Skip Navigation
Nouveau système d'abonnement Fonds l'Eau vive banniere
Marie-Lou Bernatchez

Cinquante ans plus tard, toujours francophone fier de l'être !

En 1969, Richard Dupas n'avait que 12 ans lorsque le journaliste et animateur Henri Bergeron de Radio-Canada l'a interviewé à la télévision au sujet des chances de survie du français à Gravelbourg. Aujourd’hui retraité, le Fransaskois de 63 ans habite dans le quartier francophone de Saint-Boniface au Manitoba. Un demi-siècle s’est écoulé, mais sa vie de francophone en milieu minoritaire n’a jamais cessé. Rencontre.

Depuis le plus jeune âge, Richard Dupas se doutait qu'il allait devoir lutter pour préserver sa langue maternelle. En regardant la vidéo en noir et blanc issue des archives de Radio-Canada, les souvenirs ont refait surface dans la mémoire du sexagénaire. « Je me souviens brièvement de ce moment, je pense que j'étais nerveux, car je ne suis pas une personne d'entrevue. Mais c'était la réalité à Gravelbourg, la plupart de mes amis étaient anglophones et on ne parlait jamais français ensemble. »

Richard était déjà assez réaliste à 12 ans. Lorsque le journaliste lui a demandé s'il pensait pouvoir continuer à parler français, le jeune adolescent en 7e année avait alors répondu : « Oui, mais si je continue à le parler à la maison. » Car au moment de cette entrevue, « il y avait seulement une heure de français par jour, toutes les matières étaient en anglais », se rappelle le natif de Gravelbourg.

Richard Dupas a travaillé pendant 34 ans comme technicien de scène au Cercle Molière, au sein du Centre culturel franco-manitobain à Winnipeg. Il confirme aujourd’hui sa prédiction d’antan : c'est grâce à ses parents qui lui parlaient français à la maison qu'il a pu continuer à préserver sa langue. « J'ai continué à parler français avec mes parents et heureusement ! Car, quand j'étais au collège, je ne parlais presque plus le français. Si je n'avais pas continué avec eux, je suis pas mal certain que j'aurais perdu mon français. »

De Franco-Manitobain à Fransaskois

Les parents de Richard, Gilbert et Denise Dupas, née Comeau, se sont rencontrés à Saint-Boniface dans les années 1940. En 1953, Gilbert Dupas a accepté un emploi comme pharmacien dans une clinique médicale de Gravelbourg. Ils y ont déménagé et ont donné naissance à Richard quelques années plus tard. « J'ai vécu à Gravelbourg toute mon enfance, puis en 1974 nous sommes retournés au Manitoba », explique-t-il.

Ce dernier a donc pu continuer à étudier en français en faisant sa 12e année à l'école Pointe-des-Chênes dans un village francophone à l'est de Winnipeg. « À ce moment-là, j'avais presque perdu ma langue, confie Richard Dupas. Par chance, j'ai rencontré des amis francophones qui m'ont référé au Cercle Molière à Saint-Boniface. L'école était seulement à 20 % en français et je me souviens d'avoir trouvé ça frustrant. La plupart des gens anglophones ne faisaient pas beaucoup d'efforts pour essayer de saisir le français. »

Le francophone dit s’être senti beaucoup plus inquiet vis-à-vis de sa langue maternelle au Manitoba qu'en Saskatchewan. « Peut-être parce que j'étais un peu plus âgé et que je comprenais plus ce qui se passait », pense-t-il.

Une francophonie qui perdure

« Ma famille et moi, on se parle encore en français. Je parle beaucoup en français à ma mère et elle vient tout juste d'avoir 90 ans ! Mon épouse est anglophone, mais elle se débrouille et mes enfants ont appris le français », explique Richard Dupas.

Ses deux filles ont étudié à l’école Provencher et au collège Louis-Riel, des établissements francophones du quartier Saint-Boniface à Winnipeg. Et ses petites filles comprennent également les deux langues officielles. « Nous n'avons pas tué la langue ! », se félicite le Fransaskois d'origine.

Richard Dupas est optimiste pour l'avenir des francophones en situation minoritaire au Canada. « Les communautés francophones de l'Ouest sont fortes et vivantes, j'ai eu la chance de les rencontrer lors de tournées et de voir que d'assez gros groupes de gens sont prêts à défendre leur langue. J'espère que ça va continuer », ponctue-t-il, confiant.


Image
Gravelbourg, bastion francophone en Saskatchewan

 

Le français est encore très présent à Gravelbourg en 2021. Dans ce village surnommé « le bijou culturel de la Saskatchewan », la population peut étudier en français du primaire jusqu’au postsecondaire grâce à la présence du Collège Mathieu.

Au Centre culturel Maillard, construit en 1995, l’Association communautaire fransaskoise de Gravelbourg (ACFG) organise des spectacles, des concerts, des pièces de théâtre et des activités communautaires pour préserver la langue et la culture françaises et rassembler les francophones de la région. Des services et des activités culturelles bilingues, comme le Théâtre Renaissance Gaieté ou le Festival du solstice d’été, sont également offerts.

D’après les données de 2016 de Statistique Canada, Gravelbourg compte 1 040 habitants, dont 400 bilingues

Print
16250

Marie-Lou BernatchezMarie-Lou Bernatchez

Other posts by Marie-Lou Bernatchez
Contact author

Contact author

x
La place de l’anglais dans les écoles fransaskoises

La place de l’anglais dans les écoles fransaskoises

« Une discussion qui doit avoir lieu » – Donald Michaud

SASKATOON - Pour Donald Michaud, le directeur de l’éducation par intérim au Conseil des écoles fransaskoises (CÉF), la place de l’anglais dans les écoles fransaskoises « est une discussion qui doit avoir lieu ». La diversité des niveaux de français représente tout un défi pour le personnel enseignant, certes, mais surtout pour la création d’un environnement social francophone dans l’école.

Thursday, February 5, 2015/Author: Jean-Pierre Picard (EV)/Number of views (37232)/Comments (0)/

Éducation fransaskoise : le navire ne prend plus l’eau, mais sait-on où il va?

L’Assemblée annuelle des électeurs du Conseil scolaire fransaskois était plutôt calme cette année. Je me suis surpris à m’ennuyer des joutes verbales de l’année dernière. Lors de l’AGA de 2014, le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF) était en pleine tempête financière, des coupes sévères venaient d’être faites, et tout laissait croire que ce n’était pas fini. Les colonnes de chiffres inquiétaient les parents et ceux-ci l’avaient fait savoir.
Wednesday, February 4, 2015/Author: Jean-Pierre Picard/Number of views (32718)/Comments (0)/
L’importance de la lecture avec les enfants

L’importance de la lecture avec les enfants

Selon les résultats des recherches de C.A. Nelson, du Centre du développement de l’enfant de l’Université Harvard, le développement langagier d’un enfant se manifeste longtemps avant le premier balbutiement des mots « mmman » ou « pa, pa, papa ». Les études du développement cérébral révèlent que les neurones et les synapses pour le langage apparaissent trois mois avant la naissance. La croissance de cette zone du cerveau atteint son sommet vers l’âge de 4 ans.

Wednesday, February 4, 2015/Author: Rita Denius (CM)/Number of views (30004)/Comments (0)/
Des élèves voudraient une heure de... 60 minutes

Des élèves voudraient une heure de... 60 minutes

SASKATOON - C’est une délégation de jeunes élèves de l’École canadienne-française de Saskatoon, qui a donné le coup d’envoi de l’Assemblée annuelle des électeurs du Conseil scolaire fransaskois.
Wednesday, February 4, 2015/Author: Michèle Fortin (EV)/Number of views (29813)/Comments (0)/
Assemblée annuelle du Conseil scolaire fransaskois : Une soirée bien tranquille

Assemblée annuelle du Conseil scolaire fransaskois : Une soirée bien tranquille

SASKATOON - Le vendredi 30 janvier, le Conseil scolaire fransaksois (CSF) a rencontré ses électeurs pour la première fois depuis le dépôt d’un rapport sévère de la vérificatrice provinciale et la fermeture annoncée de l’école Sans-frontières de Lloydminster.

Wednesday, February 4, 2015/Author: Mychèle Fortin (EV)/Number of views (35306)/Comments (0)/
La cause de la Commission scolaire francophone du Yukon entendue à la Cour suprême du Canada

La cause de la Commission scolaire francophone du Yukon entendue à la Cour suprême du Canada

La Cour suprême du Canada a pris en délibéré, le 21 janvier 2015, la cause qui oppose depuis plusieurs années la Commission scolaire francophone du Yukon (CSFY) au gouvernement du Yukon. Le litige repose sur les droits de gestion scolaire en contexte minoritaire.

Thursday, January 29, 2015/Author: Anonym/Number of views (33247)/Comments (0)/
Après 20 ans de gestion scolaire fransaskoise:  Comment se porte le français dans nos écoles?

Après 20 ans de gestion scolaire fransaskoise: Comment se porte le français dans nos écoles?

Rencontre avec un parent inquiet, mais optimiste

La Saskatchewan a bien changé depuis l’obtention de la gestion scolaire il y a 20 ans. Depuis deux décennies, l’épanouissement du Conseil des écoles fransakoises (CÉF) est évident. La gestion scolaire est-elle garante de la qualité de l'éducation française? Nous en avons discuté avec un parent de Regina qui a accepté de répondre à nos questions mais qui a préféré garder l'anonymat.

Thursday, January 29, 2015/Author: Mychèle Fortin (EV)/Number of views (242145)/Comments (0)/
Le Québec refuse d'appuyer les francophones minoritaires

Le Québec refuse d'appuyer les francophones minoritaires

La Commission scolaire francophone du Yukon devant la Cour suprême

J’ai appris avec stupéfaction la position du gouvernement du Québec devant la Cour suprême en ce qui concerne la gestion des écoles par les minorités francophones du reste du pays. En effet, par l’entremise de sa ministre de la justice, Stéphanie Vallée, Québec a signifié son refus d’appuyer des communautés francophones hors Québec. 

Thursday, January 29, 2015/Author: Jean-François Larose/Number of views (32631)/Comments (0)/
Turbulences dans les conseils scolaires francophones

Turbulences dans les conseils scolaires francophones

La CSFTNO se tourne vers la Cour suprême

La Commission scolaire francophone des Territoires du Nord-Ouest (CSFTNO) et l'Association des parents ayant droit de Yellowknife (APADY) viennent de subir un cuisant revers devant la Cour d’appel des TNO.

Tuesday, January 20, 2015/Author: Denis Lord (L’Aquilon) et Paul Mengoumou (Francopresse)/Number of views (33289)/Comments (0)/
Le 27 janvier est la Journée de l’alphabétisation familiale

Le 27 janvier est la Journée de l’alphabétisation familiale

À l'initiative d'ABC Alpha pour la vie Canada, la Journée de l'alphabétisation familiale a été introduite en 1999 et elle est célébrée le 27 janvier de chaque année. En plus de célébrer le plaisir de lire et d'apprendre en famille, cette journée est l'occasion d'intégrer l'apprentissage à sa routine familiale.

1/27/2015/Author: Collège Mathieu/Number of views (14981)/Comments (0)/
Deux enseignants québécois mieux outillés par un séjour en Saskatchewan

Deux enseignants québécois mieux outillés par un séjour en Saskatchewan

Bilan d'un stage de de l'ACELF de six semaines par deux étudiants de l'Université de Sherbrooke à l'école fransaskoise Mgr de Laval à Regina.
Thursday, January 15, 2015/Author: (ACELF)/Number of views (23175)/Comments (0)/
Lancement du Grand Quiz

Lancement du Grand Quiz

La Grande Dictée fait peau neuve!

REGINA - C’est le 7 janvier 2015 que le Collège Mathieu et Radio-Canada ont tenu une conférence de presse dans le but de présenter leur nouveau concept tant attendu, Le Grand Quiz.
Thursday, January 15, 2015/Author: Marie-Pier Boilard (EV)/Number of views (42053)/Comments (0)/

Rapport de la vérificatrice sur la gestion scolaire : Un besoin de rigueur

On attendait de pied ferme le rapport de la vérificatrice provinciale sur la gestion du Conseil scolaire fransaskois (CSF) et l’administration du Conseil des écoles fransaskoises (CÉF). Jetons un coup d’œil sur certains éléments clé de ce document qui démontrent que les déboires financiers n’étaient pas dus qu’à un manque de financement. 

Thursday, December 11, 2014/Author: Jean-Pierre Picard (EV)/Number of views (29344)/Comments (0)/
Symposium des parents 2014

Symposium des parents 2014

REGINA - Plus de 100 personnes se sont retrouvées au Symposium des parents ce samedi 29 novembre à Regina. Sous le thème Trouver son équilibre!, l’Association des parents fransaskois (APF) présentait son évènement annuel.

Thursday, December 4, 2014/Author: Stéphanie Alain/Number of views (28930)/Comments (0)/

Une ouverture qui pourrait devenir une brèche

Je vois la dominance de l’anglais à une rencontre aussi importante que celle de Lloydminster comme un signal d’alarme. Qu’on se rappelle l’exemple de la Coopérative d’habitation Villa Bonheur à Saskatoon. Par souci de rentabilité, elle avait accepté d’accueillir des anglophones. Aujourd’hui, les rencontres de son conseil d’administration se déroulent en anglais uniquement.

Wednesday, December 3, 2014/Author: Jean-Pierre Picard/Number of views (26393)/Comments (0)/
RSS
First2122232426282930Last

 - Monday 23 December 2024