Skip Navigation
Bon 36366
Carol Léonard
/ Categories: 2016, Les noms d'ici

Lac à Piché (Minnewanka): la perle des Rocheuses et le Voyageur chef de tribu

Lac Minnewanka - Lac à Piché

Lac Minnewanka - Lac à Piché

Véritable joyau des Rocheuses, le lac Minnewanka est, avec ses vingt-et-un kilomètres, la plus longue nappe d’eau du réseau des parcs de la cordillère canadienne. Les abords de ses eaux aux reflets émeraude et lapis-lazuli sont fréquentés depuis plus de cent siècles.

Le nom Minnewanka est dérivé de Minn-waki. Il signifie « esprits des eaux ». Il lui a été donné par les Ĩyãħé Nakoda (Stoney). Ce nom évoque les réminiscences d’une bataille qui eut lieu jadis entre Dakotas et une tribu dont on n’a pas conservé le souvenir. L’engagement entre les adversaires fut violent au point d’empourprer les eaux du sang qui y fut versé. Les esprits des morts qui hantent les eaux ont, dit-on, été parfois entendus.

Cette majestueuse nappe d’eau a reçu d’autres noms1. Peechee’s lake (lac à Piché), qui rappelle la mémoire de Louis-Joseph Piché (alias Peechee, Pesew), est celui sur lequel nous souhaitons nous attarder.

Nous savons peu si ce n’est presque rien sur les origines de Louis-Joseph Piché. Ses ancêtres paternels auraient été de Terrebonne bien que lui-même aurait vu le jour dans la région de Sault-Sainte-Marie. On en a même fait le petit-fils de Jean Nicollet (1598-1642). Il est plus vraisemblable que l’explorateur ait été son bisaïeul. 

En 1786, il est affecté à l’établissement de Peter Pond sur la rivière Athabasca. Une altercation avec un concurrent de la traite, John Ross, se termine mal. Piché décharge accidentellement son fusil et abat Ross. Cette tragédie précipite la formation de la Compagnie du Nord-Ouest.

En 1793, Piché est au fort Tremblant sur l’Assiniboine (Saskatchewan). Puis en 1795, il participe avec Peter Pangman à l’édification du fort Edmonton. Après avoir passé quelque temps à Paint Creek House en 1809, il retourne au fort Edmonton/Lower Terre Blanche.

On le retrouve ensuite au fort de la Montagne (Rocky Mounain House) où il figure au nombre des membres du groupe d’Alexander Henry. C’est à cette époque qu’il aurait participé à la traversée des Rocheuses de David Thompson par le col de l’Athabasca2.

Au lendemain de la fusion de la Compagnie de la Baie d’Hudson et de la Compagnie du Nord-Ouest, ce métis très influent forme la bande Asini Wachi Wi Iniwak (Cris des Montagnes Rocheuses) dont il devient de facto le chef.

En 1840, il offre ses services de guide au pasteur Robert Rundle. En 1841, John Rowand agent principal de la Compagnie de la Baie d’Hudson au fort Edmonton retient les services de Piché pour guider le gouverneur George Simpson et son équipe à travers les montagnes Rocheuses. Ils se rendent d’abord dans la région de Banff et du lac Minnewanka où Piché a établi l’une de ses aires de chasse puis, ils entreprennent la longue traversée à travers les montagnes jusqu’au fort Colville (état de Washington).

La même année, Louis-Joseph Piché envoie son fils Alexis à Saint-Boniface pour convaincre l’évêque Norbert Provencher de porter le salut dans les régions privées du secours de la religion. L’année suivante, le prélat mandate l’abbé Jean-Baptiste Thibault d’aller évangéliser ces lointaines régions. Ainsi naît la mission du lac Sainte-Anne.

Tout comme leur père, Alexis Piché (alias Keskayiwew et Bobtail) et son frère Jean-Baptiste Piché (Kôsihkosiwayâniw) deviennent à leur tour des chefs respectés. En 1877, Alexis et sa bande adhèrent au Traité 6.

En 1884, George Dawson nomme une montagne, le mont Peechee en l’honneur de Louis-Joseph. Elle peut être observée depuis le lac Minnewanka, mais aussi de la terrasse de l’hôtel Banff Spring.

En 1888, le lac Piché ou Peechee apparaît désormais sous le nom Minnewanka.

Laissons à l’archéologue et anthropologue Joachim Fromhold le soin d’apporter la conclusion à cette chronique sur Louis-Joseph Piché et sa famille qui semblent avoir été de tous les événements et de toutes les rencontres"Although the Cree did not have a “Royal Family” or Ruling House, the Piche family came close to being the Rulling House of the West people for 100 years”3.

1-     M'né-sto, (lac Cannibal) Stoney; Ki'-noo-ki'-mow (lac long) en Cri. Imne Sto Imne (lac étroit); Devil’s Lake (lac du Diable) dérivé du nom cri Manito Sakahigan emprunté à la montagne Manito Ostikwan (aujourd’hui Devils Head).

2-     Il figurerait au journal de Thompson sous le nom « Pichette ». Voir : University of Calgary, The People Who Own Themselves – Aboriginal Naming Practices. http://people.ucalgary.ca/~hdevine/naming.htm

3-     Fromhold, J. (2010). The Western Cree (Pakisimotan Wi Iniwak) - Ethnography: Lulu.com. p. 101.


Print
16746

Carol LéonardCarol Léonard

Other posts by Carol Léonard
Contact author

Contact author

x
Postsecondaire dans l'Ouest: la demande dépasse l’offre

Postsecondaire dans l'Ouest: la demande dépasse l’offre

Dans l’Ouest canadien, la demande pour des programmes en français est plus élevée que l’offre des établissements postsecondaires. C'est ce qui ressort des États généraux sur le postsecondaire en contexte francophone minoritaire.

Tuesday, February 8, 2022/Author: Marianne Dépelteau – Francopresse/Number of views (6399)/Comments (0)/
La francophonie, parent pauvre du postsecondaire

La francophonie, parent pauvre du postsecondaire

L’égalité est loin d’être atteinte entre les établissements postsecondaires francophones et ceux de la majorité anglophone. 

Tuesday, January 25, 2022/Author: Francopresse/Number of views (6109)/Comments (0)/
Revue de l'année 2021 - Éducation

Revue de l'année 2021 - Éducation

Survol de l'actualité fransaskoise durant l'année 2021 dans le domaine de l'éducation.

Friday, January 14, 2022/Author: Lucas Pilleri/Number of views (6550)/Comments (0)/
Reconnaissance nationale pour Ronald Ajavon du CÉF

Reconnaissance nationale pour Ronald Ajavon du CÉF

Ronald Ajavon du Conseil des écoles fransaskoises est reconnu parmi les 10 personnalités influentes de la francophonie canadienne de 2021.

Monday, January 3, 2022/Author: Francopresse/Number of views (6831)/Comments (0)/
Garderies à 10 $ : pas de clause linguistique pour les francophones

Garderies à 10 $ : pas de clause linguistique pour les francophones

La Fédération des communautés francophones et acadiennes craint désengagement du fédéral de sa responsabilité de protéger l'éducation de la petite enfance en français. 

 

Friday, December 17, 2021/Author: Inès Lombardo – Francopresse /Number of views (8032)/Comments (0)/
Étudier en français sans le parler : le défi des élèves allophones

Étudier en français sans le parler : le défi des élèves allophones

L’intégration des élèves allophones, de plus en plus nombreux, représente un défi pour les écoles francophones en milieu minoritaire. 

Thursday, December 16, 2021/Author: Marine Ernoult – Francopresse/Number of views (6515)/Comments (0)/
Qu'est-ce que la communauté fransaskqueer?

Qu'est-ce que la communauté fransaskqueer?

La Cité universitaire francophone de Regina organisait une table ronde sur la communauté fransaskqueer, du nom d’un projet d’études sur l’identité et les expériences queer et trans des Fransaskois.

Sunday, November 28, 2021/Author: Estelle Bonetto – IJL-Réseau.Presse /Number of views (9884)/Comments (0)/
Éducation francophone : Me  Roger Lepage décortique l’article 23

Éducation francophone : Me Roger Lepage décortique l’article 23

Me Roger Lepage nous explique que la francophonie canadienne en situation minoritaire revient de loin en matière d’éducation en français.

Sunday, November 21, 2021/Author: Mehdi Jaouhari – IJL-Réseau.Presse/Number of views (10181)/Comments (0)/
Quel continuum en éducation pour les Fransaskois ?

Quel continuum en éducation pour les Fransaskois ?

Le Rendez-vous fransaskois qui avait lieu du 1er au 7 novembre touchait un sujet sensible et urgent : l’éducation. Dans cet article, vous trouverez un résumé des discussions qui ont eu lieu à ce sujet.

Saturday, November 13, 2021/Author: Marie-Lou Bernatchez/Number of views (9376)/Comments (0)/
Jean Féron : à la découverte d’un trésor bien caché

Jean Féron : à la découverte d’un trésor bien caché

Le Conseil culturel fransaskois a publié un troisième guide pédagogique consacre à Joseph-Marc Lebel, alias Jean Féron, l’un des joyaux les plus méconnus de la littérature francophone de l’Ouest.

 

Monday, November 1, 2021/Author: Estelle Bonetto/Number of views (8955)/Comments (0)/
Des balados en français pour les écoles

Des balados en français pour les écoles

Le Conseil culturel fransaskois a dévoilé son projet déCLIC, une série de balados éducatifs qui explore la construction langagière, identitaire et culturelle en Saskatchewan.

Monday, October 25, 2021/Author: Leslie Diaz/Number of views (7523)/Comments (0)/
Garderies à 10 $ : ententes opaques sur d’éventuelles clauses linguistiques

Garderies à 10 $ : ententes opaques sur d’éventuelles clauses linguistiques

La création d’un système public pancanadien de garderies à 10 $ améliorera le sort des parents canadiens, mais les francophones en situation minoritaire s’inquiètent du manque de places de garderie pour eux malgré tout.

Friday, October 8, 2021/Author: Marine Ernoult – Francopresse/Number of views (8072)/Comments (0)/
Garderies francophones : une cinquantaine de nouvelles places à Saskatoon

Garderies francophones : une cinquantaine de nouvelles places à Saskatoon

Apprenez-en plus sur les deux nouveaux établissements de la petite enfance francophones qui ont ouvert leurs portes récemment à Saskatoon.

Thursday, October 7, 2021/Author: Mehdi Jaouhari – IJL-Réseau.Presse/Number of views (8799)/Comments (0)/
Une Journée d’orientation scolaire réussie

Une Journée d’orientation scolaire réussie

La Journée d’orientation scolaire du SAIF-SK pour les nouveaux arrivants a attiré plus d’une quinzaine de familles francophones et non francophones.

Monday, September 6, 2021/Author: Mehdi Jaouhari/Number of views (9849)/Comments (0)/
Projet de loi 96 : quel impact pour les étudiants fransaskois ?

Projet de loi 96 : quel impact pour les étudiants fransaskois ?

Le gouvernement québécois veut rapprocher la francophonie canadienne et québécoise, notamment en réduisant les frais de scolarité des programmes universitaires et collégiaux offerts en français. 

Monday, June 14, 2021/Author: Emmanuel Masson/Number of views (13864)/Comments (0)/
RSS
124678910Last

 - Wednesday 29 May 2024