Skip Navigation
Ces colons qui voulaient civiliser les sauvages

Ces colons qui voulaient civiliser les sauvages

Le 30 novembre, la Cité universitaire francophone de Regina a accueilli une conférence portant sur l’histoire de la colonisation du Canada et le traitement des nations autochtones par les communautés francophones de l’Alberta et de la Saskatchewan. 

C’est Rebecca Lazarenko, doctorante franco-métisse à l’Université de York en Alberta et citoyenne de la Nation Métis de l’Alberta, qui a présenté une analyse préliminaire pour l’écriture de sa thèse portant sur les relations entre les francophones et les peuples autochtones dans l’Ouest canadien.

Des rives de l’Atlantique jusqu’aux côtes de la Colombie-Britannique, les francophones ont grandement marqué l’histoire du Canada. Pendant des siècles, ils sont venus d’Europe et d’Afrique et ont fondé des collectivités dynamiques, non seulement au Québec, mais aussi partout ailleurs au pays.

Image
Rebecca Lazarenko, doctorante à l’Université de York en Alberta et citoyenne de la Nation Métis de l’Alberta Crédit : Courtoisie

Rebecca Lazarenko est revenue sur les fondements du projet colonial français dans l’ouest du pays, projet majoritairement porté par l’Église. Elle explique que l'installation des missions francophones dépendait des missions catholiques et ce sont ces mêmes missionnaires qui ont répandu le mot « sauvage » pour parler des habitants du Nouveau Monde.

« Ces sauvages n’étaient pas des personnes pour eux, ils étaient quelque chose qui progressivement devenait un problème, voire une menace, indique la doctorante. Pour répondre à ce problème, ils ont donc utilisé l’assimilation et la destruction. »

Cette partie sombre de l’histoire franco-canadienne est bien trop souvent oubliée selon l’étudiante : « Je pense qu’il est important de rappeler l’arrivée des missionnaires comme celle de colons », dit-elle, avant d’ajouter que, l’effort de décolonisation par la réconciliation ne pourra aboutir tant que les vérités, francophones et anglophones, ne seront pas admises.

Un travail de fourmi

La recherche entreprise par Rebecca Lazarenko porte sur les relations coloniales entre les francophones de l’Ouest et les nations autochtones, à l’instar des Métis, à travers une revue intensive des journaux francophones de l’Alberta, de la Saskatchewan et du Manitoba.

L’objectif de sa recherche est de mettre en lumière le projet colonial des francophones de l’Ouest, un projet qui dépendait de la colonisation des terres et des peuples autochtones afin d’assurer l’implantation et la suprématie des peuples francophones, de la langue française et de la religion chrétienne.

Image
La conférence s’est déroulée sur Zoom et a réuni 38 participants. Crédits : Captures d’écran

C’est en épluchant les journaux tels que Le Patriote de l’Ouest et La Liberté que la jeune femme a pu établir une contextualisation des faits. « Bien qu’il me reste environ un 10 % de recherche à faire concernant le Manitoba, j’ai déjà assez de matière pour pouvoir soulever des questions et des mises en perspective pour l’Alberta et la Saskatchewan », explique-t-elle.

La place des Métis

Dans la famille de Rebecca Lazarenko, être métis était un secret pour le monde extérieur. « On a toujours su, on en parlait, mais jamais en public, confie-t-elle. C’était un secret sans être un secret, ce qui a entraîné beaucoup de confusion dans mon cheminement identitaire. »

Et, un jour, c’est le déclic. L’étudiante comprend que l’assimilation n’est pas le point final, qu’elle peut arborer une identité plurielle : « J’ai compris beaucoup de choses en grandissant et, bien que ma mère et moi ne soyons pas d’accord, je ne pense pas qu’il soit trop tard pour m’imprégner de tout ce que ces identités ont à m’offrir. »

C’est justement cette proximité avec la pluralité des identités dans l’Ouest qui l’a aidée dans son travail de recherche : « Je suis particulièrement fière de mon parcours scolaire et linguistique, puisque je parle français, anglais, michif et cri. Je crois particulièrement au pouvoir des langues pour ouvrir les esprits et apporter des perspectives différentes. »

Au fil des décennies, les Métis blancs ont eu selon la doctorante le privilège de pouvoir se présenter comme un membre de la culture dominante, soit anglophone ou francophone, plutôt que d’affirmer leurs racines autochtones.

Un choix que la jeune femme ne veut pas avoir à faire à titre personnel : « Je ne veux pas devoir choisir et éviter les conversations. J’espère que ma thèse ouvrira certaines portes et pourra aider à corriger certaines visions erronées de l’histoire », conclut Rebecca Lazarenko.

La conférence Civiliser les sauvages a été organisée par la Cité universitaire francophone de l’Université de Regina en partenariat avec l’Université de la Saskatchewan de Saskatoon et l’Association francophone pour le savoir (ACFAS).

 

Print
5747

Leslie DiazLeslie Diaz

Other posts by Leslie Diaz
Contact author

Contact author

x
Trois minutes pour convaincre

Trois minutes pour convaincre

Le 13 mars, l'Association francophone pour le savoir (ACFAS) a convié en ligne le public à la finale fransaskoise du concours Ma thèse en 180 secondes. La relève universitaire d’expression française de la province a ainsi présenté ses projets de recherche en un format accessible, ludique et dynamique.

Thursday, March 23, 2023/Author: Lucas Pilleri/Number of views (5634)/Comments (0)/
Une pionnière de l’enseignement des arts industriels récompensée

Une pionnière de l’enseignement des arts industriels récompensée

La Fransaskoise Julie Lemire s’est vu remettre, le 4 novembre 2022, le Saskatchewan Youth Apprenticeship (SYA) Champion Award, un prix qui souligne les réalisations d’enseignants du secteur des arts industriels de la province.

Friday, January 27, 2023/Author: Estelle Bonetto/Number of views (6477)/Comments (0)/
Près de 16 000 ayants droit : un argument massue pour plus d’écoles fransaskoises

Près de 16 000 ayants droit : un argument massue pour plus d’écoles fransaskoises

En novembre dernier, Statistique Canada a révélé que près de 16 000 jeunes Saskatchewanais étaient admissibles à l’instruction en français en 2021. Pourtant, seulement 2 000 élèves fréquentent les écoles francophones de la province. Des personnalités de la communauté réagissent.

Wednesday, January 25, 2023/Author: Anne-Hélène Mai – IJL-Réseau.Presse/Number of views (6004)/Comments (0)/
Francis Kasongo, un pilier de l’éducation en français

Francis Kasongo, un pilier de l’éducation en français

Le 9 novembre, lors du congrès national du Réseau des cégeps et collèges francophones du Canada (RCCFC) à Montréal, le directeur général du Collège Mathieu Francis Kasongo a reçu le prix Pilier collégial francophone. Cette distinction vient ainsi souligner son travail pour le développement de l’éducation postsecondaire collégiale en français en Saskatchewan. Le fier récipiendaire revient sur son engagement.

Friday, November 25, 2022/Author: Lucas Pilleri/Number of views (6721)/Comments (0)/
Des bibliothèques communautaires à Regina

Des bibliothèques communautaires à Regina

Dans le cadre de la rentrée des classes, l’Association communautaire fransaskoise de Regina (ACFR), en partenariat avec le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF), a dévoilé trois bibliothèques communautaires extérieures. L’objectif : favoriser le partage de livres et encourager à la lecture en français.

Tuesday, October 18, 2022/Author: Marie-Lou Bernatchez – IJL-Réseau.Presse/Number of views (7204)/Comments (0)/
Le Conseil culturel fransaskois plus près des écoles

Le Conseil culturel fransaskois plus près des écoles

En cette période de rentrée, le Conseil culturel fransaskois (CCF) veut resserrer ses liens avec le secteur scolaire. 

Thursday, September 29, 2022/Author: Leanne Tremblay – IJL-Réseau.Presse/Number of views (6885)/Comments (0)/
Collège Mathieu : une nouvelle Charte pour une nouvelle ère

Collège Mathieu : une nouvelle Charte pour une nouvelle ère

Une nouvelle époque s’ouvre pour le Collège Mathieu qui vient de renouveler sa charte le 17 août. Alors que l’Église catholique ne sera plus représentée dans le conseil d’administration de l’établissement, la nouvelle loi veut faire plus de place à la jeunesse et aux femmes, ainsi qu’à certaines compétences clés. 

Thursday, September 1, 2022/Author: Mehdi Mehenni – IJL-Réseau.Presse/Number of views (6007)/Comments (0)/
Le fédéral assure défendre les droits des Fransaskois

Le fédéral assure défendre les droits des Fransaskois

Mehdi Mehenni – IJL-Réseau.Presse La ministre des Langues officielles et ministre responsable de l’Agence de promotion économique du Canada atlantique, Ginette Petitpas Taylor, était en visite le 29 juillet à Regina dans la cadre des consultations pancanadiennes sur les langues officielles entamées en mai dernier. Une visite durant laquelle une annonce de 7,1 millions de dollars a été faite au profit de la Cité universitaire francophone de l’Université de Regina et du Collège Mathieu.

En évoquant le projet de Loi sur les langues officielles, toujours en cours d’adoption au Parlement, Ginette Petitpas Taylor souligne l’engagement du fédéral à s’assurer que, à l’échelle provinciale, les communautés de langues officielles en situation minoritaire « reçoivent les services et droits nécessaires pour continuer à vivre et à travailler dans leur langue maternelle ».  

Friday, August 12, 2022/Author: Mehdi Mehenni – IJL-Réseau.Presse /Number of views (4918)/Comments (0)/
7,1 millions de dollars pour le postsecondaire fransaskois

7,1 millions de dollars pour le postsecondaire fransaskois

La Cité universitaire francophone de l’Université de Regina et le Collège Mathieu viennent de bénéficier d’un budget de plus de 7,1 millions de dollars pour la construction, la rénovation et le développement d’espaces éducatifs postsecondaires, mais aussi pour accroître l’offre de programmes qui desservent les communautés de langue officielle en situation minoritaire.

Friday, July 29, 2022/Author: Mehdi Mehenni – IJL-Réseau.Presse/Number of views (6215)/Comments (0)/
Café le Réseau : les élèves aux manettes derrière le comptoir

Café le Réseau : les élèves aux manettes derrière le comptoir

Depuis le 8 juin, le Café le Réseau a ouvert ses portes au sein même de l’école Monseigneur de Laval. Se voulant un lieu de rencontre, l’établissement est une initiative 100 % étudiante qui fait la fierté des jeunes et de leurs enseignants, et le bonheur des clients.

Saturday, July 2, 2022/Author: Lucas Pilleri – IJL-Réseau.Presse/Number of views (3987)/Comments (0)/
Joe Poirier: Une passion pour la fransaskoisie récompensée

Joe Poirier: Une passion pour la fransaskoisie récompensée

Joseph, dit Joe, Poirier a passé sa vie à défendre la cause fransaskoise. À 78 ans, il est récompensé pour ce dévouement en recevant, en avril dernier à Ottawa, la Médaille du souverain pour les bénévoles des mains de la gouverneure générale du Canada Mary Simon.

Friday, May 13, 2022/Author: Marie-Lou Bernatchez – IJL-Réseau.Presse/Number of views (7006)/Comments (0)/
La francophonie entre privilèges et marginalisations

La francophonie entre privilèges et marginalisations

Les chercheurs et membres des communautés francophones de l’Ouest et du Canada se sont rassemblés de manière virtuelle dans le cadre du colloque du Centre d’études franco-canadiennes de l’Ouest, organisé par La Cité universitaire francophone de l’Université de Régina.

Wednesday, April 6, 2022/Author: Marie-Lou Bernatchez/Number of views (7514)/Comments (0)/
L’enseignement en français au cœur des débats

L’enseignement en français au cœur des débats

Les collèges et universités francophones en milieu minoritaire font face à d’importants défis partout au Canada.

Tuesday, March 1, 2022/Author: Marie-Lou Bernatchez – IJL-Réseau.Presse/Number of views (8417)/Comments (0)/
Les faibles taux de rétention, revers de la médaille en immersion

Les faibles taux de rétention, revers de la médaille en immersion

Les programmes d’immersion ont augmenté dans les vingt dernières années, mais moins de la moitié des élèves restent jusqu’à l’obtention de leur diplôme.

Thursday, February 10, 2022/Author: Ericka Muzzo – Francopresse /Number of views (7442)/Comments (0)/
Postsecondaire dans l'Ouest: la demande dépasse l’offre

Postsecondaire dans l'Ouest: la demande dépasse l’offre

Dans l’Ouest canadien, la demande pour des programmes en français est plus élevée que l’offre des établissements postsecondaires. C'est ce qui ressort des États généraux sur le postsecondaire en contexte francophone minoritaire.

Tuesday, February 8, 2022/Author: Marianne Dépelteau – Francopresse/Number of views (8133)/Comments (0)/
RSS
124678910Last

 - Thursday 14 November 2024