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Un filet sécuritaire humain pour prévenir le suicide

Filet de sécurité contre le suicide
La réalité…

À l’échelle mondiale, on estime qu’un suicide a lieu toutes les quarante secondes et une tentative toutes les trois secondes : un million de suicides chaque année. Sans compter les 10 millions de nouvelles personnes en deuil. Non, je ne me suis pas trompée de chiffre… Quelles tristes statistiques ! En effet, le suicide est un grave problème de santé publique qui a des effets à long terme sur les personnes, les familles et les communautés.

Depuis 16 ans, l’Association internationale pour la prévention du suicide, en collaboration avec l’Organisation mondiale de la santé, fait du 10 septembre la Journée mondiale de la prévention du suicide. « Travaillons ensemble pour prévenir le suicide1 » était le thème choisi pour 2018. Pour cette occasion, le 10 septembre dernier, et pour une première fois à Regina, une soirée vigile avait été organisée devant le Palais législatif. Une façon simple de démontrer son appui à la prévention du suicide, son soutien aux nombreux endeuillés par suicide ou en souvenir d’un être cher. Plus d’une cinquantaine de personnes y ont assisté. J’y étais. Ce rassemblement était très touchant. Le message était clair : parler du suicide sauve des vies. Dépassons certains préjugés du genre « si une personne est déprimée, elle est faible » ou « une personne qui se suicide est égoïste ».  NON! Une personne qui a des pensées suicidaires est en danger et malheureusement, trop souvent, nous ne voyons pas les signes précurseurs.

Qu’est-ce qu’on peut faire ?

La réponse est dans la création d’un filet sécuritaire humain pour prévenir le suicide.

Pour commencer, il faut faire face à cet éléphant dans la salle pour mieux comprendre le phénomène du suicide. À mon avis, l’éducation et la sensibilisation sont deux éléments clés pour prévenir le suicide dans notre milieu. Je m’arrête ici pour être transparente avec vous – je vous déclare en conflit d’intérêts. Vous savez peut-être que je suis certifiée pour offrir des formations conçues justement pour « prévenir le suicide ». La formation SafeTALK outille les participants à être vigilants et à répondre aux « appels à l’aide » d’une personne avec des pensées suicidaires. Aussi, la formation sur les premiers soins en santé mentale donne une meilleure compréhension du lien entre les troubles de santé mentale et le suicide.

Pour moi, m’investir à donner ces formations m’aide à cheminer dans mon deuil. J’ai perdu mon fils Jérémy au suicide, il y a maintenant 9 ans. Son copain Dave s’était suicidé un mois avant. Cette double tragédie reste le plus grand choc de ma vie. Avant les suicides de mon fils et de son copain, je ne connaissais rien sur le sujet. Et une fois touchée par ce phénomène, j’ai voulu mieux comprendre. C’était naturel pour moi de passer à l’action en choisissant de m’éduquer et de me sensibiliser. Je me connais bien, c’est ma façon de « garder le contrôle ». Ceci étant dit, je reconnais que nous sommes uniques et que nos réactions au même évènement seront toutes différentes. Et je les respecte.

Parlons-en !

La clé pour la prévention du suicide est d’en parler. Oui, ça peut vous sembler intimidant d’aborder un sujet si intense avec quelqu’un qui ne semble pas dans son assiette. Vous ne savez pas quoi dire? Demandez-lui simplement si elle a des idées suicidaires, si elle pense au suicide. Vous pourriez dire « parfois quand une personne est (insérez ce que vous voyez chez elle : elle néglige sa personne, elle fait des abus de drogues ou d’alcool, etc.), c’est parce qu’elle pense au suicide. Est-ce que tu penses au suicide ? »

Écouter sans porter jugement !

Des fois, il est nécessaire d’agir de façon urgente pour protéger une personne vulnérable. Dans ces cas difficiles, on appelle un intervenant en prévention du suicide ou les services d’urgence. Nos actions et notre attention peuvent faire toute une différence dans la vie d’un proche, d’un voisin, d’un collègue. Vous vous posez sans doute la question : « Est-ce que je ne risque pas de donner l’idée à la personne de se suicider en lui posant la question alors qu’elle ne pensait pas au suicide ? » La réponse est NON. Ceci est une fausse idée, un mythe. Très souvent, la personne qui ne pensait pas au suicide percevra la question comme étant un geste de sollicitude et de bienveillance de votre part.

Dans tous les cas, votre attention à l’autre, dans votre écoute ou dans vos gestes, ne passera pas inaperçue et viendra renforcer un filet de sécurité humain qui viendra soutenir une personne avec des pensées suicidaires. Chacun à notre façon, travaillons ensemble pour prévenir le suicide !

1  Source : https://www.aqps.info/journeemondiale/a-propos.html

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Francine Proulx-KenzleFrancine Proulx-Kenzle

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