Skip Navigation
Festival fransaskois 2024
L'immigration vue de l'intérieur: de l'importance du travail
Mychèle Fortin

L'immigration vue de l'intérieur: de l'importance du travail

C’était à Montréal, au milieu des années 90. Je participais à un projet de recherche portant sur les besoins en santé de jeunes familles immigrantes et à ce titre, j’ai eu la chance de rencontrer quelques dizaines de familles, dont plusieurs venues du Proche-Orient.

Les premières répondantes ciblées par la recherche étaient des femmes, mais il arrivait souvent que les hommes, souvent désoeuvrés, ou par souci de convenance, assistent à l’entrevue. La plupart du temps, ils restaient silencieux. Pour plusieurs, le choc culturel était plus difficile à assimiler. Trouver du travail était souvent plus ardu pour les hommes que pour les femmes.

Beaucoup de confidences m’ont bouleversée, la force et la résilience des femmes m’ont étonnée. Mais c’est un homme qui m’a fait voir, de l’intérieur, ce que peut être l’exil, qui m’a fait comprendre que même dans une terre d’accueil qui se veut aussi hospitalière que la nôtre, on puisse s’ennuyer de la guerre.

Ils étaient, lui et sa femme, que nous appelerons Nadim et Zeïna, musulmans, originaires de Syrie et vivant au Liban qu’ils avaient dû quitter. Alors que j’étais souvent surprise par la gaité qui règnait chez des gens ayant vécu des choses à faire frémir, ici c’est la tristesse à fleur de peau qui m’a frappée.

L’entrevue se déroulait de façon prévisible, sans surprise – madame répondant, monsieur écoutant –, lorsque je demandai, en indiquant la photo d’une enfant d’une dizaine d’années  : c’est votre fille? C’est lui qui a répondu. Qui m’a dit, très posément, comment un jour leur fille était tombée victime d’un engin explosif en rentrant de l’école. Personne n’a eu besoin de le leur annoncer. Il a tout vu de sa fenêtre, elle était à quelques mètres de la maison.

Que peut-on dire après avoir entendu ça? Le silence a duré quelques minutes et puis j’ai dû dire un truc comme  : ça doit être lourd à porter. C’est alors que Nadim a commencé à pleurer. Je crois que Zeïna en fut aussi surprise que moi. Ça a duré un bon moment. Et puis il s’est remis à parler. Pas de sa fille, comme on s’y serait attendu. Mais du reste.

Chez-moi, j’étais quelqu’un. Ici je ne suis personne. Toute ma vie j’ai travaillé, j’ai toujours fait vivre ma famille. Ici je ne trouve pas de travail. Chez-moi j’étais ingénieur, ici je reçois un chèque du gouvernement. Je ne veux pas recevoir la charité. Chez nous ça ne se fait pas. Chez moi je servais à quelque chose. Si un tir endommageait une maison dans notre rue, le lendemain on se mettait tous ensemble pour réparer les dégâts. C’était la guerre mais je me sentais vivant. Ici je ne sers à rien. Parfois je regrette d’être venu. Je ne serais pas venu si on m’avait dit qu’on ne me donnerait pas de travail.

Un sondage mené tout récemment par la CBC2 révélait que si 55% des répondants estiment que l’immigration contribue à bâtir un avenir économique stable pour le pays, ils sont 30% à craindre que les immigrants ne volent les emplois des Canadiens. J’aimerais leur présenter Nadim.

Combien sont-ils, immigrants ou non, à éprouver, au-delà des difficultés économiques, ce sentiment de n’être personne, à force de vivre en marge de la société active? Ne serait-ce pas le signe d’une société éclairée que de mettre en œuvre une véritable politique de plein emploi pour tous? 

1. Guerre du Liban (1975-1990)
2. CBC News survey on discrimation, 10 novembre 2014

Print
26063

Mychèle FortinMychèle Fortin

Other posts by Mychèle Fortin
Contact author

Contact author

x
Une fin de semaine à l'enseigne de la petite enfance

Une fin de semaine à l'enseigne de la petite enfance

Les parents et leurs enfants du Centre d’appui à la famille et à l’enfance (CAFE) La Passerelle de Saskatoon se sont réunis le vendredi 6 mars dernier afin de participer à un atelier sur l’éveil à la lecture chez les jeunes enfants. Le lendemain une formation était offerte aux intervenants en petite enfance.

Wednesday, March 11, 2015/Author: Danielle Raymond (EV)/Number of views (25854)/Comments (0)/

Une étape importante pour le postsecondaire francophone en Saskatchewan

SASKATOON - C’est surtout le dossier du postsecondaire qui a retenu l’attention de l’Assemblée des députés communautaires (ADC) de l’Assemblée communautaire fransaskoise (ACF) lors de sa rencontre à Saskatoon les 6, 7 et 8 mars 2015.

Tuesday, March 10, 2015/Author: Michel Vézina/Number of views (29284)/Comments (0)/
Thursday, March 5, 2015/Author: Frédéric Dupré (Courrier du lecteur)/Number of views (25591)/Comments (0)/
Visite au Carrefour Horizons

Visite au Carrefour Horizons

Le 26 février dernier, les étudiants du Certificat en français langue seconde du Département de français de l’Université de Regina sont venus faire la tournée des organismes fransaskois, logés au Carrefour Horizons de Regina

Thursday, March 5, 2015/Author: Jean-Pierre Picard (EV)/Number of views (26754)/Comments (0)/
Célébration du Mois de l'histoire des Noirs à Mgr de Laval

Célébration du Mois de l'histoire des Noirs à Mgr de Laval

REGINA - Le 27 février 2015, Dans le cadre du Mois de l’histoire des Noirs, une soixantaine d’élèves de l’École Mgr de Laval, à Regina, ont participé à l’organisation d’une journée d’activités sous la gouverne de Mbaye Biteye, enseignant d’origine sénégalaise. 

Thursday, March 5, 2015/Author: L'Eau vive/Number of views (34181)/Comments (0)/
Non à l’intimidation

Non à l’intimidation

Journée du Chandail rose à Gravebourg

Le 25 février, les élèves de l’École Beau Soleil et École secondaire Collège Mathieu, à Gravelbourg ont souligné la journée du Chandail rose, visant à lancer un message contre l’intimidation

Thursday, March 5, 2015/Author: L'Eau vive/Number of views (31478)/Comments (0)/

Le Conseil des écoles fransaskoises pleure le décès soudain d’un de ses élèves

St-Isidore-de-Bellevue, le 4 mars 2015 - Le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF) - en particulier la communauté scolaire de l'École St-Isidore à Bellevue - est en deuil suite au décès de l'un de ses étudiants plus tôt aujourd'hui, comme il a été rapporté dans les médias. 

Wednesday, March 4, 2015/Author: Conseil des écoles fransaskoises/Number of views (26456)/Comments (0)/
L’Institut français devient le premier centre officiel de passation des TEF en Saskatchewan

L’Institut français devient le premier centre officiel de passation des TEF en Saskatchewan

L’institut français est devenu le premier établissement en Saskatchewan reconnu par le Centre de langue française de la CCI Paris Ile-de-France, pour administrer le Test d’évaluation de français (TEF). 

Wednesday, March 4, 2015/Author: La Cité universitaire francophone/Number of views (28951)/Comments (0)/
L’école française au Nunavut : des parents exigent le départ des commissaires et de la direction générale

L’école française au Nunavut : des parents exigent le départ des commissaires et de la direction générale

IQALUIT - On entend rarement parler de l’École des Trois-soleils, à Iqaluit, la plus nordique des écoles françaises de la planète. Même quand ça va mal.

Friday, February 20, 2015/Author: Anonym/Number of views (23195)/Comments (0)/
Un carnaval métis et canadien-français à l'école George Lee School

Un carnaval métis et canadien-français à l'école George Lee School

REGINA - Pour la 3e année consécutive, le carnaval célébrant les cultures métis et canadienne-française a battu son plein à l’école George Lee de Regina le 12 février dernier. Pour l’organisatrice de l’événement, Jessica Irvine, enseignante de français de base à cette école, tous attendaient la journée du carnaval avec impatience et l'événement a été un franc succès. 

Friday, February 20, 2015/Author: Émilie Dessureault-Paquette /Number of views (27827)/Comments (0)/
L’école de Debden célèbre la semaine du français langue seconde

L’école de Debden célèbre la semaine du français langue seconde

L’école de Debden a célébré la semaine de français/deuxième langue du 2 au 6 février. Le thème cette année était Comment fais-tu vivre le français dans ton école? 

Friday, February 20, 2015/Author: Anne Blais (EV)/Number of views (32146)/Comments (0)/
Journée de l’alphabétisation familiale 2015

Journée de l’alphabétisation familiale 2015

Le Collège Mathieu désire remercier toutes les personnes qui ont consacré du temps aux activités d’apprentissage avec les enfants du 27 janvier au 1er février dernier, dans le cadre de notre programme de littératie familiale. Les activités réalisées, très diversifiées et enrichissantes, visaient à susciter le goût de la lecture pour le développement intellectuel et le bien-être des enfants.

Thursday, February 12, 2015/Author: Collège Mathieu/Number of views (22908)/Comments (0)/

À l’heure de la littératie à Prince Albert

À l'initiative de sa directrice, Sandra Hassan Farah, le Centre éducatif Trésors du Monde de Prince Albert a participé à l'événement 15 minutes de littératie familiale organisé par le Collège Mathieu.

Thursday, February 12, 2015/Author: Ahmed Hassan (EV)/Number of views (28781)/Comments (0)/
La place de l’anglais dans les écoles fransaskoises

La place de l’anglais dans les écoles fransaskoises

« Une discussion qui doit avoir lieu » – Donald Michaud

SASKATOON - Pour Donald Michaud, le directeur de l’éducation par intérim au Conseil des écoles fransaskoises (CÉF), la place de l’anglais dans les écoles fransaskoises « est une discussion qui doit avoir lieu ». La diversité des niveaux de français représente tout un défi pour le personnel enseignant, certes, mais surtout pour la création d’un environnement social francophone dans l’école.

Thursday, February 5, 2015/Author: Jean-Pierre Picard (EV)/Number of views (35472)/Comments (0)/

Éducation fransaskoise : le navire ne prend plus l’eau, mais sait-on où il va?

L’Assemblée annuelle des électeurs du Conseil scolaire fransaskois était plutôt calme cette année. Je me suis surpris à m’ennuyer des joutes verbales de l’année dernière. Lors de l’AGA de 2014, le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF) était en pleine tempête financière, des coupes sévères venaient d’être faites, et tout laissait croire que ce n’était pas fini. Les colonnes de chiffres inquiétaient les parents et ceux-ci l’avaient fait savoir.
Wednesday, February 4, 2015/Author: Jean-Pierre Picard/Number of views (31049)/Comments (0)/
RSS
First1920212224262728Last

 - Wednesday 26 June 2024