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Sénat : Des attentes élevées chez les francophones de l’Ouest

Sénat : Des attentes élevées chez les francophones de l’Ouest

Denis Simard

Denis Simard

Denis Simard, président de l'Assemblée communautaire fransaskoise.
Crédit : Courtoisie de l’ACF
Le Sénat canadien compte présentement neuf sièges vacants, dont trois dans l’Ouest canadien, soit en Colombie-Britannique, en Alberta et en Saskatchewan. Avec la retraite prochaine de la sénatrice Lilian Eva Dyck, qui aura 75 ans en août, un second siège sera à pourvoir en Saskatchewan. L’Assemblée communautaire fransaskoise (ACF) profite de l’occasion pour réitérer une demande exprimée depuis plusieurs années : la nomination d’un sénateur fransaskois.

Dans l’histoire politique récente, les francophones de l’Ouest ont été représentés par les sénatrices Maria Chaput du Manitoba (de 2002 à 2016) et Claudette Tardif de l’Alberta (de 2005 à 2018). Depuis la retraite de Mme Tardif, il ne reste plus que la Franco-Manitobaine Raymonde Gagné, nommée par Justin Trudeau en 2016.

Le président de l’ACF, Denis Simard, explique que l’organisme porte-parole de la francophonie en Saskatchewan a entrepris une stratégie à deux volets pour interpeller à la fois le gouvernement fédéral et la communauté fransaskoise ainsi que faire valoir leur revendication.

Après une première lettre adressée au premier ministre Trudeau en 2018 pour le sensibiliser à l’importance d’une représentation sénatoriale francophone, l’ACF vient d’envoyer une seconde lettre à Ottawa et a publié un communiqué sur son site web.

L’organisme cherche aussi à sensibiliser les membres de la communauté fransaskoise à déposer leur candidature pour obtenir un siège au Sénat. Cette initiative semble avoir porté ses fruits : « Nous sommes au courant de quelques Fransaskois qui ont déjà présenté leur dossier de candidature. Nous savons que d’autres s’organisent », souligne M. Simard.

De deux à une seule sénatrice francophone

En entretien, l’ancienne sénatrice Claudette Tardif explique qu’elle et sa collègue Maria Chaput avaient déjà beaucoup à faire pour représenter à elles seules l’ensemble de la francophonie de l’Ouest. Présentement, la sénatrice Gagné porte sur ses épaules tout le poids de cette lourde tâche.

Selon Mme Tardif, il y a un risque réel que la voix des francophones de l’Ouest soit quelque peu oubliée à Ottawa, en particulier dans un contexte où il y a peu de députés francophones de région aux Communes. En effet, depuis les élections d’octobre 2019, le seul député francophone à l’ouest de l’Ontario est Dan Vandal de Winnipeg.

« Deux francophones, ce n’est pas beaucoup pour représenter le Manitoba, la Saskatchewan, l’Alberta et la Colombie-Britannique, en plus des territoires. […] Je crois que c’est absolument essentiel qu’il y ait une voix francophone [dans les nominations à venir]. Les voix francophones à l’ouest du Manitoba ne sont pas toujours entendues », souligne Mme Tardif.

Une relation privilégiée

Denis Simard estime que la relation qu’entretiennent les associations francophones avec les sénateurs anglophones n’est pas la même qu’avec les francophones. Selon lui, les sénateurs francophones, même d’autres provinces de l’Ouest, ont une meilleure compréhension des réalités particulières de la communauté fransaskoise et du contexte historique dans lequel elle s’inscrit.

« Quand on parle aux sénatrices francophones, il y a une meilleure compréhension et une meilleure ouverture envers nos dossiers. Quand nous avons essayé de parler aux sénateurs anglophones, il y a toujours eu un respect et une ouverture pour nous écouter, mais pas nécessairement un grand suivi sur les conversations », déplore le président de l’ACF.

L’ancienne sénatrice Tardif mentionne d’emblée que sa porte était toujours ouverte aux représentants francophones de l’Alberta, mais aussi de l’ensemble de l’Ouest canadien. « J’ai été privilégiée de pouvoir travailler avec de nombreux organismes et associations lors de mon temps au Sénat. Pour moi, c’était toujours d’une importance capitale que leur voix soit entendue. Je recevais plusieurs délégations d’organisations francophones des provinces de l’Ouest. »

Sur le même sujet, Mme Tardif ajoute qu’il « est important d’avoir cette représentation sénatoriale, cette voix qui connaît bien les communautés francophones, qui connaît leurs besoins, leurs aspirations, leurs préoccupations et qui peuvent servir de voix au Sénat. »

Même si plusieurs de ses anciens collègues, dont ceux du Québec, pouvaient être très bien attentionnés par rapport aux besoins des communautés, cela n’équivaut pas à une expérience vécue. « Ce n’est pas simplement avoir des personnes qui parlent couramment le français, mais c’est aussi avoir une connaissance de ce que c’est de vivre en milieu minoritaire. C’est une nuance importante. »

Un soutien aux enjeux d’importance

Mme Tardif explique que les sénateurs disposent de plusieurs outils pour attirer l’attention sur des enjeux qu’ils jugent prioritaires, tels que les interpellations et la proposition de motions.

L’ancienne sénatrice aurait probablement tenté de faire adopter une motion demandant au Sénat de venir en aide à la Faculté Saint-Jean, la seule institution postsecondaire à l’ouest du Manitoba, qui traverse présentement une crise financière majeure. Même si elle n’est plus en poste, elle a contacté d’anciens collègues et des ministres à Ottawa pour les sensibiliser.

Une tradition bien ancrée

Le politologue de l’Université de Moncton Roger Ouellette soutient qu’il existe une tradition bien ancrée au Canada de nommer des sénateurs faisant partie des minorités linguistiques.

Depuis 1867, plus de 70 sénateurs issus des communautés francophones et acadiennes ont siégé au Sénat. Dans un livre paru en 2017, la politologue franco-ontarienne de l’Université d’Ottawa Linda Cardinal et son collègue de l’époque de la Faculté de droit Sébastien Grammond, maintenant juge à la Cour fédérale, soutiennent qu’il existe une convention constitutionnelle qui donne droit à une représentation sénatoriale aux francophones.

« Ce livre démontre bien, dans toute l’histoire du Sénat, comment des premiers ministres unilingues anglophones remontant à Macdonald ont trouvé important d’avoir une représentation des minorités au Sénat, et plus particulièrement dans le cas qui nous concerne de la minorité francophone », souligne le professeur Ouellette.

Le politologue insiste sur l’importance des conventions dans le système parlementaire canadien, qui en plus de reposer sur des règles écrites est fortement ancré dans le respect des traditions. Mme Tardif acquiesce : « Ça fait partie du fondement de qui nous sommes comme pays, cela représente la dualité canadienne. »

Regard historique

En 1871, John A. Macdonald nomme Marc-Amable Girard dans la première cohorte de sénateurs du Manitoba, nouvellement entré dans la Confédération canadienne. Depuis, les francophones de cette province ont pu jouir d’une représentation sénatoriale presque sans interruption en 150 ans, avec un total de 11 sénateurs.

Du côté de l’Alberta, on compte un total de six sénateurs francophones depuis 1906. Toutefois, il n’y a eu aucun Franco-Albertain au Sénat de 1964 jusqu’à la nomination de Claudette Tardif en 2005.

La Colombie-Britannique a été représentée par un seul francophone au Sénat dans son histoire, soit par James Gray Turgon de 1947 à 1964. Il en va de même pour les trois territoires avec Paul Lucier, qui a représenté le Yukon de 1975 jusqu’à son décès en 1999.

Enfin, en Saskatchewan, on dénombre trois sénateurs francophones. Le premier, Joseph-Benjamin Prince, fut nommé en 1909 par Wilfrid Laurier et le plus récent, William Albert Boucher, a siégé au Sénat de 1957 jusqu’à son décès en 1976. Ainsi, après près de 45 ans d’absence, le président de l’ACF espère revoir bientôt une représentation fransaskoise au Sénat canadien.

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