Skip Navigation
Fonds l'Eau vive banniere
Ainsi soient-elles
Mychèle Fortin

Ainsi soient-elles

On en parlait peu quand, dans l'ombre d'une église patriarcale et de ses prélats, celles qu'on appelait « ma sœur » ou « ma mère » vaquaient à mille tâches, des plus humbles aux plus complexes. On en a parlé encore moins quand elles ont dû quitter les écoles et les hôpitaux dans lesquels elles avaient œuvré, qu'elles avaient souvent fondés. On en parle peu aujourd’hui, comme si leur histoire, leur legs, avait disparu en même temps que les voiles et les longs habits.

En ces jours où l’on célèbre les femmes, j'ai envie de rendre hommage à ces femmes-là. Pas d'un point de vue académique ou historique, bien que le sujet soit absolument fascinant, mais de façon personnelle. Parler de ce que certaines d'entre elles m'ont donné. M'ont appris.

J'ai grandi à Ottawa, dans la paroisse Saint-Jean-Baptiste. Comme beaucoup de baby-boomers en milieu francophone et catholique, j'ai eu une éducation marquée par les religieuses. D'abord à l'école primaire, avec les sœurs de la Charité (les Sœurs Grises). Mon parcours au primaire fut interrompu lorsque nous avons déménagé en banlieue. Je me suis retrouvée dans une école laïque, mixte. Quel dépaysement !

Mon seul lien avec ma vie « d'avant », c'était sœur Joseph-Alfred que je retrouvais deux fois par semaine pour ma leçon de piano. Elle était minuscule, impitoyable, grande musicienne. Elle ne m'a jamais parlé de Jésus, ne m'a jamais fait faire de prière avant ou après la leçon. Ce qu'elle avait à me transmettre, c'était la musique. Parfois, quand j'avais bien travaillé, en guise de récompense elle se mettait au piano et, de ses doigts tout déformés par l'âge, jaillissaient des sons qui me bouleversaient.

Puis ce fut le pensionnat chez les Sœurs de Notre-Dame de Namur. Je faisais un cours classique et, pour être franche, je me trouvais pas mal « bonne ». Un jour, une enseignante nous fit entrer, mes camarades de classe et moi, dans un local où, sur des pupitres bien alignés, trônaient des dactylos. Convaincue que nous étions dans le mauvais local, je fus stupéfaite lorsque la religieuse nous invita à nous asseoir.

« Quoi ? Je fais du latin, moi. Je ne suis pas le cours commercial, moi. Pas question que je fasse de la dactylo. » Elle me contempla quelques secondes puis, s'adressant à toute la classe, elle dit : « Mesdemoiselles, vous allez apprendre à taper à la dactylo. Je sais que vous ne prévoyez pas de devenir secrétaires, mais on ne sait jamais. Avec ça, vous pourrez toujours vous débrouiller. Pas une de mes filles ne devra dépendre d'un homme pour vivre. »

Elle s’appelait sœur Marie du Rosaire, je ne l'ai jamais oubliée. Elle ne cherchait pas à nous insuffler la vocation, mais à faire de nous des femmes autonomes, et donc libres. Si je devais situer l'origine de mon féminisme, je dirais que c'est là qu'elle se trouve. Sous l’œil bienveillant et intelligent de cette femme et de plusieurs de ses consœurs, j'ai appris à penser, à questionner.  Elles m'ont fait découvrir le monde.

On peut reprocher beaucoup de choses aux communautés religieuses. À raison. Car des dérapages, des abus, il y en a eu. Je sais pertinemment que le pensionnat ne fut pas pour toutes la belle aventure qu'il fut pour moi. J'ai eu la chance de baigner dans une communauté particulière, à la fois moderne et très simple, où on pouvait choisir, les jours de semaine, entre la messe et le tennis.

Pendant des années, je n'ai pas repensé à ces femmes. Jusqu'au jour où, alors que j'avais le privilège de travailler au Studio D de l'ONF (le studio des femmes), je pus suivre de près la réalisation du documentaire Behind the Veil (Derrière le voile). Quelle découverte, quelles femmes, que d'intelligence et de passion ! Une tradition de deux millénaires, un choix spirituel certes, mais aussi, pendant des siècles, un refuge pour beaucoup qui souhaitaient échapper au destin d'épouse-mère-pupille. Des femmes de tête. Des femmes de lettres. Des femmes d'action.

Par la suite, j'en ai connu d'autres, notamment dans des missions en Amérique centrale.  Et toujours, j'ai été impressionnée par l'abnégation, la force de travail, l'humour et un sens de l'administration remarquable. D'ailleurs, si on souhaite contribuer à une œuvre humanitaire, les ordres religieux sont souvent un choix judicieux.

À toutes les religieuses qui ont laissé une trace dans ma vie, je dis merci. Et je rappelle que si la langue française est encore bien vivante dans l'Ouest canadien, c'est en grande partie aux religieuses, notamment aux Sœurs de la Providence, que nous le devons.

Print
30470

Mychèle FortinMychèle Fortin

Other posts by Mychèle Fortin
Contact author

Contact author

x
Une fin de semaine à l'enseigne de la petite enfance

Une fin de semaine à l'enseigne de la petite enfance

Les parents et leurs enfants du Centre d’appui à la famille et à l’enfance (CAFE) La Passerelle de Saskatoon se sont réunis le vendredi 6 mars dernier afin de participer à un atelier sur l’éveil à la lecture chez les jeunes enfants. Le lendemain une formation était offerte aux intervenants en petite enfance.

Wednesday, March 11, 2015/Author: Danielle Raymond (EV)/Number of views (27189)/Comments (0)/

Une étape importante pour le postsecondaire francophone en Saskatchewan

SASKATOON - C’est surtout le dossier du postsecondaire qui a retenu l’attention de l’Assemblée des députés communautaires (ADC) de l’Assemblée communautaire fransaskoise (ACF) lors de sa rencontre à Saskatoon les 6, 7 et 8 mars 2015.

Tuesday, March 10, 2015/Author: Michel Vézina/Number of views (30351)/Comments (0)/
Thursday, March 5, 2015/Author: Frédéric Dupré (Courrier du lecteur)/Number of views (26612)/Comments (0)/
Visite au Carrefour Horizons

Visite au Carrefour Horizons

Le 26 février dernier, les étudiants du Certificat en français langue seconde du Département de français de l’Université de Regina sont venus faire la tournée des organismes fransaskois, logés au Carrefour Horizons de Regina

Thursday, March 5, 2015/Author: Jean-Pierre Picard (EV)/Number of views (27857)/Comments (0)/
Célébration du Mois de l'histoire des Noirs à Mgr de Laval

Célébration du Mois de l'histoire des Noirs à Mgr de Laval

REGINA - Le 27 février 2015, Dans le cadre du Mois de l’histoire des Noirs, une soixantaine d’élèves de l’École Mgr de Laval, à Regina, ont participé à l’organisation d’une journée d’activités sous la gouverne de Mbaye Biteye, enseignant d’origine sénégalaise. 

Thursday, March 5, 2015/Author: L'Eau vive/Number of views (35604)/Comments (0)/
Non à l’intimidation

Non à l’intimidation

Journée du Chandail rose à Gravebourg

Le 25 février, les élèves de l’École Beau Soleil et École secondaire Collège Mathieu, à Gravelbourg ont souligné la journée du Chandail rose, visant à lancer un message contre l’intimidation

Thursday, March 5, 2015/Author: L'Eau vive/Number of views (33116)/Comments (0)/

Le Conseil des écoles fransaskoises pleure le décès soudain d’un de ses élèves

St-Isidore-de-Bellevue, le 4 mars 2015 - Le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF) - en particulier la communauté scolaire de l'École St-Isidore à Bellevue - est en deuil suite au décès de l'un de ses étudiants plus tôt aujourd'hui, comme il a été rapporté dans les médias. 

Wednesday, March 4, 2015/Author: Conseil des écoles fransaskoises/Number of views (27427)/Comments (0)/
L’Institut français devient le premier centre officiel de passation des TEF en Saskatchewan

L’Institut français devient le premier centre officiel de passation des TEF en Saskatchewan

L’institut français est devenu le premier établissement en Saskatchewan reconnu par le Centre de langue française de la CCI Paris Ile-de-France, pour administrer le Test d’évaluation de français (TEF). 

Wednesday, March 4, 2015/Author: La Cité universitaire francophone/Number of views (30438)/Comments (0)/
L’école française au Nunavut : des parents exigent le départ des commissaires et de la direction générale

L’école française au Nunavut : des parents exigent le départ des commissaires et de la direction générale

IQALUIT - On entend rarement parler de l’École des Trois-soleils, à Iqaluit, la plus nordique des écoles françaises de la planète. Même quand ça va mal.

Friday, February 20, 2015/Author: Anonym/Number of views (24234)/Comments (0)/
Un carnaval métis et canadien-français à l'école George Lee School

Un carnaval métis et canadien-français à l'école George Lee School

REGINA - Pour la 3e année consécutive, le carnaval célébrant les cultures métis et canadienne-française a battu son plein à l’école George Lee de Regina le 12 février dernier. Pour l’organisatrice de l’événement, Jessica Irvine, enseignante de français de base à cette école, tous attendaient la journée du carnaval avec impatience et l'événement a été un franc succès. 

Friday, February 20, 2015/Author: Émilie Dessureault-Paquette /Number of views (28811)/Comments (0)/
L’école de Debden célèbre la semaine du français langue seconde

L’école de Debden célèbre la semaine du français langue seconde

L’école de Debden a célébré la semaine de français/deuxième langue du 2 au 6 février. Le thème cette année était Comment fais-tu vivre le français dans ton école? 

Friday, February 20, 2015/Author: Anne Blais (EV)/Number of views (34359)/Comments (0)/
Journée de l’alphabétisation familiale 2015

Journée de l’alphabétisation familiale 2015

Le Collège Mathieu désire remercier toutes les personnes qui ont consacré du temps aux activités d’apprentissage avec les enfants du 27 janvier au 1er février dernier, dans le cadre de notre programme de littératie familiale. Les activités réalisées, très diversifiées et enrichissantes, visaient à susciter le goût de la lecture pour le développement intellectuel et le bien-être des enfants.

Thursday, February 12, 2015/Author: Collège Mathieu/Number of views (24242)/Comments (0)/

À l’heure de la littératie à Prince Albert

À l'initiative de sa directrice, Sandra Hassan Farah, le Centre éducatif Trésors du Monde de Prince Albert a participé à l'événement 15 minutes de littératie familiale organisé par le Collège Mathieu.

Thursday, February 12, 2015/Author: Ahmed Hassan (EV)/Number of views (30230)/Comments (0)/
La place de l’anglais dans les écoles fransaskoises

La place de l’anglais dans les écoles fransaskoises

« Une discussion qui doit avoir lieu » – Donald Michaud

SASKATOON - Pour Donald Michaud, le directeur de l’éducation par intérim au Conseil des écoles fransaskoises (CÉF), la place de l’anglais dans les écoles fransaskoises « est une discussion qui doit avoir lieu ». La diversité des niveaux de français représente tout un défi pour le personnel enseignant, certes, mais surtout pour la création d’un environnement social francophone dans l’école.

Thursday, February 5, 2015/Author: Jean-Pierre Picard (EV)/Number of views (36934)/Comments (0)/

Éducation fransaskoise : le navire ne prend plus l’eau, mais sait-on où il va?

L’Assemblée annuelle des électeurs du Conseil scolaire fransaskois était plutôt calme cette année. Je me suis surpris à m’ennuyer des joutes verbales de l’année dernière. Lors de l’AGA de 2014, le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF) était en pleine tempête financière, des coupes sévères venaient d’être faites, et tout laissait croire que ce n’était pas fini. Les colonnes de chiffres inquiétaient les parents et ceux-ci l’avaient fait savoir.
Wednesday, February 4, 2015/Author: Jean-Pierre Picard/Number of views (32423)/Comments (0)/
RSS
First2021222325272829Last

 - Friday 22 November 2024