Skip Navigation
Fonds l'Eau vive banniere

La crise financière des écoles fransaskoises

Image

Au fil des années, le Conseil scolaire fransaskois (CSF) a présenté au gouvernement plusieurs projets de budget d’obligation constitutionnelle successifs. Il s’agit, chaque année, de demander des montants qui, selon le CSF, devraient lui être attribués afin de respecter les obligations posées par l’article 23 de la charte canadienne des droits et libertés, qui garantit le droit à l’instruction dans la langue de la minorité. Le fossé entre les propositions de budget du CSF et les autorisations accordées par le ministère de l’Éducation n’a cessé de se creuser au cours de ces dernières années, même si les résultats des injonctions ont parfois limité cet écart. 

 

Au titre de l’année 2013-2014, le budget proposé par le CSF a ainsi atteint plus de 43 millions de dollars auxquels s’ajoutent encore 6 autres millions pour des projets d’immobilisation non financés. Le budget finalement accordé par le gouvernement est de l’ordre de 38 millions de dollars. Par ailleurs, il est nécessaire de souligner que les coupures effectuées par le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF), pour la seule année scolaire 2013-2014, sont de l’ordre de 5,6 millions soit environ 15% de son budget annuel total. 

 

Vérificatrice sollicitée

 

Le ministère de l’Éducation a jugé imprudent d’accorder les fonds supplémentaires demandés dans un contexte où une vérification financière devrait désormais avoir lieu et que, selon nos informations, le gouvernement souhaitait dès le mois de mai dernier.

 

Le ministère de l’Éducation de la Saskatchewan a demandé à la vérificatrice provinciale de réaliser une analyse de la situation financière du CÉF ainsi que de ses pratiques de gouvernance. Pour effectuer un tel « performance audit », la vérificatrice, si elle répond de manière affirmative à cette demande, devrait s’appuyer sur un expert indépendant bilingue en provenance de l’Ontario ou du Nouveau-Brunswick. 

 

Si certains s’inquiètent des conséquences potentielles d’une telle vérification, la plupart des responsables fransaskois consultés placent de l’espoir en celle-ci. En effet, plusieurs relativisent l’importance de cet audit du CÉF, alors que le précédent date d’il y a seulement deux ans, et considèrent qu’il pourrait même poser les bases d’une future Politique d’encadrement linguistique et culturel (PELEC) selon l’ampleur que la vérificatrice souhaitera donner à son mandat. 

 

Mauvaise gestion ou stratégie politique?

 

Face aux nombreuses accusations de mauvaise gestion financière, André Denis, président du CSF, soulignait, à la mi-juin, que désormais « on demande plus d’informations, on surveille, on analyse ». L’ampleur du déficit soulève aussi plusieurs questions. Il faut tout d’abord constater que les revenus du CSF n’ont cessé de croître au fil des années. Par ailleurs, même si la nouvelle formule de péréquation adoptée par le gouvernement est défavorable au CSF, le nombre d’élèves fréquentant les écoles fransaskoises ne cesse d’augmenter. Cela a pour conséquence de permettre un financement plus important puisque calculé sur le nombre total d’élèves. 

 

Déjà à l’automne dernier, nous avions interrogé Bernard Roy, l’ancien directeur du CÉF, pour savoir si, dans ces conditions, le déficit constaté était véritablement imprévisible (voir l’Eau vive du 31 octobre 2013). Ce déficit n’aurait-il pas été, en définitive, anticipé voire souhaité? Avec les nouvelles compressions annoncées au mois de juin, la question est encore plus pertinente. Est-il raisonnable de penser que le CÉF n’a véritablement pas vu venir ce déficit de plusieurs millions de dollars?

 

Au fil de notre enquête, nous avons pu recueillir le témoignage d’un ancien membre du CSF qui considère qu’« être en déficit a aidé à aller chercher des sous. Cela a prouvé au gouvernement les besoins du conseil et le sous-financement ». Selon lui, « on ne peut pas demander de l’argent, s’il nous en reste ». Par conséquent, « maintenant avec les coupures on aurait des preuves supplémentaires pour aller en cour et souligner davantage ». Avec des coupures qui totalisent 5,6 millions en une seule année, il devient effectivement plus facile de prouver que la réduction du personnel et des services a « un effet dévastateur sur les élèves et les parents du CSF » et leur cause « un préjudice irréparable » selon les critères retenus par la jurisprudence lors des dernières injonctions.

 

Faut-il en parler?

 

Réelle ou fantasmée, cette stratégie politique est de plus en plus ouvertement discutée au sein de la communauté fransaskoise. L’avocat Roger Lepage récuse vivement cette hypothèse. Selon lui, « ce n’est pas une stratégie ou un déficit volontaire. Dire cela, ce n’est pas connaître l’histoire du CÉF et de son financement ». Certains recommandent aussi de garder le silence à ce sujet dans un contexte où la communauté fransaskoise doit afficher une unité aussi nécessaire que conjoncturelle. Par ailleurs, il est évident que chaque argument sera soigneusement exploité dans la bataille judiciaire qui s’annonce entre le CSF et le gouvernement. La guerre des mots y aura sa place et le CÉF se prépare ainsi à une offensive médiatique, principalement dirigée vers les media anglophones, pour tenter de réparer les graves lacunes de sa communication.

 

Dans le même temps, il est également important de souligner que c’est essentiellement le manque de transparence, trop souvent reproché au CÉF, qui a grandement contribué à la crise de confiance actuelle. C’est précisément cette absence de transparence qui a même conduit certains parents à s’adresser directement au ministère de l’Éducation de la province pour dénoncer la mauvaise gestion supposée du CÉF.

Previous Article Soulignons la réussite!
Next Article Et c’est reparti
Print
25510
 

Arnaud DecroixArnaud Decroix

Other posts by Arnaud Decroix
Contact author

Contact author

x
Braver les routes enneigées pour honorer l’orthographe et la grammaire

Braver les routes enneigées pour honorer l’orthographe et la grammaire

Mercredi matin 12 mars. L’ambiance est pesante au bistro du Carrefour des Plaines à Regina. Les responsables de l’école Mgr de Laval scrutent nerveusement la rue Hillsdale dans l’espoir de voir arriver les participants de la finale provinciale de la dictée Paul Gérin-Lajoie (PGL). 

Thursday, March 20, 2014/Author: Luc Bengono/Number of views (25841)/Comments (0)/

Les textes gagnants du programme Les Mots d’Ados

Le relève littéraire fransaskoise présentée au Festival Découverte

Depuis 2009, La Troupe du Jour (LTDJ), en collaboration avec le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF), offre le programme Mots d’ado, destiné à former la relève littéraire fransaskoise. 

3/21/2014 7:00 PM/Author: Jean-Pierre Picard/Number of views (18326)/Comments (0)/
Non à l’intimidation

Non à l’intimidation

Conférence de Nancy Doyon, Coach familial

Nancy Doyon aide les enfants dans leur famille, mais aussi à l’école. 

Thursday, March 6, 2014/Author: Alexandra Drame (EV)/Number of views (28525)/Comments (0)/

Le CÉFOU « en pause » pour le printemps 2014

La nouvelle a fait le tour de la fransaskoisie : cette année le CÉFOU n’aura pas lieu en 2014.

Thursday, March 6, 2014/Author: Anonym/Number of views (27448)/Comments (0)/
Le nouveau cabinet Juristes Power

Le nouveau cabinet Juristes Power

Un appui aux conseils scolaires francophones en période turbulente

Mark Power dirige un nouveau cabinet bilingue à mandat national et réunissant dix passionnés de droit. Les conseils scolaires francophones comptent sur lui pour traverser des années sombres pour la jurisprudence.

Thursday, March 6, 2014/Author: Anonym/Number of views (22719)/Comments (0)/
Les élèves de Mgr de Laval à l’école du recyclage

Les élèves de Mgr de Laval à l’école du recyclage

Visite des élèves de Mgr de Laval aux installations de recyclage de Regina.

Thursday, March 6, 2014/Author: Luc Bengono/Number of views (30075)/Comments (0)/
Symposium des 2014 de l’Association des parents fransaskois

Symposium des 2014 de l’Association des parents fransaskois

Toutes les familles étaient invitées au Pavillon Gustave Dubois, ce samedi 1er mars, pour échanger sur des thématiques liées au bien-être et à la sécurité des petits comme des grands. 

Thursday, March 6, 2014/Author: Alexandra Drame (EV)/Number of views (24849)/Comments (0)/

Le budget fédéral et la formation à l’emploi

Les francophones pris entre les colonnes

Les provinces, les employeurs et les sans emploi sont poussés au pied du mur.

Thursday, February 27, 2014/Author: Anonym/Number of views (35736)/Comments (0)/
Le nouveau directeur du CÉF veut une analyse de la situation

Le nouveau directeur du CÉF veut une analyse de la situation

Le Conseil scolaire fransaskois (CFS) a annoncé la nomination de monsieur Donald Michaud au poste de directeur par intérim du Conseil des écoles fransaskoises (CÉF). 

Thursday, February 20, 2014/Author: Jean-Pierre Picard/Number of views (26995)/Comments (0)/
Êtes-vous business?

Êtes-vous business?

Des ateliers bien appréciés

C’est le samedi 1er février 2014 que le Conseil de la Coopération de la Saskatchewan (CCS) offrait son quatrième et dernier atelier pour l’année 2013 – 2014, et ce, dans le cadre de son projet « Êtes-vous business? »

Thursday, February 20, 2014/Author: Conseil économique et coopératif de la Saskatchewan/Number of views (39712)/Comments (0)/
Toute la province a fêté la Journée de l’Alphabétisation Familiale

Toute la province a fêté la Journée de l’Alphabétisation Familiale

Comme chaque année, le 27 janvier a été synonyme de Journée de l’Alphabétisation Familiale. 

Thursday, January 30, 2014/Author: Alexandra Drame (EV)/Number of views (22726)/Comments (0)/

Entrevue avec Marcel Michaud, directeur général du Collège Mathieu

Il l’affirme sans broncher, les défis que devra relever le Collège Mathieu sont énormes. De plus, la diminution du nombre d’élèves fréquentant son école l’inquiète beaucoup.

Thursday, April 12, 2001/Author: L'Eau vive/Number of views (21941)/Comments (0)/
RSS
First272829303132333436

 - Friday 22 November 2024