Skip Navigation
Fonds l'Eau vive banniere
Réjean Paulin

Une francophonie en déclin? Pas sûr.

Deux visions de la Francophonie se côtoient. L’une évoque l’avenir d’un Québec en évolution à côté des minorités en perdition. L’autre croit toujours en la force d’un français épanoui partout au Canada.

On a beaucoup entendu parler de la première ces dernières semaines. C’est celle de Denise Bombardier. L’autre provient de Sonia LeBel, ministre québécoise responsable des Relations canadiennes et de la Francophonie canadienne. Elle l’a exposée à Winnipeg, bien loin du plateau de Tout le monde en parle, au congrès annuel de la Fédération nationale des conseils scolaires francophones (FNCSF), au moment même où le documentaire Denise au pays des Francos semait l’émoi.

«Il y a un éveil fragile, une brèche au Québec», a-t-elle dit aux membres de la FNCSF. «Mon travail c’est de l’agrandir. Je suis convaincue qu’une francophonie canadienne forte va servir autant au Québec pour agrandir ses horizons.»

On est loin de la pensée souverainiste. Au soir de la défaite référendaire de 1995, Jacques Parizeau avait invité les Québécois à cesser de s’appeler «francophones». Ceci faisait d’eux une classe à part dont le lien avec la francophonie canadienne était fort ténu.

Loin aussi de la vision de René Lévesque.

Je l’ai rencontré dans une librairie de Charlottetown à l’Ile-du-Prince-Édouard. Il présentait la version anglaise de sa biographie publiée en 1986. Je lui avais demandé ce qu’il pensait de ce concept qui veut que le nord du Nouveau-Brunswick et l’est de l’Ontario agissent comme coussin protecteur de la francité québécoise.

Sa réponse fut immédiate. C’était plutôt le contraire, avait-il répondu. C’est le Québec qui à ses yeux était protecteur de ces minorités.

La vérité est peut-être entre les deux.

Un foyer, plusieurs nids

La francophonie déborde des frontières québécoises en grande partie parce que d’anciens Québécois sont devenus Acadiens, Franco-Ontariens, Fransaskois ou autres. On compte 12 communautés minoritaires au pays, qui ont des racines dans la vallée du Saint-Laurent.

Ces descendants agissent comme avant-garde. Même si de sombres augures leur prédisent des lendemains désastreux, ils éloignent le Québec de la ligne de front où soir et matin, on se frotte à la langue de Shakespeare.

Bien sûr, des soldats tombent au combat, mais les effectifs continuent de croitre. Les descendants de souche française fondent des familles tandis que des Néo-Canadiens francophones de toutes origines se joignent à eux.

Cette langue que tout le monde comprend au Québec, je l’ai parlée avec un Fransaskois à bord de sa moissonneuse-batteuse qui couchait le blé dans un champ immense aux couleurs d’or. Je l’ai aussi parlée pendant trois jours à bord d’un crabier dans le golfe Saint-Laurent, où plus une terre n’était en vue, puis dans une mine souterraine du nord du Nouveau-Brunswick. Je l’ai entendue dans un café de Yellowknife dans les TNO.

Bref, il s’agit ici d’une langue toujours vivante qui fait partie du quotidien, bien au-delà des terres québécoises.

Cette francophonie est le rayonnement historique et contemporain du foyer francophone qu’est le Québec. Ce rayonnement est la preuve que l’expansion du français sur notre continent transcende les frontières politiques.

De ce point de vue, il y a place pour la vision de Sonia LeBel. «Mon mandat est de faire en sorte que la politique québécoise ouvrira ses frontières et entretiendra un réel dialogue.»

À l’intention des pessimistes, faisons état de ce qui ne va pas si mal.

Une école française vient tout juste d’ouvrir ses portes à Golden en Colombie-Britannique. À Kemptville, une petite ville anglophone près d’Ottawa, l’école Rivière Rideau ouverte en 2016, a plus que doublé ses effectifs en trois ans.

Ces francophones continuent de faire vivre la langue française sur un des plus grands territoires politiques de la planète.

Oui, il y a place pour un dialogue avec un interlocuteur qui n’est pas sur le point de mourir.

Print
23636

Réjean PaulinRéjean Paulin

Other posts by Réjean Paulin
Contact author

Contact author

x
Postsecondaire dans l'Ouest: la demande dépasse l’offre

Postsecondaire dans l'Ouest: la demande dépasse l’offre

Dans l’Ouest canadien, la demande pour des programmes en français est plus élevée que l’offre des établissements postsecondaires. C'est ce qui ressort des États généraux sur le postsecondaire en contexte francophone minoritaire.

Tuesday, February 8, 2022/Author: Marianne Dépelteau – Francopresse/Number of views (8450)/Comments (0)/
La francophonie, parent pauvre du postsecondaire

La francophonie, parent pauvre du postsecondaire

L’égalité est loin d’être atteinte entre les établissements postsecondaires francophones et ceux de la majorité anglophone. 

Tuesday, January 25, 2022/Author: Francopresse/Number of views (7696)/Comments (0)/
Revue de l'année 2021 - Éducation

Revue de l'année 2021 - Éducation

Survol de l'actualité fransaskoise durant l'année 2021 dans le domaine de l'éducation.

Friday, January 14, 2022/Author: Lucas Pilleri/Number of views (8752)/Comments (0)/
Reconnaissance nationale pour Ronald Ajavon du CÉF

Reconnaissance nationale pour Ronald Ajavon du CÉF

Ronald Ajavon du Conseil des écoles fransaskoises est reconnu parmi les 10 personnalités influentes de la francophonie canadienne de 2021.

Monday, January 3, 2022/Author: Francopresse/Number of views (8698)/Comments (0)/
Garderies à 10 $ : pas de clause linguistique pour les francophones

Garderies à 10 $ : pas de clause linguistique pour les francophones

La Fédération des communautés francophones et acadiennes craint désengagement du fédéral de sa responsabilité de protéger l'éducation de la petite enfance en français. 

 

Friday, December 17, 2021/Author: Inès Lombardo – Francopresse /Number of views (10422)/Comments (0)/
Étudier en français sans le parler : le défi des élèves allophones

Étudier en français sans le parler : le défi des élèves allophones

L’intégration des élèves allophones, de plus en plus nombreux, représente un défi pour les écoles francophones en milieu minoritaire. 

Thursday, December 16, 2021/Author: Marine Ernoult – Francopresse/Number of views (7932)/Comments (0)/
Qu'est-ce que la communauté fransaskqueer?

Qu'est-ce que la communauté fransaskqueer?

La Cité universitaire francophone de Regina organisait une table ronde sur la communauté fransaskqueer, du nom d’un projet d’études sur l’identité et les expériences queer et trans des Fransaskois.

Sunday, November 28, 2021/Author: Estelle Bonetto – IJL-Réseau.Presse /Number of views (13654)/Comments (0)/
Éducation francophone : Me  Roger Lepage décortique l’article 23

Éducation francophone : Me Roger Lepage décortique l’article 23

Me Roger Lepage nous explique que la francophonie canadienne en situation minoritaire revient de loin en matière d’éducation en français.

Sunday, November 21, 2021/Author: Mehdi Jaouhari – IJL-Réseau.Presse/Number of views (13267)/Comments (0)/
Quel continuum en éducation pour les Fransaskois ?

Quel continuum en éducation pour les Fransaskois ?

Le Rendez-vous fransaskois qui avait lieu du 1er au 7 novembre touchait un sujet sensible et urgent : l’éducation. Dans cet article, vous trouverez un résumé des discussions qui ont eu lieu à ce sujet.

Saturday, November 13, 2021/Author: Marie-Lou Bernatchez/Number of views (13723)/Comments (0)/
Jean Féron : à la découverte d’un trésor bien caché

Jean Féron : à la découverte d’un trésor bien caché

Le Conseil culturel fransaskois a publié un troisième guide pédagogique consacre à Joseph-Marc Lebel, alias Jean Féron, l’un des joyaux les plus méconnus de la littérature francophone de l’Ouest.

 

Monday, November 1, 2021/Author: Estelle Bonetto/Number of views (12582)/Comments (0)/
Des balados en français pour les écoles

Des balados en français pour les écoles

Le Conseil culturel fransaskois a dévoilé son projet déCLIC, une série de balados éducatifs qui explore la construction langagière, identitaire et culturelle en Saskatchewan.

Monday, October 25, 2021/Author: Leslie Diaz/Number of views (8840)/Comments (0)/
Garderies à 10 $ : ententes opaques sur d’éventuelles clauses linguistiques

Garderies à 10 $ : ententes opaques sur d’éventuelles clauses linguistiques

La création d’un système public pancanadien de garderies à 10 $ améliorera le sort des parents canadiens, mais les francophones en situation minoritaire s’inquiètent du manque de places de garderie pour eux malgré tout.

Friday, October 8, 2021/Author: Marine Ernoult – Francopresse/Number of views (9816)/Comments (0)/
Garderies francophones : une cinquantaine de nouvelles places à Saskatoon

Garderies francophones : une cinquantaine de nouvelles places à Saskatoon

Apprenez-en plus sur les deux nouveaux établissements de la petite enfance francophones qui ont ouvert leurs portes récemment à Saskatoon.

Thursday, October 7, 2021/Author: Mehdi Jaouhari – IJL-Réseau.Presse/Number of views (10508)/Comments (0)/
Une Journée d’orientation scolaire réussie

Une Journée d’orientation scolaire réussie

La Journée d’orientation scolaire du SAIF-SK pour les nouveaux arrivants a attiré plus d’une quinzaine de familles francophones et non francophones.

Monday, September 6, 2021/Author: Mehdi Jaouhari/Number of views (11760)/Comments (0)/
Projet de loi 96 : quel impact pour les étudiants fransaskois ?

Projet de loi 96 : quel impact pour les étudiants fransaskois ?

Le gouvernement québécois veut rapprocher la francophonie canadienne et québécoise, notamment en réduisant les frais de scolarité des programmes universitaires et collégiaux offerts en français. 

Monday, June 14, 2021/Author: Emmanuel Masson/Number of views (16612)/Comments (0)/
RSS
123578910Last

 - Friday 22 November 2024