Skip Navigation
Festival fransaskois 2024
Ericka Muzzo – Francopresse

Les faibles taux de rétention, revers de la médaille en immersion

Image
Photo : Note Thanun / Unsplash

Si les inscriptions dans les programmes d’immersion ont augmenté de manière exponentielle dans les vingt dernières années, moins de la moitié des élèves inscrits en début de parcours y restent jusqu’à l’obtention de leur diplôme. 

Ce constat provient d’un projet pilote complété en 2021 par le chercheur Laurent Cammarata, professeur titulaire en éducation à la Faculté Saint-Jean de l’Université de l’Alberta, et auteur de l’étude pancanadienne RÉCIF-SRIFS sur la rétention scolaire en immersion française et en milieu minoritaire francophone.

« Quand on commence à regarder les chiffres, ils sont extrêmement beaux au niveau des inscriptions. […] En immersion, on a une augmentation d’à peu près 75 % en 20 ans, on a de quoi se réjouir ! » lance d’abord Laurent Cammarata.

De 50 000 à 13 000 élèves

Image
Moins de la moitié des étudiants qui commencent en immersion y obtiennent leur diplôme.
Photo : Courtoisie de Laurent Cammarata

« Évidemment, il y a toujours un revers à la médaille. Quand on commence à se pencher sur le phénomène de la rétention des élèves […] on n’a pas de données sur les pertes. Très, très peu de conseils scolaires collectent des statistiques sur les gens qui partent ou ont des entrevues avec les parents qui décident de retirer leurs enfants », déplore le chercheur.

Au Canada, en 2016-2017, près de 50 000 élèves fréquentaient la maternelle en immersion. Pour chaque année scolaire, ce nombre diminue, pour finir avec à peine plus de 13 000 élèves en 12e année.

« Il y a des choses qui sont normales, explicables […], mais il y a aussi toute une partie qui ne l’est pas », estime Laurent Cammarata, notant que la tendance est similaire d’une province à une autre.

À travers son étude, le chercheur espère identifier certaines des raisons qui poussent les parents à retirer leurs enfants de ces programmes. « Ma question, c’est de savoir ce qui se passe lorsqu’on a des parents qui ont fait le choix de l’immersion — ce qui est déjà quelque chose de très courageux —, qui étaient au départ très motivés, pour qu’à un moment donné ils décident de les retirer […] Tant qu’on ne sait pas, on ne pourra pas résoudre les problèmes. »

Des problèmes aux solutions

L’équipe de recherche a donc décidé de sonder les parents sur leur propre expérience avec le français, sur les motivations qui les ont amenés à choisir l’immersion ou l’école francophone pour leur enfant, ainsi que sur leur perception actuelle du programme. Un suivi avec des entrevues et des groupes de discussion est également prévu.

L’étude RÉCIF s’adresse également aux enseignants et aux administrateurs. « On veut voir aussi comment les perceptions et motivations des parents sont comprises ou interprétées par les autres acteurs du milieu, comment les enseignants et les administrateurs accompagnent ces familles-là », résume Laurent Cammarata.

Et d’ajouter : « Le but ultime, c’est vraiment d’identifier des problématiques particulières, des manques ou des choses sur lesquelles on devrait travailler, pour pouvoir ensuite apporter des propositions pour améliorer la situation. »

Quelques réponses préliminaires

Laurent Cammarata
Laurent Cammarata, chercheur et professeur titulaire en éducation à la Faculté Saint-Jean de l’Université de l’Alberta.
Photo : Courtoisie

Laurent Cammarata note d’ores et déjà que « beaucoup de parents mettent leurs enfants dans un programme d’immersion sans s’être vraiment préoccupés de poser des questions ou sans avoir eu accès à beaucoup d’informations. Beaucoup d’entre eux ne savent pas vraiment ce que c’est. »

L’universitaire observe aussi un manque de connaissances par rapport à l’apprentissage d’une langue seconde : « En immersion, on a souvent un délai naturel au niveau de la lecture et de l’écriture en anglais puisqu’on apprend à lire et à écrire exclusivement en français jusqu’à la troisième année. Beaucoup de parents s’inquiètent alors lorsqu’ils voient leur enfant avoir un petit retard », constate-t-il.

Une autre raison évoquée par les parents est le manque de soutien pour des problèmes d’apprentissage. « C’est vrai que, dans la situation actuelle de l’Alberta, il y a des coupures assez incroyables, on se retrouve avec des enfants qui ont des besoins particuliers en salle de classe et qui n’ont pas le soutien nécessaire […] Dans les écoles anglophones, en général, il y a plus d’argent », évoque Laurent Cammarata.

Enfin, beaucoup de parents s’inquiètent de ne pas pouvoir accompagner leur enfant dans les devoirs. « Le gros problème, c’est qu’on fait la promesse au départ que les parents n’auront pas besoin de parler français [dans le cas des programmes d’immersion]. C’est vrai pour certains enfants, mais celui qui a par exemple des problèmes d’attention va avoir besoin de soutien à la maison », relève le chercheur.

L’étude doit se conclure au mois de mars. Laurent Cammarata voit toutefois cette recherche comme « le début d’une aventure […] La deuxième étape, ça va être d’approfondir tout ça et de faire des études ciblées sur des choses que l’on aura remarquées. »

« Si on veut vraiment que tout le Canada soit bilingue, il faut que les enfants se retrouvent dans des programmes bilingues, donc il faut se préoccuper des gens qui sortent de ces programmes », souligne le chercheur.

Previous Article Postsecondaire dans l'Ouest: la demande dépasse l’offre
Next Article L’enseignement en français au cœur des débats
Print
5981

Ericka Muzzo – Francopresse Francopresse

Other posts by Ericka Muzzo – Francopresse
Contact author

Contact author

x
Une fin de semaine à l'enseigne de la petite enfance

Une fin de semaine à l'enseigne de la petite enfance

Les parents et leurs enfants du Centre d’appui à la famille et à l’enfance (CAFE) La Passerelle de Saskatoon se sont réunis le vendredi 6 mars dernier afin de participer à un atelier sur l’éveil à la lecture chez les jeunes enfants. Le lendemain une formation était offerte aux intervenants en petite enfance.

Wednesday, March 11, 2015/Author: Danielle Raymond (EV)/Number of views (25891)/Comments (0)/

Une étape importante pour le postsecondaire francophone en Saskatchewan

SASKATOON - C’est surtout le dossier du postsecondaire qui a retenu l’attention de l’Assemblée des députés communautaires (ADC) de l’Assemblée communautaire fransaskoise (ACF) lors de sa rencontre à Saskatoon les 6, 7 et 8 mars 2015.

Tuesday, March 10, 2015/Author: Michel Vézina/Number of views (29311)/Comments (0)/
Thursday, March 5, 2015/Author: Frédéric Dupré (Courrier du lecteur)/Number of views (25622)/Comments (0)/
Visite au Carrefour Horizons

Visite au Carrefour Horizons

Le 26 février dernier, les étudiants du Certificat en français langue seconde du Département de français de l’Université de Regina sont venus faire la tournée des organismes fransaskois, logés au Carrefour Horizons de Regina

Thursday, March 5, 2015/Author: Jean-Pierre Picard (EV)/Number of views (26762)/Comments (0)/
Célébration du Mois de l'histoire des Noirs à Mgr de Laval

Célébration du Mois de l'histoire des Noirs à Mgr de Laval

REGINA - Le 27 février 2015, Dans le cadre du Mois de l’histoire des Noirs, une soixantaine d’élèves de l’École Mgr de Laval, à Regina, ont participé à l’organisation d’une journée d’activités sous la gouverne de Mbaye Biteye, enseignant d’origine sénégalaise. 

Thursday, March 5, 2015/Author: L'Eau vive/Number of views (34189)/Comments (0)/
Non à l’intimidation

Non à l’intimidation

Journée du Chandail rose à Gravebourg

Le 25 février, les élèves de l’École Beau Soleil et École secondaire Collège Mathieu, à Gravelbourg ont souligné la journée du Chandail rose, visant à lancer un message contre l’intimidation

Thursday, March 5, 2015/Author: L'Eau vive/Number of views (31512)/Comments (0)/

Le Conseil des écoles fransaskoises pleure le décès soudain d’un de ses élèves

St-Isidore-de-Bellevue, le 4 mars 2015 - Le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF) - en particulier la communauté scolaire de l'École St-Isidore à Bellevue - est en deuil suite au décès de l'un de ses étudiants plus tôt aujourd'hui, comme il a été rapporté dans les médias. 

Wednesday, March 4, 2015/Author: Conseil des écoles fransaskoises/Number of views (26468)/Comments (0)/
L’Institut français devient le premier centre officiel de passation des TEF en Saskatchewan

L’Institut français devient le premier centre officiel de passation des TEF en Saskatchewan

L’institut français est devenu le premier établissement en Saskatchewan reconnu par le Centre de langue française de la CCI Paris Ile-de-France, pour administrer le Test d’évaluation de français (TEF). 

Wednesday, March 4, 2015/Author: La Cité universitaire francophone/Number of views (28958)/Comments (0)/
L’école française au Nunavut : des parents exigent le départ des commissaires et de la direction générale

L’école française au Nunavut : des parents exigent le départ des commissaires et de la direction générale

IQALUIT - On entend rarement parler de l’École des Trois-soleils, à Iqaluit, la plus nordique des écoles françaises de la planète. Même quand ça va mal.

Friday, February 20, 2015/Author: Anonym/Number of views (23207)/Comments (0)/
Un carnaval métis et canadien-français à l'école George Lee School

Un carnaval métis et canadien-français à l'école George Lee School

REGINA - Pour la 3e année consécutive, le carnaval célébrant les cultures métis et canadienne-française a battu son plein à l’école George Lee de Regina le 12 février dernier. Pour l’organisatrice de l’événement, Jessica Irvine, enseignante de français de base à cette école, tous attendaient la journée du carnaval avec impatience et l'événement a été un franc succès. 

Friday, February 20, 2015/Author: Émilie Dessureault-Paquette /Number of views (27850)/Comments (0)/
L’école de Debden célèbre la semaine du français langue seconde

L’école de Debden célèbre la semaine du français langue seconde

L’école de Debden a célébré la semaine de français/deuxième langue du 2 au 6 février. Le thème cette année était Comment fais-tu vivre le français dans ton école? 

Friday, February 20, 2015/Author: Anne Blais (EV)/Number of views (32209)/Comments (0)/
Journée de l’alphabétisation familiale 2015

Journée de l’alphabétisation familiale 2015

Le Collège Mathieu désire remercier toutes les personnes qui ont consacré du temps aux activités d’apprentissage avec les enfants du 27 janvier au 1er février dernier, dans le cadre de notre programme de littératie familiale. Les activités réalisées, très diversifiées et enrichissantes, visaient à susciter le goût de la lecture pour le développement intellectuel et le bien-être des enfants.

Thursday, February 12, 2015/Author: Collège Mathieu/Number of views (22923)/Comments (0)/

À l’heure de la littératie à Prince Albert

À l'initiative de sa directrice, Sandra Hassan Farah, le Centre éducatif Trésors du Monde de Prince Albert a participé à l'événement 15 minutes de littératie familiale organisé par le Collège Mathieu.

Thursday, February 12, 2015/Author: Ahmed Hassan (EV)/Number of views (28806)/Comments (0)/
La place de l’anglais dans les écoles fransaskoises

La place de l’anglais dans les écoles fransaskoises

« Une discussion qui doit avoir lieu » – Donald Michaud

SASKATOON - Pour Donald Michaud, le directeur de l’éducation par intérim au Conseil des écoles fransaskoises (CÉF), la place de l’anglais dans les écoles fransaskoises « est une discussion qui doit avoir lieu ». La diversité des niveaux de français représente tout un défi pour le personnel enseignant, certes, mais surtout pour la création d’un environnement social francophone dans l’école.

Thursday, February 5, 2015/Author: Jean-Pierre Picard (EV)/Number of views (35497)/Comments (0)/

Éducation fransaskoise : le navire ne prend plus l’eau, mais sait-on où il va?

L’Assemblée annuelle des électeurs du Conseil scolaire fransaskois était plutôt calme cette année. Je me suis surpris à m’ennuyer des joutes verbales de l’année dernière. Lors de l’AGA de 2014, le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF) était en pleine tempête financière, des coupes sévères venaient d’être faites, et tout laissait croire que ce n’était pas fini. Les colonnes de chiffres inquiétaient les parents et ceux-ci l’avaient fait savoir.
Wednesday, February 4, 2015/Author: Jean-Pierre Picard/Number of views (31064)/Comments (0)/
RSS
First1920212224262728Last

 - Friday 28 June 2024