Skip Navigation
Festival fransaskois 2024
La fin d'Erin O'Toole à la tête du Parti conservateur
Inès Lombardo (Francopresse)
/ Categories: Politique

La fin d'Erin O'Toole à la tête du Parti conservateur

FRANCOPRESSE – Depuis novembre, le Parti conservateur était en proie à des scissions internes. Erin O’Toole n’est plus chef à la suite d’un vote de confiance des députés de son parti le 2 février en avant-midi. Le passage du projet de loi sur l’interdiction des thérapies de conversion en décembre dernier, suivi du rapport postélectoral effectué lors du dernier caucus, ont fini par déstabiliser un chef qui tentait de rassembler un parti après une défaite électorale. La députée manitobaine de Portage – Lisgar Candice Bergen a été élue cheffe par intérim le soir même.

Un vote sur l’examen de la direction, tenu plus tôt aujourd’hui conformément à l’article 49.5 de la Loi sur le Parlement du Canada, a donné les résultats suivants : sur 118 votes exprimés au sein du caucus du Parti conservateur, 45 étaient en faveur de soutenir le leadeurship d’Erin O’Toole et 73 étaient en faveur de le remplacer.

Alors qu’il ne devait pas y avoir de vote pour élire un autre chef avant le congrès national du Parti conservateur prévu en 2023, 35 députés ont décidé de déclencher un vote de confiance envers M. O’Toole. C’est Candice Bergen qui assurera l’intérim : la députée manitobaine a été élue par les membres de la députation conservatrice le soir même du vote. 

Huit autres candidats étaient en lice : John Barlow, John Brassard, Kerry-Lynne Findlay, Marilyn Gladu, Tom Kmiec, Ben Lobb, Rob Moore et John Williamson.

Un peu plus tôt cette semaine, Erin O’Toole avait accepté de se soumettre à ce vote de confiance, mais avait déclaré : «I’m not going anywhere» [«Je n’irai nulle part»].

Acceptant le résultat de ce 2 février, il a indiqué qu’il restera député de la circonscription de Durham et qu’il restera «fidèle» au prochain chef choisi quelques heures plus tard, Candice Bergen.

«Je vais humblement quitter mon poste de chef de l’opposition officielle du Canada et chef du parti conservateur du Canada. C’était une fierté pour moi […]. C’est notre parti qui a fondé le pays et je crois vraiment qu’on doit gouverner le Canada pour réunir notre pays, dans ce moment difficile»a assuré l’ex-chef du parti, sur sa page Facebook, quelques heures après s’être fait monter la porte et avant le vote qui a porté Mme Bergen à la tête du parti par intérim.

«Le message à mon parti est le même que celui que j’envoie au premier ministre et aux députés de tous les bords au Parlement : «Audi alteram partem». Écoutez l’autre côté, toutes les voies, pas simplement les échos de votre propre bord. Réalisez que notre pays est divisé et que les gens sont inquiets. Travaillez ensemble, parce que la façon dont nous agissons maintenant définira la génération future», a-t-il conclu.

Visiblement ému, l’ancien chef conservateur a remercié sa famille et la population de sa circonscription, Durham.

Interdire les thérapies de conversion, une première tension

Des sources proches du Parti conservateur ont confirmé à Francopresse que l’adoption du projet de loi interdisant les thérapies de conversion avec le feu vert de tous les partis — fait rare au Parlement — aurait mis le feu aux poudres, dans un contexte de défaite postélectorale déjà morose.

Un projet de loi similaire, lors de la dernière législature, avait été approuvé en juin. À l’époque, 63 députés, dont 62 conservateurs, avaient voté contre le projet de loi, ce qui représente plus de 50 % de la députation conservatrice. Le projet de loi est finalement mort au feuilleton lors du déclenchement des élections deux mois plus tard.

«Le Parti conservateur est très difficile à diriger, car c’est une coalition de différents intérêts. D’un côté, on a les conservateurs sociaux ; au niveau économique, ils peuvent être plus au centre, mais ils sont très conservateurs avec tout ce qui a trait à la religion. Il y a ensuite les “red tories”, qu’on retrouve plutôt dans les Maritimes et en Ontario, qui se rapprochent du centre. Puis il y a les nationalistes québécois ; les libertariens et les anciens réformistes de l’Ouest, du type du Parti républicain qu’on retrouve aux États-Unis. Eux, ils sont plus populistes», énumère Emmanuelle Richez.

Est-ce que c’est en la personne du chef que se trouve la solution à la crise du parti? La professeure assure que non : «Le chef aura toujours ce défi de garder cette coalition d’intérêts ensemble. Stephen Harper l’a fait de façon habile, mais Mulroney, au début des années 90, n’a pas réussi à garder le parti ensemble. C’est un scénario qui se répète [avec Erin O’Toole].»

La question se pose d’autant plus que Maxime Bernier, ancien député du Parti conservateur, a ouvert la porte du Parti populaire du Canada, qu’il a fondé en 2018, aux députés conservateurs Pierre Poilievre et Candice Bergen, la semaine dernière. Il a justifié cette invitation par ce qu’il qualifie du «courage» des deux députés d’appuyer le convoi de camionneurs. Un pied de nez au désormais ex-chef conservateur qui s’était interdit, en début de semaine dernière, d’appuyer le convoi, avant de se raviser et d’aller rencontrer les manifestants dès le vendredi de leur arrivée.

Cette confusion dans les actions d’Erin O’Toole a aussi contribué à précipiter le vote de confiance, selon la professeure Richez.

À lire aussi : Un «convoi pour la liberté» prêt à rester

Pour Emmanuelle Richez, ce n’est pas à l’avantage des conservateurs de se diviser et de former un autre parti comme a pu le faire Maxime Bernier : «Si les conservateurs ne restent pas ensemble, ils ne pourront jamais obtenir le pouvoir, ils le savent très bien. En Alberta, il y avait eu le même phénomène avec le Wildrose Party, qui a fini par fusionner avec le Parti conservateur pour reprendre le pouvoir.»

Rapport postélectoral : «Tout cela est ma responsabilité», assure O’Toole

L’autre cause de la division interne, selon des proches du parti, serait le rapport postélectoral du Parti conservateur qui porte notamment sur la performance d’Erin O’Toole.

Ce dernier aurait refusé de dévoiler l’intégralité de ce rapport conduit par les anciens députés James Cumming et Christian Paradis.

En conférence de presse le 27 janvier dernier, au sortir de deux jours du caucus de son parti, Erin O’Toole assurait pourtant : «Tous nos députés vont voir le rapport. Dans les prochaines deux ou trois semaines, on va commencer d’avoir un plan pour améliorer nos processus, ma performance et nos politiques».

Pour lui, «l’intention [du rapport] est d’effectuer ces changements. Moi-même comme leadeur, je suis responsable de la défaite [électorale]. Je ferai des changements à mon endroit, dans notre équipe, notre stratégie, et au sein de notre parti. Nos députés et toute la structure de notre parti seront visés par ces changements».

À la question de savoir ce qu’il avait appris de lui-même dans ce rapport, Erin O’Toole avait expliqué : «Je dois apprendre beaucoup. C’est la première fois que le parti a été aussi franc. Le studio [où O’Toole enregistrait ses interventions pendant la pandémie] m’a empêché de rencontrer des Canadiens.»

Il avait par ailleurs précisé : «Il nous a été dit que nous aurions dû faire plus d’évènements, de tournées. J’ai eu des commentaires comme quoi dans la dernière semaine de la campagne, je manquais de naturel. Nous n’avons pas abordé certaines questions sur lesquelles les Canadiens voulaient que nous ayons des politiques, notamment dans l’Ouest. Tout cela, c’est ma responsabilité, mais je vais m’assurer de faire mieux et reconnecter avec les Canadiens. Je veux retourner sur le terrain [pour] les rencontrer.»

Selon la professeure Richez, il y a de bonnes chances pour que le successeur d’Erin O’Toole à la chefferie conservatrice lors du congrès national en 2023 soit Pierre Poilievre, député de Carleton en Ontario et ministre des Finances au cabinet fantôme. Un sondage du Globe and Mail effectué fin janvier affirmait la même chose.

«[Pierre Poilievre] a beaucoup de flair politique, précise Emmanuelle Richez. Il détient des appuis notables dans la députation. Il est de l’Ontario, donc il peut se positionner comme moins extrémiste, même s’il est plus à droite qu’O’Toole. C’est certain que le prochain chef le sera, pour satisfaire les députés du caucus qui trouvent qu’O’Toole est allé trop vers le centre. L’autre avantage de Pierre Poilievre est qu’il parle très bien français, donc il pourrait aussi séduire les conservateurs du Québec», conclut la chercheuse. 

Mais pour l’heure, le Parti conservateur doit nommer un chef intérimaire. Le résultat sera connu dès ce soir.

Cet article sera mis à jour dès le résultat effectif du vote du chef ou de la cheffe intérimaire.

Print
4870

Inès Lombardo (Francopresse)Francopresse

Other posts by Inès Lombardo (Francopresse)
Contact author

Contact author

x
La cloche va sonner

La cloche va sonner

C’est l’heure du retour en classe pour des centaines de jeunes Fransaskois. Et cette nouvelle rentrée scolaire apporte encore une fois son lot de débats sur l’éducation francophone dans la province.

Thursday, August 27, 2015/Author: Sébastien Németh/Number of views (22058)/Comments (0)/
La rentrée au CÉF: « Malgré les défis, nos services se bonifient »

La rentrée au CÉF: « Malgré les défis, nos services se bonifient »

Rencontre avec Donald Michaud, directeur de l'éducation par intérim

REGINA - Ce 1er septembre, c’est jour de rentrée scolaire pour des centaines de jeunes Fransaskois. Le Conseil des écoles fransaskoises (CEF) va gérer 14 établissements à travers la province. Comme chaque année, les défis sont nombreux. A l’orée de cette journée cruciale, entretien avec Donald Michaud, directeur de l’éducation du CEF.
Thursday, August 27, 2015/Author: Sébastien Németh/Number of views (22658)/Comments (0)/
Transport scolaire : l’inquiétude des parents

Transport scolaire : l’inquiétude des parents

REGINA - Depuis le 17 août, le Conseil des écoles fransaskoises a commencé la diffusion d’un communiqué  annonçant des réductions du transport des élèves de Regina et Saskatoon inscrits dans ses écoles. Une mesure qui inquiète certaines familles.

Thursday, August 27, 2015/Author: Émilie Dessureault-Paquette et Sébastien Németh (EV)/Number of views (22316)/Comments (0)/
Des parents provoquent une Assemblée générale extraordinaire

Des parents provoquent une Assemblée générale extraordinaire

Le Conseil scolaire fransaskois doit convoquer ce mercredi 26 août, une Assemblée générale exceptionnelle (AGE), au Pavillon secondaire des Quatre vents, à Régina.

Monday, August 24, 2015/Author: Anonym/Number of views (22260)/Comments (0)/
Frédérique Baudemont à la tête de l'Association des parents fransaskois

Frédérique Baudemont à la tête de l'Association des parents fransaskois

Arrivant de Patrimoine Canadien, Frédérique Baudemont remplacera Danielle Raymond à la direction de l’Association des parents fransaskois (APF), à partir du 1er septembre.

Thursday, August 20, 2015/Author: Sébastien Németh (EV)/Number of views (28765)/Comments (0)/
Treaty4Project : The Next Generation Project / La prochaine génération

Treaty4Project : The Next Generation Project / La prochaine génération

Des élèves produisent une œuvre artistique à partir d’un enjeu social

« Nous espérons que ce projet permettra aux élèves d’imaginer un monde meilleur et de créer un impact dans la province où ils désirent vivre. » -- le comité Treaty4Project

Thursday, July 16, 2015/Author: Leia Laing et Naomi Fortier-Fréçon (EV)/Number of views (47408)/Comments (0)/
Progression de l’immersion française malgré les obstacles

Progression de l’immersion française malgré les obstacles

« L’immersion francophone est l’une des expériences éducatives les mieux réussies de l’histoire du Canada ». - Graham Fraser, commissaire aux langues officielles

En cinq ans, la médiane des inscrits à l’école d’immersion dans les provinces est passée de 8,4 à 9,9 %. Malgré la résistance des divisions scolaires et le manque de places disponibles.

Wednesday, July 15, 2015/Author: Anonym/Number of views (31906)/Comments (0)/
L’École canadienne-française honore ses finissants

L’École canadienne-française honore ses finissants

Remise des diplômes 2015

SASKATOON - Le samedi 27 juin c’était la cérémonie de remise des diplômes pour l’année 2014-2015 aux 22 finissants et finissantes de l’École canadienne-française (ECF) du Pavillon Gustave Dubois.

Thursday, July 9, 2015/Author: Martin Kakra-Kouame (EV)/Number of views (41408)/Comments (0)/
Joshua Fizel : premier finissant de l'école Père Mercure

Joshua Fizel : premier finissant de l'école Père Mercure

Notre futur proche et notre futur lointain

La petite école Père Mercure, aux arômes d'esprit de famille et de partage, Josh l’a arpentée, fréquentée pendant treize années, de la pré-maternelle à la douzième.

Thursday, July 9, 2015/Author: Céline Grenier (EV)/Number of views (37133)/Comments (0)/
Le Grand cabaret à Mgr de Laval

Le Grand cabaret à Mgr de Laval

Le plaisir et le dépassement de soi

REGINA - Le 24 juin dernier avait lieu le Grand Cabaret de l'école Monseigneur de Laval pavillon élémentaire. C'est plus de 80 élèves, sept enseignants et les artistes de Cirque Nova Circus qui se sont investis dans la 3e édition de ce projet ArtsSmart financé par le Saskatchewan Arts Board.

Friday, July 3, 2015/Author: Vanessa Fortin (EV)/Number of views (30988)/Comments (0)/

Cercle université-communauté: réflexion autour de la petite enfance fransaskoise

Le 17 juin 2015 se tenait à l’Université de Regina, en collaboration avec l’Association des parents fransaskois, le Cercle université-communauté sur le développement des services fransaskois à la petite enfance.

Friday, June 26, 2015/Author: Sandra Hassan Farah (EV)/Number of views (22885)/Comments (0)/

André Denis est réélu à la présidence du CSF

Le Conseil scolaire fransaskois (CSF) a réélu par acclamation André Denis à la présidence du CSF et Denis Marchildon à la Vice-présidence, dans le cadre de la séance d’organisation du 24 juin 2015.

 

Thursday, June 25, 2015/Author: Conseil des écoles fransaskoises/Number of views (30944)/Comments (0)/
L’admission des non ayants-droit dans les écoles francophones

L’admission des non ayants-droit dans les écoles francophones

Suivant la récente décision de la Cour suprême du Canada sur l’école franco-yukonaise, le Conseil scolaire francophone de la Colombie-Britannique a suspendu l’admission de non ayants droit. Craint-on un effet domino ?

Thursday, June 18, 2015/Author: Anonym/Number of views (30362)/Comments (0)/
Match de basket anciens vs nouveaux élèves de l’ÉCF

Match de basket anciens vs nouveaux élèves de l’ÉCF

Une activité intégrante organisée par l’AJF

SASKATOON - Un choc des titans a eu lieu au Pavillon Gustave Dubois le mardi 9 juin : un match de basket-ball opposant les élèves actuels et les anciens élèves de l’École canadienne-française (ÉCF). 

Thursday, June 18, 2015/Author: Alexandra Drame (EV)/Number of views (33482)/Comments (0)/
Rencontre avec Miles Muri, directeur de deux écoles du CEF

Rencontre avec Miles Muri, directeur de deux écoles du CEF

“Je n‘ai pas de contrôle sur les affaires politiques, alors concentrons-nous sur ce qui est important pour vos enfants!” - Miles Muri

NORTH BATTLEFORD - Miles Muri a accepté de relever le défi d’assurer la direction de deux petites écoles du nord de la province, distantes d’une centaine de kilomètres : l’école Père Mercure de North Battleford et l’école Sans frontière de Lloydminster. 
Thursday, June 18, 2015/Author: Alexandra Drame (EV)/Number of views (25374)/Comments (0)/
RSS
First1516171820222324Last

 - Saturday 29 June 2024