Skip Navigation
Incapables de travailler dans leur langue, des fonctionnaires démissionnent
Marianne Dépelteau – Francopresse
/ Categories: Société, Francophonie

Incapables de travailler dans leur langue, des fonctionnaires démissionnent

Si la loi garantit le droit de travailler dans la langue de son choix au sein de la fonction publique fédérale, la réalité est parfois bien différente. Des fonctionnaires qui voient leur langue absente ou dénigrée préfèrent quitter le navire.

« C’est plate de travailler dans un environnement comme ça. Après un moment, je me suis dit que je ne pouvais plus faire ça », raconte Félix [les prénoms ont été modifiés], un ancien fonctionnaire qui a travaillé comme traducteur au sein de plusieurs ministères.

« Même si on n’était que cinq francophones dans une réunion, s’il y avait un anglophone, tout se faisait en anglais, illustre-t-il. C’était impossible de travailler en français. »

Félix a quitté la fonction publique pour différentes raisons, « mais une grande partie, c’est qu’il fallait toujours que je me batte pour que les gens valorisent le français ».

La langue de Molière méprisée

Selon Félix, certains fonctionnaires voient le français comme une langue de traduction, tandis que l’anglais reste la priorité. Un gestionnaire lui aurait même dit qu’elle ne comprenait pas l’existence de son emploi de traducteur. « Pourquoi t’es là ? », lui aurait-il lancé.

« Ça ne devrait pas être mon travail d’être le défenseur du français quand on est censé être une fonction publique bilingue », défend-il.

Isaac* fait, lui, toujours partie de la fonction publique. Il a tout de même choisi de quitter un poste pour un autre au sein de l’appareil fédéral, en grande partie parce que son niveau d’anglais ne lui permettait pas d’accéder à des postes plus hauts gradés, mais aussi parce que l’attitude envers le français le décourage.

« C’est très lourd, dit-il. Jusqu’à environ deux ans passés, je me battais bec et ongle pour le français au travail. »

Une lutte qui lui a donné « mauvaise presse » auprès de gestionnaires qui refusaient de le superviser dans la langue de son choix. « Juste parce que j’ai fait valoir mon droit », déplore Isaac. Le harcèlement dont il estime avoir été victime aurait commencé après cet incident.

« Mes tâches sont présentement à 95 % en anglais. Mes collègues, [même les] bilingues, préfèrent parler en anglais, donc ça devient très difficile pour moi de m’exprimer dans la langue de mon choix. »

De son côté, Félix était témoin d’une tendance lourde et démoralisante : les collègues qui se plaignaient de devoir apprendre le français. « C’est tellement insultant d’entendre des gens me regarder en pleine face et me dire que ma langue est une perte de temps. »

Une étude confirme le phénomène 

Dans une étude parue en juillet, deux chercheurs de l’Université d’Ottawa concluent que « l’aptitude à utiliser la langue officielle de son choix dans le lieu de travail est un facteur prédictif important de l’intention de quitter chez les fonctionnaires anglophones et francophones ».

La recherche suggère que 40 % des fonctionnaires anglophones et francophones qui rapportent une faible capacité à utiliser la langue officielle de leur choix au travail ont l’intention de quitter leur poste actuel pour un autre dans la fonction publique.

Certains songent même à carrément quitter l’appareil fédéral. « La surprise de notre étude, c’est qu’on pensait que cet effet serait particulièrement fort chez les francophones, mais il l’était aussi chez les anglophones », exprime l’un des chercheurs, Luc Turgeon.

À titre de comparaison, la probabilité de quitter son poste s’élève à seulement 26 % parmi les fonctionnaires qui expriment une haute capacité à travailler dans la langue officielle de leur choix.

« Le gouvernement investit des ressources importantes pour former ces gens, dit Luc Turgeon. Il y a un coût à les perdre. […] Une perte de talent aussi. Ça donne une image problématique de la fonction publique, où le bilinguisme est soi-disant l’une de ses caractéristiques fondamentales. »

« Le franco de service »

« En fait, ils m’ont embauché parce qu’ils voulaient que je fasse tout le travail en français », remarque Félix. « En te voyant arriver, les gens disent “oh un francophone !” et, même si ce n’est pas ton travail, tu deviens le traducteur automatique, l’expert du français. »

Isaac, lui, a été obligé de traduire des documents à cause de délais de traduction trop longs ou d’une mauvaise traduction. « Je me suis claqué la job de traducteur, mais je n’ai pas le salaire de traducteur », dénonce-t-il.

D’ailleurs, on attend des francophones qu’ils parlent anglais, même si leur poste ne l’exige pas forcément, explique Isaac.

Il en veut pour preuve l’anecdote suivante : « On était quatre personnes en appel conférence et on se parlait tous en anglais. Après une demi-heure de discussion, quelqu’un a demandé : “On a tous un fort accent en anglais, est-ce que vous êtes tous francophones sur l’appel ?” On a tous dit oui. »

Print
2550

Marianne Dépelteau – FrancopresseGhita Hanane

Other posts by Marianne Dépelteau – Francopresse
Contact author

Contact author

x
Cercle communauté-université

Cercle communauté-université

Conjuguer action et réflexion

Jeudi 1er mai de 9 h à 16 h s’est tenu un cercle université-communauté sur le thème du développement communautaire fransaskois à l’Institut français (IF) de l’Université de Regina.

Thursday, May 8, 2014/Author: Alexandre Daubisse (EV)/Number of views (32895)/Comments (0)/
Nouvelle directrice à l’Institut français

Nouvelle directrice à l’Institut français

À l’heure du postsecondaire francophone

Sophie Bouffard sera la nouvelle directrice de l’Institut français (IF) à partir du 1er juillet prochain. L’Institut était dirigé depuis septembre 2012 par madame Sheila Petty, suite au non renouvellement du contrat de l’ancien directeur, Peter Dorrington.

Thursday, May 1, 2014/Author: Alexandre Daubisse (EV)/Number of views (26385)/Comments (0)/
Le RCCFC, un allié pour l’éducation en français

Le RCCFC, un allié pour l’éducation en français

L'Ouest et le Nord collaborent

Le Réseau des cégeps et des collèges francophones du Canada (RCCFC) a tenu l’une de ses quatre réunions annuelles mercredi 24 avril au Carrefour Horizons à Regina.

Thursday, May 1, 2014/Author: Alexandre Daubisse (EV)/Number of views (26265)/Comments (0)/
Foire locale du patrimoine au Pavillon secondaire Monseigneur de Laval

Foire locale du patrimoine au Pavillon secondaire Monseigneur de Laval

La foire locale du Patrimoine, réunissant 66 projets d’équipes de 2e, 4e, 6e et 8e années, s’est tenue lundi 14 avril dernier au Pavillon secondaire des Quatre Vents (PSQV), à Regina. 

Friday, April 25, 2014/Author: Alexandre Daubisse (EV)/Number of views (31039)/Comments (0)/
Pédagogie à l’école de langue française

Pédagogie à l’école de langue française

Former sur l’identité en 168 capsules et 400 minutes

Les élèves parlent anglais. Que faire? Une vidéo propulse l’enseignant dans la réalité de l’école et propose en 120 secondes des approches éprouvées. La pédagogie en milieu minoritaire est enfin définie et la formation sera offerte sur le Web dès septembre.

Wednesday, April 23, 2014/Author: Anonym/Number of views (29736)/Comments (0)/
Le Ministre Rob Norris visite Collège Mathieu

Le Ministre Rob Norris visite Collège Mathieu

Le ministre de l’Enseignement supérieur de la Saskatchewan, Rob Norris, a visité le Collège Mathieu à Gravelbourg le 10 avril 2014. 

Monday, April 21, 2014/Author: Collège Mathieu/Number of views (31742)/Comments (0)/
Remise de bourses au 5 à 7 de l’Institut français

Remise de bourses au 5 à 7 de l’Institut français

C’est au cours du dernier 5 à 7 de l’année de l’Institut français qu’a eu lieu la remise de bourses d’études annuelle.

Thursday, April 17, 2014/Author: Alexandre Daubisse (EV)/Number of views (25257)/Comments (0)/
Un nouveau groupe de parents, de nouvelles exigences auprès du CSF

Un nouveau groupe de parents, de nouvelles exigences auprès du CSF

Il y a maintenant un nouveau groupe de parents qui fait pressions sur le Conseil scolaire fransaskois.

Thursday, April 17, 2014/Author: Alexandre Daubisse (EV)/Number of views (23384)/Comments (0)/
Un poisson d’avril épicé

Un poisson d’avril épicé

Le 1er avril, certains élèves de 7e année de l’école Mgr Laval ont cuisiné un poisson d’avril des plus pimentés à leur directeur. 

Thursday, April 10, 2014/Author: Luc Bengono/Number of views (30114)/Comments (0)/

Célébration de la semaine des adultes apprenants

Depuis 2000, l’UNESCO a initié la célébration de la semaine des adultes apprenants qui vise la promotion de la culture de l’apprentissage tout au long de la vie; une occasion donnée aux adultes d’exprimer leurs points de vue, expliquer leurs défis et de faire part de leurs réussites. 

Thursday, April 3, 2014/Author: Collège Mathieu/Number of views (33159)/Comments (0)/
Zoé Kendel de Prince Albert se mérite un prix national en écriture

Zoé Kendel de Prince Albert se mérite un prix national en écriture

Zoé Kendel, élève de la 11e année à l’école Valois, s’est méritée la première place dans la catégorie sénior d’écriture du concours « J’écris et je crée! – guerre de 1812 » de Historica Canada.

Wednesday, April 2, 2014/Author: Jennie Baudais/Number of views (34406)/Comments (0)/
Ouverture officielle du PSQV et du Carrefour Horizons

Ouverture officielle du PSQV et du Carrefour Horizons

C’est le jeudi 20 mars dernier qu’a eu lieu l’ouverture officielle de l’édifice qui abrite le pavillon secondaire de l'École Mgr de Laval.Même si le Pavillon secondaire des Quatre-Vents (PSQV) de l’école Mgr de Laval est en pleine action depuis le début de l’année scolaire et que le Carrefour Horizons abrite une dizaine d’organismes fransaskois depuis près d’un an, c’est le jeudi 20 mars dernier qu’a eu lieu l’ouverture officielle de l’édifice. 

Thursday, March 27, 2014/Author: Jean-Pierre Picard/Number of views (37401)/Comments (0)/
Journée de la francophonie

Journée de la francophonie

Je me souviens...

Portrait croisé de deux pionniers, à qui l’éducation en français tient à cœur depuis longtemp: Roger Gauthier et Wilfrid DenisTous les élèves du secondaire se sont retrouvés dans l’amphithéâtre du Pavillon Gustave Dubois pour écouter deux personnes qui connaissent le chemin parcouru depuis la petite École canadienne-française, qui comptait quelques élèves il y a une trentaine d’années, jusqu’aux pavillons élémentaire et secondaire, qui accueillent désormais plusieurs centaines d’élèves.

Thursday, March 27, 2014/Author: Alexandra Drame (EV)/Number of views (25525)/Comments (0)/
4/1/2014 6:30 PM/Author: Anonym/Number of views (16569)/Comments (0)/
Braver les routes enneigées pour honorer l’orthographe et la grammaire

Braver les routes enneigées pour honorer l’orthographe et la grammaire

Mercredi matin 12 mars. L’ambiance est pesante au bistro du Carrefour des Plaines à Regina. Les responsables de l’école Mgr de Laval scrutent nerveusement la rue Hillsdale dans l’espoir de voir arriver les participants de la finale provinciale de la dictée Paul Gérin-Lajoie (PGL). 

Thursday, March 20, 2014/Author: Luc Bengono/Number of views (25741)/Comments (0)/
RSS
First2728293031323335

 - Thursday 14 November 2024