskoises/Number of views (23073)/Comments (0)/
École et descendance française : Les francophones doivent-ils se satisfaire du minimum?

École et descendance française : Les francophones doivent-ils se satisfaire du minimum?

Une semaine après que les Franco-Colombiens aient demandé de meilleures écoles devant la Cour Suprême…

Saturday, November 2, 2019/Author: Réjean Paulin/Number of views (22564)/Comments (0)/
Sciences infirmières : un examen national décrié par les francophones

Sciences infirmières : un examen national décrié par les francophones

Le NCLEX (National Council Licensing Examination) fait trembler bien des candidats francophones au programme de sciences infirmières. Si dans sa version anglaise plus de 80 % d’entre eux réussissent au niveau national, le taux de réussite tombe à 30 % pour les candidats en français.

Thursday, October 31, 2019/Author: Lucas Pilleri/Number of views (27426)/Comments (0)/
Une communauté dévouée pour son école

Une communauté dévouée pour son école

Un nouveau terrain de jeu pour l'École Providence de Vonda

Grâce à la mobilisation des parents, du personnel et de la ville, l’École Providence de Vonda s’est paré d’un terrain de jeu flambant neuf pour le plus grand plaisir des enfants.

Monday, September 23, 2019/Author: Conseil des écoles fransaskoises/Number of views (29943)/Comments (0)/
Coup d'oeil sur l'École Mgr de Laval de Regina

Coup d'oeil sur l'École Mgr de Laval de Regina

L’école Monseigneur de Laval, Pavillon secondaire des Quatre Vents à Regina, n’a rien à envier aux établissements de la majorité.

Monday, September 23, 2019/Author: Conseil des écoles fransaskoises/Number of views (23670)/Comments (0)/
La langue michif au programme d'une école de Saskatoon

La langue michif au programme d'une école de Saskatoon

Un programme offert de la maternelle à la 3e année

SASKATOON - Les étudiants de la maternelle à la 3e année de l’école St. Michael Community School à Saskatoon auront l’occasion de suivre le premier programme d’apprentissage de la langue michif offert dans la ville et l’un des deux seuls programmes à l’échelle de la province.

Sunday, September 15, 2019/Author: Jean-Philippe Deneault/Number of views (25978)/Comments (0)/
Retrouvailles au Collège Mathieu

Retrouvailles au Collège Mathieu

45 ans après avoir terminé leurs études au Collège Mathieu d'anciens élèves se sont rencontrés à Gravelbourg.

 

Thursday, August 29, 2019/Author: Conseil des écoles fransaskoises/Number of views (26544)/Comments (0)/
Portraits de professeurs francophones de l’Université de la Saskatchewan

Portraits de professeurs francophones de l’Université de la Saskatchewan

SASKATOON - Sur près de 1 200 professeurs à l’Université de la Saskatchewan, on compte une vingtaine de francophones. L'Eau vive en a rencontré six.

Sunday, July 21, 2019/Author: Jean-Philippe Deneault/Number of views (27643)/Comments (0)/
Amélie Boutin, diplômée de l'École canadienne-française de Saskatoon

Amélie Boutin, diplômée de l'École canadienne-française de Saskatoon

Née à Saskatoon, Amélie a effectué tout son parcours scolaire à l’École canadienne-française, depuis la garderie jusqu’à la 12e année. Elle part maintenant étudier les sciences en français à l’Université d’Ottawa.

Friday, July 19, 2019/Author: Conseil des écoles fransaskoises/Number of views (24625)/Comments (0)/
Quand les jeunes s’investissent pour la science !

Quand les jeunes s’investissent pour la science !

Remise des prix Expo-science 2019

REGINA - Le 20 juin dernier, à l’école Monseigneur de Laval de Regina, on a pu assister à un spectacle de chansons, de danses concocté par les classes de 3e année,ainsi qu'à la remise des prix aux gagnants de l’Expo-sciences qui s‘était déroulée au début du mois.

Tuesday, July 16, 2019/Author: Linda Morales/Number of views (25305)/Comments (0)/
Deux enseignants reconnus pour leur engagement sportif

Deux enseignants reconnus pour leur engagement sportif

Terry Gaudet et Michel Forest honorés par la Saskatchewan High Schools Athletic Association

Terry Gaudet et Michel Forest, enseignants respectivement à l’École St-Isidore à Bellevue et à l’École Mathieu de Gravelbourg, ont chacun reçu le Prix du service de la Saskatchewan High Schools Athletic Association (SHSAA). Ces récompenses viennent souligner l’implication remarquable des deux instituteurs pour le sport à l’école.

Saturday, July 13, 2019/Author: Lucas Pilleri/Number of views (27513)/Comments (0)/
Une foire des sciences totalement en français

Une foire des sciences totalement en français

Expo-sciences à Mgr de Laval

REGINA - Le jeudi 6 juin 2019 avait lieu la foire des sciences de l’école Monseigneur de Laval. Les élèves de la 3e et de la 5e année étaient présents pour exposer leurs projets de recherche. 

Saturday, June 22, 2019/Author: Linda A. Morales/Number of views (26113)/Comments (0)/
Une première cohorte de juristes obtient des certifications en français

Une première cohorte de juristes obtient des certifications en français

SASKATOON - Pour la première fois, cinq étudiantes de l’Université de la Saskatchewan ont reçu ce 5 juin à Saskatoon une certification de common law en français de l’Université d’Ottawa. 

Friday, June 21, 2019/Author: Lucas Pilleri/Number of views (30154)/Comments (0)/
62,6 millions de dollars pour lutter contre la pénurie d’enseignants

62,6 millions de dollars pour lutter contre la pénurie d’enseignants

VANCOUVER - Le lundi 13 mai 2019, la ministre des Langues officielles Mélanie Joly a annoncé une stratégie nationale de recrutement et de rétention des enseignants francophones.

Tuesday, June 4, 2019/Author: Lucas Pilleri/Number of views (32770)/Comments (0)/
Lettre du président de la SCFPA: Déménagement à l’Académie Rivier

Lettre du président de la SCFPA: Déménagement à l’Académie Rivier

Malgré le fait que l’édifice des Sœurs de la Présentation de Marie ait été construit dans les années 1960, sauf la piscine (années 1980), il s’agit d’une occasion de créer, au-delà du concept de centre scolaire communautaire, un pôle d’attraction et de développement unique en Saskatchewan et dans l’Ouest canadien.

Thursday, April 25, 2019/Author: Michel Dubé/Number of views (27406)/Comments (0)/
RSS
First45679111213Last

 - Friday 3 May 2024