Skip Navigation
Festival Cinergie 2024

Le Conseil scolaire fransaskois demande une injonction contre le gouvernement

Image

Jeudi 26 juin, le Conseil scolaire fransaskois (CSF) a pris la décision de retourner devant les tribunaux pour tenter d’obtenir des fonds supplémentaires de la part du gouvernement provincial. Il y a trois mois, le CSF signait pourtant une convention de suspension des instances judiciaires pour une durée d’un an renouvelable. Voici le récit des événements qui auront conduit à ce revirement.


Tentative de dialogue avec le ministère de l’Éducation

Le 1er avril 2014, le CSF a accepté une convention de suspension des instances judiciaires. Par celle-ci, le conseil scolaire renonçait à toute nouvelle injonction et suspendait les trois instances judiciaires en cours (celle sur le sous-financement d’opérations de 2011, celle sur le renvoi constitutionnel en cour d’appel intenté par le gouvernement en 2012 et celle sur le manque d’infrastructures pour Ponteix et le pavillon élémentaire de Saskatoon en 2013). Cette entente était conclue pour une durée d’un an renouvelable, afin de poser les bases d’un dialogue serein avec le ministère de l’Éducation pour négocier les conditions d’élaboration d’une éventuelle Politique d’encadrement linguistique et culturel (PELEC) (sur celle-ci voir l’Eau vive du 11 avril 2013).

Le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF) a refusé de nous transmettre le document de cette convention, nous recommandant de faire une demande d’accès à l’information tout en nous précisant que la réponse serait négative en raison de la haute confidentialité de ladite entente. Nous avons toutefois pu nous procurer ce document qui précise que, si les négociations aboutissent, « celles-ci conduisent à un règlement final des Instances Judiciaires ». Le point 5 de l’entente stipule aussi que « pendant la durée de la présente convention, le gouvernement s’engage à fournir un financement opérationnel au CSF, pour un montant au moins égal au financement opérationnel fourni au CSF pour l’année scolaire 2013-2014, sous réserve des rajustements exigés par des changements dans l’inscription, dans le niveau global de financement pour le ministère de l’Éducation de la Saskatchewan et dans la politique budgétaire du gouvernement pour toutes les divisions scolaires. Malgré ce qui précède, le gouvernement s’engage à veiller à ce que le financement opérationnel versé au CSF ne subisse pas d’effet négatif à cause des rajustements de transition dans la formule de financement ».

Derrière le jargon bureaucratique et la traduction plus ou moins réussie de la version anglaise du document, on perçoit l’enjeu financier. Pour le CSF, cette entente devait aussi permettre de parvenir à un financement de transition. Selon nos informations, le CSF réclamait la somme de 3,7 millions de dollars à cette fin.

 

Échec de la convention

Par une lettre datée du 29 mai, André Denis, président du CSF, annonce au ministère de l’Éducation le retrait du conseil scolaire de la convention de suspension d’instances judiciaires. Cette position est conforme à une clause de la convention qui prévoyait que « le CSF pourra mettre fin à la présente convention en absence d’un financement de transition ou si le financement de transition reçu après la signature de la présente convention n’est pas jugé raisonnable pour répondre aux besoins du CSF, et tout ceci avant le 30 mai 2014 ». Cette lettre propose aussi la signature d’une nouvelle entente, similaire à la précédente, pour accorder au ministère de l’Éducation jusqu’au 30 juin « afin de décider le montant de financement de transition que le gouvernement va nous accorder ».

Pour Gabrielle Lepage-Lavoie, co-signataire de la convention, « on ne s’est pas donné assez de temps. Il aurait fallu donner une chance aux négociations ». Elle ne cache pas sa déception face à l’échec de cette convention. Selon elle, « c’est terrible. C’est manquer de bonne foi de la part des personnes qui avisent le CSF. C’est un manque de jugement. Si on dit qu’on se donne un an, pourquoi en partir plus tôt? Ce n’est pas raisonnable ». De la même manière, Colette Lavallée, également co-signataire de cette même convention, considère que la collaboration avec le gouvernement est nécessaire et que deux mois « ce n’est pas beaucoup de temps ». Encore convient-il de préciser que les dernières signatures n’ont été apposées sur le document qu’à la mi-avril. N’est-il pas un peu présomptueux de penser que des négociations auraient pu aboutir dans un si court laps de temps? Pour maître Roger Lepage, « c’est une bonne question surtout en tenant compte de l’historique car, en Saskatchewan, on n’a jamais pu régler un problème sans aller en Cour ». Selon l’avocat du CSF, « le gouvernement a pris avantage de la bonne foi des élus pendant une année. Il n’y a eu aucun résultat ».

 

Le choix d’un retour devant les tribunaux

Des pourparlers entre le ministère de l’Éducation de la Saskatchewan et la communauté fransaskoise se sont toutefois poursuivis durant le mois de juin.

Face à l’incapacité de parvenir à une nouvelle entente, les membres des conseils d’école ont été consultés, le mercredi 25 juin en soirée, quant à l’opportunité de retourner en Cour. Selon nos informations, la plupart de ceux qui ont pris la parole se sont clairement déclarés contre cette éventuelle poursuite. Il n’y aurait même eu qu’une seule personne pour se prononcer favorablement à la demande d’injonction interlocutoire.

Le lendemain, le jeudi 26 juin en matinée, une rencontre était organisée entre le ministère et l’Assemblée communautaire fransaskoise (ACF). Dans la journée ce sont les organismes fransaskois provinciaux qui ont été consultés. Selon nos informations, l’une des principales interventions, lors de cette rencontre, a été celle de Roger Lepage, présent à titre de président de la Fondation fransaskoise. Toutefois, c’est en sa qualité d’avocat qu’il a présenté les avantages relatifs à une demande d’injonction. Parmi les responsables d’organismes provinciaux auxquels nous nous sommes adressés, beaucoup considèrent que son intervention a été déterminante face à une communauté indécise et en manque d’informations concrètes.

Par la suite, une réunion extraordinaire du CSF s’est déroulée dans la soirée de jeudi après des discussions avec le ministère qui n’aurait, selon nos informations, proposé aucun financement de transition comme le réclamait avec insistance le CSF. C’est la raison pour laquelle ce dernier a considéré que les propositions du ministère de l’Éducation étaient insuffisantes et a décidé de saisir les tribunaux. Une nouvelle demande d’injonction interlocutoire a donc été déposée vendredi matin par maître Roger Lepage, avocat du CSF. Le montant de la demande n’a pas encore été précisé mais devrait tourner autour des 3 millions de dollars.

Par le passé, les injonctions ont déjà permis au CÉF de récupérer plusieurs millions de dollars tandis que les frais juridiques ont coûté 600 000 dollars au cours de ces trois dernières années. Le programme d’appui aux droits linguistiques (PADL) en a pris en charge financièrement une partie, soit 125 000 dollars. Il est également important de préciser que cette demande d’injonction n’empêche nullement les parties de continuer à chercher un accord au cours des prochains jours afin de mettre éventuellement fin à la poursuite. Certains y voient même un utile moyen de pression sur le gouvernement alors que d’autres redoutent une perte de confiance.

 

Réactions au retour en Cour

La communauté fransaskoise paraît divisée face à ce retour en Cour. Plusieurs responsables d’organismes provinciaux considèrent qu’il aurait plutôt été nécessaire de « laisser retomber la poussière » avant d’entamer un nouveau bras de fer avec le gouvernement dans un contexte où le CSF apparaît fragilisé. Tout en admettant l’importance des batailles judiciaires pour la reconnaissance des droits des francophones, Florent Bilodeau, pionnier de la gestion scolaire fransaskoise, considère toutefois qu’« on ne devrait pas faire du financement par injonctions année après année ».

Pour leur part, les membres du regroupement des Parents mobilisés pour une saine gestion scolaire « déplorent cette décision du CSF » et « implorent le gouvernement de reprendre le dialogue avec le CÉF » selon Gabrielle Lepage-Lavoie, qui en est la porte-parole depuis le mois de juin. Elle craint aussi que ce retour en Cour n’ait pour conséquence de fragiliser ce dialogue. Bien qu’elle ait été co-demanderesse lors des précédentes injonctions, Gabrielle Lepage-Lavoie n’appuie plus cette démarche. « J’ai vu qu’on demandait des choses qui ne faisaient pas de sens. On ne gère pas les finances de façon responsable et raisonnable » soutient-elle. Par ailleurs, elle rappelle aussi que la dernière injonction, l’an passé, n’a pas répondu à toutes les attentes. Par conséquent, elle déplore qu’on se soit, au fil des années « créé une dépendance » à l’égard de mesures temporaires. Colette Lavallée, présidente de l’Association des parents fransaskois (APF), regrette également cette décision de retourner devant les tribunaux. Pour elle, « on a encore des questions sur cette poursuite et sur l’origine des fonds pour la poursuite. On a désormais encore plus de questions ».

De son côté, Françoise Sigur-Cloutier, présidente de l’Assemblée communautaire fransaskoise (ACF), se montre confiante face à ce recours judiciaire. Selon elle, « l’ACF supporte la décision du CSF quelle qu’elle soit. On n’a pas tous les éléments en main mais on fait confiance que la décision prise est la meilleure à la fois pour les jeunes et pour la communauté ». Plusieurs membres de la communauté considèrent aussi que, dans la mesure où « donner des choses aux francophones c’est moins facile politiquement que de se faire demander des choses par la cour », l’injonction peut être légitime.

 

Réaction du CÉF?

Lorsque la décision de retourner en Cour a été prise jeudi en soirée, nous avons effectué plusieurs demandes d’entrevues. La directrice des communications était en congé et un message automatique d’absence indiquait qu’elle ne prendrait ses courriels et ses appels qu’à son retour. Malgré plusieurs tentatives, ni Donald Michaud, directeur du CÉF, ni André Denis, président du CSF, n’ont été en mesure de répondre à nos questions. Faut-il y voir une difficulté à endosser la position adoptée par le CSF ou un problème, désormais récurrent, de communication?

Lundi matin, le CÉF n’avait toujours pas annoncé à ses partenaires, pourtant consultés durant la semaine précédente, sa décision de reprendre l’action judiciaire contre le gouvernement. Selon nos informations, des discussions devraient également reprendre rapidement entre le ministère de l’Éducation et le CSF pour tenter de parvenir à une nouvelle entente et suspendre les recours judiciaires. À défaut, les tribunaux se prononceront sur la demande d’injonction d’ici la fin de l’été.

Previous Article Réorganisation des services spécialisés aux élèves du CÉF
Next Article Remise des diplômes aux finissants du Collège Mathieu pour l’année 2013-2014
Print
30073

Arnaud DecroixArnaud Decroix

Other posts by Arnaud Decroix
Contact author

Contact author

x
Omnium de volleyball

Omnium de volleyball

Un projet de l'AJF et du CÉF

C’est sous le signe de la fraternité que s’est déroulé l’Omnium fransaskois de volleyball au centre Henk Ruys à Saskatoon les 8 et 9 octobre derniers.  Quelque 483 élèves des écoles du Conseil des écoles fransaskoises (CÉF) des quatre coins de la province se sont amusés en y participant.  

Thursday, October 16, 2014/Author: Alexandre Daubisse (EV)/Number of views (34376)/Comments (0)/
Le Lien: Un centre de ressources francophones provincial

Le Lien: Un centre de ressources francophones provincial

Une mine de ressources à une distance de clic

Créé en 1986, le Lien est un centre de ressources culturelles et pédagogiques en français. Il dessert les francophones et francophiles de la Saskatchewan et de l’Ouest canadien. Seul centre francophone de prestation de services, le Lien met gratuitement à la disposition de ses usagers 42 000 titres soit 70 000 ressources sous forme de livres, de films (DVD, VHS), de CDs et propose l’accès à du matériel audiovisuel.

Wednesday, October 15, 2014/Author: Alexandre Daubisse (EV)/Number of views (26155)/Comments (0)/
Nicole Lemire:  De Nipawin à Edmonton, en passant par Prince Albert

Nicole Lemire: De Nipawin à Edmonton, en passant par Prince Albert

Chaque année, des milliers d’étudiants en 12e année sont confrontés à la même question : qu’est-ce qu’ils feront après l’obtention de leur diplôme : amorcer des études collégiales ou universitaires, aller directement sur le marché du travail ou prendre une pause d’études?

 

Thursday, October 9, 2014/Author: Étienne Alary/Number of views (27254)/Comments (0)/

Nicole Dupuis, enseignante en école d’immersion à Estevan

Ceux qui choisissent le métier d’enseignant doivent être prêts à aimer leurs élèves, être capables de collaborer avec leurs collègues et prêts à appuyer les parents.

Thursday, October 9, 2014/Author: Alexandra Drame (EV)/Number of views (31026)/Comments (0)/
Yves St-Maurice réélu à la présidence de l’ACELF

Yves St-Maurice réélu à la présidence de l’ACELF

Lors de l’assemblée annuelle tenue à Halifax, le 27 septembre dernier, les membres de l’Association canadienne d’éducation de langue française (ACELF) ont réélu M. Yves St-Maurice à la présidence de l’association pour un quatrième mandat consécutif. 

Thursday, October 9, 2014/Author: L'Eau vive/Number of views (29994)/Comments (0)/
Français pour l’avenir:  Plus de 200 000 $ de bourses à gagner!

Français pour l’avenir: Plus de 200 000 $ de bourses à gagner!

10e édition du Concours national de rédaction

Le français pour l’avenir lance la 10e édition du Concours national de rédaction pour les élèves de la 10e à la 12e année.

12/19/2014 11:00 PM - 11:30 PM/Author: L'Eau vive/Number of views (12929)/Comments (0)/
Institut français: Des initiatives pour favoriser la réussite des étudiants

Institut français: Des initiatives pour favoriser la réussite des étudiants

Services de mentorats et tutorats

Depuis le début de l’année universitaire, l’Institut français, sous la supervision de Ariadna Sachdeva, Conseillère et coordonnatrice des programmes crédités et des services aux étudiants, a mis en place un programme de mentorat.

Thursday, October 9, 2014/Author: Alexandre Daubisse (EV)/Number of views (25682)/Comments (0)/
Hausse des inscriptions dans les écoles francophones de l'Ontario et de l'Ouest

Hausse des inscriptions dans les écoles francophones de l'Ontario et de l'Ouest

Les écoles fransaskoises connaissent la deuxième plus forte hausse au pays

La tendance nationale des inscriptions dans les écoles francophones est positive. Mais pas dans toutes les provinces, où se profilent d’importants défis pour l’avenir. Le 24e Congrès de la Fédération nationale des conseils scolaires francophones (FNCSF) fera le point. 

Friday, October 3, 2014/Author: Lucien Chaput (Francopresse)/Number of views (23000)/Comments (0)/
Programmation du Collège Mathieu 2014-15

Programmation du Collège Mathieu 2014-15

L'institution fransaskoise s’affirme comme l’un des acteurs majeurs du post-secondaire francophone en Saskatchewan.

Petit à petit, à force de travail et au fil du temps, le Collège Mathieu, sous la direction générale de Francis Kasongo, s’affirme de plus en plus comme l’un des acteurs majeurs, avec l’Institut français, du dossier du post-secondaire francophone en Saskatchewan.

Thursday, October 2, 2014/Author: Alexandre Daubisse (EV)/Number of views (26260)/Comments (0)/
Les choses bougent à l’Institut français

Les choses bougent à l’Institut français

 Deux mois et demi après sa prise de fonction à la direction de l’Institut français, Sophie Bouffard peut déjà se prévaloir d’un bilan honorable.

Thursday, October 2, 2014/Author: Alexandre Daubisse (EV)/Number of views (27265)/Comments (0)/
Êtes-vous business?

Êtes-vous business?

Le sujet de cette première formation d'une série de quatre, animée par le conseiller en développement économique Ildephonse Bigirimana, était l’acquisition d’une franchise. 

Thursday, October 2, 2014/Author: Marie-Pier Boilard/Number of views (38577)/Comments (0)/
Le CÉF et l’Eau Vive font équipe pour soutenir les initiatives des conseils écoles

Le CÉF et l’Eau Vive font équipe pour soutenir les initiatives des conseils écoles

Le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF) et la Coopérative des publications fransaskoises (CPF) lancent une campagne d’aide au financement de projets scolaires par vente d’abonnements au journal l’Eau Vive

Thursday, October 2, 2014/Author: Conseil des écoles fransaskoises/Number of views (25889)/Comments (0)/
L’université francophone ontarienne pour 2025?

L’université francophone ontarienne pour 2025?

Gouverne ontarienne, mission canadienne

Le Sommet provincial des États généraux sur le postsecondaire en Ontario français, du 3 au 5 octobre à Toronto, promet de franchir une étape clé dans la création d’une université franco-ontarienne. Un projet qui dépasserait les frontières provinciales.

Sunday, September 28, 2014/Author: Louis-Marie Achille (Francopresse)/Number of views (22692)/Comments (0)/

Rencontre avec Miles Muri, directeur des écoles Sans-Frontière et Père Mercure

M. Miles Muri travaille pour le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF). Il a été directeur de l’École secondaire Collège Mathieu à Gravelbourg puis directeur du Centre d’éducation virtuelle et d’innovation (CÉVI) pendant un an avant de devenir directeur des écoles Père Mercure et Sans-Frontières.

Thursday, September 18, 2014/Author: Alexandre Daubisse (EV)/Number of views (24015)/Comments (0)/
Pour une solution à long terme

Pour une solution à long terme

Le CSF et le jugement de la Cour du banc de la reine

Le 19 août dernier, le juge Brian A. Barrington-Foote de la Cour du Banc de la Reine a ordonné au gouvernement de la Saskatchewan de payer la somme de 500 000 $ au Conseil scolaire fransaskois (CSF) qui réclamait 5,2 M $.

Thursday, September 18, 2014/Author: Jean-Pierre Picard/Number of views (25108)/Comments (0)/
RSS
First2223242527293031Last

 - Friday 3 May 2024