Skip Navigation

Premières Nations en deuil : ça va prendre quoi pour que ça change ?

Cimetière de l’ancienne école indienne de Regina, Regina Indian Industrial School Cemetery

Cimetière de l’ancienne école indienne de Regina, Regina Indian Industrial School Cemetery

Crédit : Marie-Lou Bernatchez
Près d'un millier de tombes anonymes, près d'un millier d'enfants autochtones morts d'on ne sait quoi, on ne sait quand.  On en a découvert 215 sur le terrain de l'ancien pensionnat autochtone de Kamloops, en Colombie-Britannique, et 751 à Marieval, en Saskatchewan. Et on en découvrira d'autres. Pour reprendre les paroles du chef de l'Assemblée des Premières Nations, Perry Bellegarde, « ce n'est que la pointe de l'iceberg ».

On est étonné, on crie à l'horreur. Et pourtant, on savait. Depuis la Commission de vérité et réconciliation,  on savait. L'horreur de ces pensionnats y est largement documentée. Des survivants d'un système qui avait pour mission de « tuer l'Indien dans l'enfant » ont témoigné. On savait, mais c'était abstrait. Des mots. ‘Génocide culturel’. Là, on voit. Images d'un génocide culturel. Certains diraient d'un génocide tout court.

Un traumatisme intergénérationnel

Les survivants d'un système qui les a éviscérés, vidés de leur identité, n'en peuvent plus. Brisés au pensionnat, coupés de leur famille, de leur langue, de leurs racines, plusieurs n'ont pu retrouver leurs repères une fois rentrés au bercail.  Alcool, drogues. Plusieurs n'ont su comment être mère, père. Se sont vus enlever la garde de leurs enfants. Lesquels sont nombreux à ne pas très bien se porter. Lesquels meurent parfois de froid dans nos rues. C'est ce qu'on appelle le traumatisme intergénérationnel. 

Comme si les pensionnats n'avaient pas suffi, il y a eu la rafle des années soixante, le Sixties Scoop. Du pensionnat, on est passé à l'adoption. Des milliers d'enfants ont été arrachés à leurs parents, à leur communauté et mis en adoption. Dans les deux cas, et parfois avec les meilleures intentions du monde, ils ont été élevés dans une langue qui n'est pas la leur, une culture qui n'est pas la leur.

Et puis la Loi sur les Indiens qui date de 1876, que le chef Perry Bellegarde qualifie de « néfaste » et qui selon lui contribue au traumatisme intergénérationnel.

On demande des excuses

Et nous voilà au pied de tombes qui ont tout de la fosse commune : pas de noms, pas de dates. Des victimes d'une machine à broyer les âmes et parfois les corps, qui a opéré pendant 120 ans. Bobby Cameron, chef de la Fédération des nations autochtones souveraines (qui représente les 74 Premières Nations de la Saskatchewan) a déclaré : « Le monde nous regarde pendant que nous dévoilons les horreurs du génocide. »

On cherche des coupables. On réclame des excuses de l'Église. Justin Trudeau a réclamé des excuses du pape. On peut penser que les choses avanceraient plus vite si la chaise de l'ambassadeur du Canada au Vatican n'était pas vide depuis trois ans.

Les excuses du pape aux Premières Nations tardent à venir, c'est vrai. Mais de nombreuses communautés religieuses n'ont pas attendu Rome pour faire leur mea culpa. Une démarche de réconciliation est en cours depuis une trentaine d'années. Comme l'a rappelé Alain Crevier, ancien animateur de l’émission Second regard en entrevue à l'émission Point du jour, « depuis le pontificat de Jean-Paul II, l’Église  a présenté des excuses à de nombreuses reprises, ce qui a énervé des personnes haut placées de l’Église ».

Rappelons la rencontre en 2009 de Benoit XVI avec Phil Fontaine, alors chef de l'Assemblée des Premières Nations, auquel il a exprimé ses regrets. Phil Fontaine a déclaré par la suite espérer que les regrets du pape « permettront de clore l'histoire. Le fait que le mot ‘excuses’ n'ait pas été utilisé ne devrait pas diminuer l'importance de ce moment d'aucune façon. »

La Conférence des évêques catholiques du Canada annonçait récemment qu'une délégation des  peuples autochtones rencontrera le Saint-Père du 17 au 20 décembre 2021. Le pape François aura des rencontres personnelles avec chacun des trois groupes distincts de délégués, Premières Nations, Métis et Inuits. Il y a bon espoir qu’une parole et un geste significatifs sortiront de ces rencontres.

Mais il faut aussi agir. Aujourd'hui, en Saskatchewan, 86 % des enfants placés en famille d'accueil sont autochtones, alors que les Autochtones ne représentent que 16,3 % de la population de la province. Du pensionnat à l'adoption au placement en foyer d'accueil. Ça va prendre quoi pour que ça change ? Il est plus que temps que l'on donne aux Premières Nations les moyens de s'occuper elles-mêmes de leurs enfants et de leur destin.

Print
11007

Mychèle FortinMychèle Fortin

Other posts by Mychèle Fortin
Contact author

Contact author

x
Transport scolaire : l’inquiétude des parents

Transport scolaire : l’inquiétude des parents

REGINA - Depuis le 17 août, le Conseil des écoles fransaskoises a commencé la diffusion d’un communiqué  annonçant des réductions du transport des élèves de Regina et Saskatoon inscrits dans ses écoles. Une mesure qui inquiète certaines familles.

Thursday, August 27, 2015/Author: Émilie Dessureault-Paquette et Sébastien Németh (EV)/Number of views (23317)/Comments (0)/
Des parents provoquent une Assemblée générale extraordinaire

Des parents provoquent une Assemblée générale extraordinaire

Le Conseil scolaire fransaskois doit convoquer ce mercredi 26 août, une Assemblée générale exceptionnelle (AGE), au Pavillon secondaire des Quatre vents, à Régina.

Monday, August 24, 2015/Author: Anonym/Number of views (23082)/Comments (0)/
Frédérique Baudemont à la tête de l'Association des parents fransaskois

Frédérique Baudemont à la tête de l'Association des parents fransaskois

Arrivant de Patrimoine Canadien, Frédérique Baudemont remplacera Danielle Raymond à la direction de l’Association des parents fransaskois (APF), à partir du 1er septembre.

Thursday, August 20, 2015/Author: Sébastien Németh (EV)/Number of views (29655)/Comments (0)/
Treaty4Project : The Next Generation Project / La prochaine génération

Treaty4Project : The Next Generation Project / La prochaine génération

Des élèves produisent une œuvre artistique à partir d’un enjeu social

« Nous espérons que ce projet permettra aux élèves d’imaginer un monde meilleur et de créer un impact dans la province où ils désirent vivre. » -- le comité Treaty4Project

Thursday, July 16, 2015/Author: Leia Laing et Naomi Fortier-Fréçon (EV)/Number of views (51014)/Comments (0)/
Progression de l’immersion française malgré les obstacles

Progression de l’immersion française malgré les obstacles

« L’immersion francophone est l’une des expériences éducatives les mieux réussies de l’histoire du Canada ». - Graham Fraser, commissaire aux langues officielles

En cinq ans, la médiane des inscrits à l’école d’immersion dans les provinces est passée de 8,4 à 9,9 %. Malgré la résistance des divisions scolaires et le manque de places disponibles.

Wednesday, July 15, 2015/Author: Anonym/Number of views (33449)/Comments (0)/
L’École canadienne-française honore ses finissants

L’École canadienne-française honore ses finissants

Remise des diplômes 2015

SASKATOON - Le samedi 27 juin c’était la cérémonie de remise des diplômes pour l’année 2014-2015 aux 22 finissants et finissantes de l’École canadienne-française (ECF) du Pavillon Gustave Dubois.

Thursday, July 9, 2015/Author: Martin Kakra-Kouame (EV)/Number of views (42418)/Comments (0)/
Joshua Fizel : premier finissant de l'école Père Mercure

Joshua Fizel : premier finissant de l'école Père Mercure

Notre futur proche et notre futur lointain

La petite école Père Mercure, aux arômes d'esprit de famille et de partage, Josh l’a arpentée, fréquentée pendant treize années, de la pré-maternelle à la douzième.

Thursday, July 9, 2015/Author: Céline Grenier (EV)/Number of views (40152)/Comments (0)/
Le Grand cabaret à Mgr de Laval

Le Grand cabaret à Mgr de Laval

Le plaisir et le dépassement de soi

REGINA - Le 24 juin dernier avait lieu le Grand Cabaret de l'école Monseigneur de Laval pavillon élémentaire. C'est plus de 80 élèves, sept enseignants et les artistes de Cirque Nova Circus qui se sont investis dans la 3e édition de ce projet ArtsSmart financé par le Saskatchewan Arts Board.

Friday, July 3, 2015/Author: Vanessa Fortin (EV)/Number of views (32281)/Comments (0)/

Cercle université-communauté: réflexion autour de la petite enfance fransaskoise

Le 17 juin 2015 se tenait à l’Université de Regina, en collaboration avec l’Association des parents fransaskois, le Cercle université-communauté sur le développement des services fransaskois à la petite enfance.

Friday, June 26, 2015/Author: Sandra Hassan Farah (EV)/Number of views (23651)/Comments (0)/

André Denis est réélu à la présidence du CSF

Le Conseil scolaire fransaskois (CSF) a réélu par acclamation André Denis à la présidence du CSF et Denis Marchildon à la Vice-présidence, dans le cadre de la séance d’organisation du 24 juin 2015.

 

Thursday, June 25, 2015/Author: Conseil des écoles fransaskoises/Number of views (32118)/Comments (0)/
L’admission des non ayants-droit dans les écoles francophones

L’admission des non ayants-droit dans les écoles francophones

Suivant la récente décision de la Cour suprême du Canada sur l’école franco-yukonaise, le Conseil scolaire francophone de la Colombie-Britannique a suspendu l’admission de non ayants droit. Craint-on un effet domino ?

Thursday, June 18, 2015/Author: Anonym/Number of views (31653)/Comments (0)/
Match de basket anciens vs nouveaux élèves de l’ÉCF

Match de basket anciens vs nouveaux élèves de l’ÉCF

Une activité intégrante organisée par l’AJF

SASKATOON - Un choc des titans a eu lieu au Pavillon Gustave Dubois le mardi 9 juin : un match de basket-ball opposant les élèves actuels et les anciens élèves de l’École canadienne-française (ÉCF). 

Thursday, June 18, 2015/Author: Alexandra Drame (EV)/Number of views (34704)/Comments (0)/
Rencontre avec Miles Muri, directeur de deux écoles du CEF

Rencontre avec Miles Muri, directeur de deux écoles du CEF

“Je n‘ai pas de contrôle sur les affaires politiques, alors concentrons-nous sur ce qui est important pour vos enfants!” - Miles Muri

NORTH BATTLEFORD - Miles Muri a accepté de relever le défi d’assurer la direction de deux petites écoles du nord de la province, distantes d’une centaine de kilomètres : l’école Père Mercure de North Battleford et l’école Sans frontière de Lloydminster. 
Thursday, June 18, 2015/Author: Alexandra Drame (EV)/Number of views (26210)/Comments (0)/

De plus en plus d'élèves font l'école à la maison depuis 5 ans

TORONTO - Les familles qui choisissent de faire l'éducation de leurs enfants à domicile sont de plus en plus nombreuses, indique une étude de l'Institut Fraser. 

Tuesday, June 16, 2015/Author: La Presse canadienne/Number of views (19293)/Comments (0)/
Le blogue chanté du Dr Horrible

Le blogue chanté du Dr Horrible

Une pièce innovante présentée par les élèves du Pavillon Gustave Dubois

SASKATOON -Pour les élèves de l’École canadienne-française secondaire, la fin de l'année scolaire c’est aussi le temps de présenter une nouvelle pièce de théâtre : ils ont ainsi interprété Le blogue chanté du Docteur Horrible les 2 et 3 juin derniers.

Thursday, June 11, 2015/Author: Alexandra Drame (EV)/Number of views (31810)/Comments (0)/
RSS
First1617181921232425Last

 - Tuesday 5 November 2024