Skip Navigation
Fonds l'Eau vive banniere
Postsecondaire dans l'Ouest: la demande dépasse l’offre
Marianne Dépelteau – Francopresse
/ Categories: Web, Éducation, Postsecondaire

Postsecondaire dans l'Ouest: la demande dépasse l’offre

Dans l’Ouest canadien, la demande pour des programmes en français est plus élevée que l’offre des établissements postsecondaires. Pour les panélistes du forum citoyen de l’Ouest, organisé par la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada dans le cadre des États généraux sur le postsecondaire en contexte francophone minoritaire, cela nuit au développement et à l’épanouissement des communautés francophones.

Peter Dorrington

Peter Dorrington

Vice-recteur à l’enseignement et à la recherche de l’Université de Saint-Boniface à Winnipeg
Crédit : Courtoisie Université de Saint-Boniface
Le forum, animé par le vice-recteur à l’enseignement et à la recherche de l’Université de Saint-Boniface à Winnipeg, Peter Dorrington, a accueilli cinq panélistes. Elles se sont prononcées sur ce qu’elles observent actuellement dans les établissements postsecondaires de l’Ouest et sur les solutions à envisager.  

«Notre pilier, celui du droit d’apprendre, est instable et précaire», s’inquiète Caroline Magnan, professeure en common law en français dans plusieurs facultés de droit dans l’Ouest canadien.

Elle est d’avis qu’en raison de la croissance démographique du français dans l’Ouest, «à plusieurs égards, nos institutions sont victimes de leur propre excellence. C’est-à-dire que la demande est là, mais nous n’avons pas la capacité, en raison d’un manque de ressources, d’y répondre adéquatement».

«Au Campus Saint-Jean, les inscriptions et la demande dépassent largement le quota accordé. Notamment, il existe 24 places dans le programme de sciences infirmières bilingue, mais le campus a reçu 172 demandes pour ce programme en 2019-2020. […] Imaginez la transformation sociale qui pourrait se produire si on arrivait à former le double, même le triple des étudiants!» s’enthousiasme Caroline Magnan.

Suzana Straus, membre du conseil d’administration de la Commission nationale des parents francophones (CNPF) et présidente de la Fédération des parents de Colombie-Britannique (FPFCB), soutient également que l’offre est très limitée : «Dans la région du Grand Vancouver, si on veut continuer au postsecondaire en français, il y a [le Collège] Éducacentre et certains programmes à SFU [l’Université Simon Fraser]. […] C’est clair que si on veut rester localement, on perd nos élèves. La grande majorité vont aux universités anglophones.»

Elle-même mère de deux enfants, Suzana Straus constate que l’identité francophone passe parfois après certains facteurs comme l’offre au sein de la province. Les familles doivent alors faire des sacrifices, selon elle, pour assurer la meilleure éducation possible aux enfants : «C’est très difficile de voir, en tant que parent qui veut transmettre sa culture et son identité à ses enfants, qu’à chaque fois il faut se reposer ces questions et faire des choix très difficiles.»

Consultez notre dossier sur les États généraux

Des enjeux de financement et de rétention

Andréa Perreault

Andréa Perreault

Andréa travaille pour l’Association jeunesse fransaskoise.
Crédit : Courtoisie FCFA
Andréa Perrault, coordonnatrice de projet à l’Association jeunesse fransaskoise (AJF), estime qu’il est «vraiment important d’offrir des occasions aux jeunes de pouvoir participer et poursuivre leurs études postsecondaires en français, parce que c’est un moment décisionnel dans leur identité».

«C’est un défi qu’on voit beaucoup en Saskatchewan : les jeunes poursuivent leur postsecondaire en anglais et par la suite, dû à un manque de pouvoir communiquer en français et à un manque de pratique, il y a une insécurité linguistique qui se développe chez les jeunes, qui est un grand enjeu dans la rétention», ajoute la coordonnatrice.

La professeure Caroline Magnan observe que «le principal défi est celui du sous-financement des institutions. Cela peut se manifester différemment d’une province à l’autre, mais généralement [cela crée] une panoplie de problèmes tant au niveau de l’étendue et de la stabilité de la programmation qu’au niveau des déficits inadéquats. Il ne faut pas oublier le licenciement de professeurs, de chargés de cours et de personnel de soutien.»

Chloé Freynet-Gagné a obtenu son diplôme de premier cycle à l’Université de Saint-Boniface avant de poursuivre ses études de droit à Moncton et Montréal. La Franco-Manitobaine croit que les établissements devraient mettre l’accent sur la diversité des programmes et des politiques de portes ouvertes afin de garder les étudiants dans les institutions francophones de l’Ouest.

«C’est de s’assurer que les universités ont une politique de portes ouvertes. […] On peut voir, par exemple dans le domaine de l’éducation, que les écoles vont chercher leurs enseignants qui graduent des programmes d’éducation, mais ça devrait être dans toutes les sphères de l’éducation. […] Les organismes et les institutions devraient aller dans les universités, parler aux gens qui sont là et créer ce lien», dit-elle.

À lire aussi : Étudier en français en Atlantique ouvre des portes et transmet la fierté francophone

Redonner à la communauté francophone

Pour Sithara Naidoo, finissante en immersion au Campus Saint-Jean en Alberta, l’éducation en français a une grande valeur dans l’Ouest : «Pour moi, c’est aussi une occasion de redonner à la communauté francophone, ça fait une grande partie de mon identité vu que je suis issue de l’immersion. […] Ça ne serait pas vraiment gentil d’utiliser ces ressources et faire partie de cette communauté sans donner ce que je peux donner pour l’améliorer!»

L’étudiante explique qu’elle ne vient pas d’une famille francophone, mais que ça ne l’empêche pas de travailler fort pour son éducation en français.

«Je pense que c’est toujours important de s’impliquer dans sa communauté. […] Pour nous, c’est vraiment quelque chose qui nous passionne, car on a fait le choix de s’éduquer dans cette institution, donc on veut assurer qu’on peut avoir toutes les ressources possibles», explique-t-elle.

«Il y a tellement de jeunes [francophones] dans l’Ouest et si on les perd aux autres institutions francophones dans le pays, on perd tellement de connaissances et de potentiel qu’on pourrait garder ici pour développer nos communautés», ajoute Sithara Naidoo.

Caroline Magnan met elle aussi l’accent sur l’importance de la communauté. Elle exprime que «la force est dans nos communautés, tout simplement. Je pense que c’est ce qui distingue nos institutions postsecondaires».

Elle donne l’exemple des campus satellites mis en place par le Campus Saint-Jean pour le baccalauréat en éducation et de ses partenariats avec des établissements anglophones comme Red Deer College et Grand Prairie Regional College. «La beauté de la collaboration est qu’elle permet de bâtir sur les acquis. Lorsqu’on comprend qu’il ne faut pas toujours réinventer la roue dans nos petites régions, ça peut avoir un impact très positif sur l’étendue des programmations et un accès accru à la formation en français», conclut Caroline Magnan.

Les deux prochains forums citoyens auront lieu le 15 février pour l’Ontario et le 23 février pour le Nord.

Previous Article La francophonie, parent pauvre du postsecondaire
Next Article Les faibles taux de rétention, revers de la médaille en immersion
Print
8512

Marianne Dépelteau – FrancopresseFrancopresse

Other posts by Marianne Dépelteau – Francopresse
Contact author

Contact author

x
Quand on l’attaque, la francophonie contre-attaque

Quand on l’attaque, la francophonie contre-attaque

Le Franco (Alberta) – L’Association canadienne-française de l’Alberta (ACFA) promet une phase II de la campagne «Sauvons Saint-Jean» dès la rentrée. L’appel à des manifestations et une action en justice sont sur la table. 

Monday, August 24, 2020/Author: Geoffrey Gaye (Le Franco)/Number of views (18906)/Comments (0)/
Rentrée scolaire : des parents se confient

Rentrée scolaire : des parents se confient

Une rentrée sous le signe de la fébrilité et de la solidarité

À quelques semaines du jour J, beaucoup d’interrogations subsistent. Tantôt confiants, tantôt inquiets, plusieurs parents fransaskois se sont confiés à l’Eau vive.

Thursday, August 20, 2020/Author: Estelle Bonetto/Number of views (16084)/Comments (0)/
Dans ce temps-là !

Dans ce temps-là !

À l’époque où j’étais élève à la fin de l’élémentaire, quand arrivait le mois de juin, nous étions assez intenables dans les classes... La fête de la Saint-Jean-Baptiste marquait le début des vacances estivales. Les classes s’étaient terminées la veille et on avait vidé nos pupitres. Plus de devoirs. Plus de leçons. 

Thursday, July 16, 2020/Author: Michel Vézina/Number of views (22191)/Comments (0)/
Les Fransaskois obtiennent enfin une nouvelle école

Les Fransaskois obtiennent enfin une nouvelle école

Après plusieurs années d’attente et une entente de principe avec le gouvernement de la Saskatchewan qui tardait à se concrétiser, une nouvelle école primaire francophone verra finalement le jour dans la capitale provinciale.

Monday, July 13, 2020/Author: Lucas Pilleri/Number of views (28972)/Comments (0)/
Immersion : Cinquante ans d’une formule éprouvée

Immersion : Cinquante ans d’une formule éprouvée

Le tout premier programme d’immersion en Saskatchewan est apparu à Saskatoon en 1968. Cinquante ans plus tard, ils sont plus de 16 500 à travers la province à se retrouver sur les bancs du programme qui fait de plus en plus d’adeptes.

Wednesday, July 8, 2020/Author: Lucas Pilleri, avec les informations de Diane Lacasse/Number of views (26213)/Comments (0)/
Un jardin communautaire à l’école Mgr de Laval à Regina

Un jardin communautaire à l’école Mgr de Laval à Regina

Produire local, le nouveau défi des francophones de Regina

REGINA - LAssociation canadienne-française de Regina a inauguré son tout premier jardin communautaire le 15 juin dernier sur le terrain de l'École Mgr de Laval.

Wednesday, July 1, 2020/Author: Leslie Diaz – Initiative de journalisme local – APF /Number of views (30751)/Comments (0)/
Les Fransaskois applaudissent la victoire des parents franco-colombiens en Cour suprême

Les Fransaskois applaudissent la victoire des parents franco-colombiens en Cour suprême

Après 10 ans de lutte judiciaire, la Cour suprême du Canada a tranché en faveur des parents franco-colombiens. Cette décision historique a été chaudement saluée par la communauté fransaskoise.

Monday, June 29, 2020/Author: Lucas Pilleri – Initiative de journalisme local – APF/Number of views (27560)/Comments (0)/
L’histoire de la fransaskoisie narrée aux jeunes

L’histoire de la fransaskoisie narrée aux jeunes

Ateliers scolaires Gardiens de lys'toire par la Société historique de la Saskatchewan

À travers sa série d’ateliers pédagogiques, la Société historique de la Saskatchewan (SHS) donne vie à l’histoire dans la salle de classe des écoles de la province. 

Sunday, June 28, 2020/Author: Lucas Pilleri – Initiative de journalisme local – APF/Number of views (27054)/Comments (0)/
La pandémie risque de nuire à la francophonie des universités

La pandémie risque de nuire à la francophonie des universités

Les universités francophones du pays misent sur l’inscription d’étudiants internationaux. Les mesures sanitaires en place affecteront directement les inscriptions.

Sunday, June 14, 2020/Author: André Magny (Francopresse)/Number of views (21874)/Comments (0)/
Toujours pas de déblocage pour le Campus Saint-Jean

Toujours pas de déblocage pour le Campus Saint-Jean

Trois semaines après que l’Association canadienne-française de l’Alberta a lancé une campagne de mobilisation pour sauver le Campus Saint-Jean de l’Université de l’Alberta, l’incertitude règne toujours quant à l’avenir de l’établissement.

Saturday, June 13, 2020/Author: Guillaume Deschênes-Thériault – Francopresse /Number of views (23728)/Comments (0)/
Conseil des écoles fransaskoises: À vos pupitres, citoyens!

Conseil des écoles fransaskoises: À vos pupitres, citoyens!

Si tout va bien à la rentrée de septembre, le Conseil des écoles fransaskoises (CEF) ira de l’avant avec un concept nouveau en Saskatchewan, mais qui a fait ses preuves dans d’autres provinces: l’école communautaire citoyenne.

Saturday, June 13, 2020/Author: André Magny (Initiative de journalisme local – APF – Ouest)/Number of views (25509)/Comments (0)/
La Cour suprême donne gain de cause aux parents franco-colombiens

La Cour suprême donne gain de cause aux parents franco-colombiens

La Cour suprême du Canada a donné raison aux francophone de la Colombie-Britannique, qui réclame depuis dix ans devant les tribunaux que le système scolaire de langue française soit mis à égalité avec le système anglophone.

Friday, June 12, 2020/Author: Marc Poirier – Francopresse /Number of views (29203)/Comments (0)/
André Moquin, récit vivant de la fransaskoisie

André Moquin, récit vivant de la fransaskoisie

Fils et petit-fils de colons de l’Ouest, André Moquin a œuvré toute sa vie pour l’avancement de l’éducation en français dans sa province.

Tuesday, June 2, 2020/Author: Lucas Pilleri – Initiative de journalisme local – APF /Number of views (30852)/Comments (0)/
L'École Mgr de Laval slame ses accents à Regina

L'École Mgr de Laval slame ses accents à Regina

L'école fransaskoise remporte un prix international

Six élèves de la 8e année du Pavillon secondaire des Quatre Vents de l'école de Monseigneur on remporté un des deux Prix du public offerts dans le cadre du concours « Slame tes accents » du Centre de la Francophonie des Amériques.

Saturday, May 23, 2020/Author: Conseil des écoles fransaskoises/Number of views (28449)/Comments (0)/
Un vent de solidarité au Canada pour sauver le Campus Saint-Jean

Un vent de solidarité au Canada pour sauver le Campus Saint-Jean

L’appel à l’action de l’ACFA dans le cadre de la campagne «Sauvons Saint-Jean» a été entendu d’un bout à l’autre du pays, et même au-delà de nos frontières. 

Tuesday, May 19, 2020/Author: Guillaume Deschênes-Thériault (Francopresse)/Number of views (24143)/Comments (0)/
RSS
First34568101112Last

 - Saturday 23 November 2024