La ministre du Patrimoine et la politique culturelle à l'ère numérique
Mélanie Joly, ministre du Patrimoine canadien
La ministre du Patrimoine canadien affirme que la "pierre angulaire" de son mandat sera d'adapter la politique culturelle du pays aux réalités de l'ère numérique.
Mélanie Joly a annoncé samedi qu'elle allait mener une série de consultations publiques au cours des prochains mois pour se pencher sur le rôle du gouvernement dans le soutien à la création de contenu canadien.
En entrevue dimanche avec La Presse Canadienne, elle a rappelé que les outils gouvernementaux existants pour soutenir le secteur culturel datent d'avant l'utilisation généralisée d'Internet et doivent donc être adaptés à la nouvelle réalité.
Le gouvernement veut déterminer si les différents fonds de soutien à la culture, les lois, les règlements, les mesures incitatives et les contributions directes sont toujours pertinents, et voir s'il existe de nouveaux moyens de soutenir le contenu canadien à l'ère numérique, a expliqué Mme Joly.
Le soutien fédéral au secteur culturel est actuellement fourni à travers une combinaison de mécanismes de financement, de législation, d'institutions nationales et de politiques. Cela comprend notamment des institutions comme CBC/Radio-Canada et l'Office national du film, et des organismes de réglementation comme le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes.
La ministre du Patrimoine canadien a expliqué qu'elle ne voulait pas entamer les consultations avec des idées préconçues sur leurs conclusions, ni spéculer sur les changements éventuels qui pourraient en résulter.
Néanmoins, elle constate qu'un "vide" s'est créé parce que les politiques culturelles du gouvernement fédéral n'ont pas été adaptées aux changements technologiques et à la façon dont les Canadiens consomment la culture.
"Il y a eu un manque de volonté politique pour étudier l'impact des différents leviers, et en même temps, il y a eu beaucoup d'initiatives qui ont été prises, mais pas au niveau politique", a expliqué Mme Joly.
"À cause de cela, il y a eu beaucoup de frustration et d'anxiété parmi les différents acteurs (du secteur culturel) et au sein de l'industrie. C'est le cas ici et dans plusieurs autres pays à travers le monde."
Depuis la dernière mise à jour de la réglementation en matière culturelle, en 1991, la diffusion en continu sur Internet a remplacé la radiodiffusion en tant que source de revenus de l'industrie musicale, et le Canada est devenu le troisième plus important producteur de musique et le troisième exportateur de jeux vidéo dans le monde, selon la ministre du Patrimoine.
Mélanie Joly a indiqué que la nouvelle politique culturelle comprendrait des mesures pour favoriser l'exportation de produits culturels canadiens.
Dans le cadre de la phase de préconsultations qui se termine le 20 mai, les membres du public sont invités à participer au débat en remplissant un questionnaire sur le site du gouvernement. Le sondage comprend des questions sur le rôle du diffuseur public, les défis de l'industrie culturelle et sur la façon dont le contenu canadien devrait être promu à l'étranger.
"C'est un projet ambitieux qui va avoir des répercussions évidentes sur comment les gens s'informent, comment les gens se divertissent", a expliqué la ministre.
"J'espère vraiment que les gens vont participer, parce que c'est un grand projet", a souhaité Mme Joly, en précisant que les consultations formelles commenceraient à la fin de l'été. Un rapport contenant des recommandations est attendu d'ici la fin de l'année.
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