Braver les routes enneigées pour honorer l’orthographe et la grammaire
Malika Yoh et Zoee Aussant après la proclamation des résultats. Zoee participera à la grande finale international le 11 mai prochain, à Montréal.
Photo : Luc Bengono
Mercredi matin 12 mars. L’ambiance est pesante au bistro du Carrefour des Plaines à Regina. Les responsables de l’école Mgr de Laval scrutent nerveusement la rue Hillsdale dans l’espoir de voir arriver les participants de la finale provinciale de la dictée Paul Gérin-Lajoie (PGL).
Ils étaient attendus à 9 h 30. Il est 9 h 35. Seule Malika Yoh est présente. C’est la championne de Laval. Elle est en compétition avec Nouha Karam, la finaliste de l’École canadienne-française de Saskatoon, dans la catégorie « classes francophones ».
Les organisateurs appellent le QG de Montréal. Nouha Karam a achevé sa dictée à Saskatoon. Elle est en train d’être envoyée par télécopie. Mme Salpy Durr, l’assistance de l’école, reçoit la copie à l’instant, dans la discrétion totale. Le document confidentiel est remis en main propre à Mme Simone Therrien, enseignante en 3e année et membre du comité d’organisation, qui le garde en lieu sûr.
Quelques minutes plus tard, dans la salle du Bistro : « Je viens vous présenter la jeune fille de Gravelbourg », annonce Maria Lepage, copropriétaire de la Bouquinerie Gravel qui organise dans la salle adjacente, au gymnase de Laval, le Salon du livre. Coïncidence prémonitoire?
La petite Zoee Aussant, élève en 5e année au Gravelbourg Elementary School, apparaît candide et tout sourire dans la salle. Sa mère se tient à ses côtés. L’ambiance se détend. Zoee est en compétition avec Jaida Schiele de l’École Française de Saskatoon, dans la catégorie « classes français langue seconde ».
Après le mot de bienvenue du directeur, Sébastien Ouellet, et de la directrice adjointe, Donna Lajeunesse, la dictée commence. Le titre : « Une journée au bord de l’eau »
« Hier, nous avons passé la journée sur les berges de la rivière... ». La mère de Malika s’éclipse. « Je ne veux pas lui mettre la pression », avait-elle prévenu. La dictée continue : « Nous sommes ensuite allés nous promener jusqu’à la chute. Puis, nous avons visité le moulin à eau qui date du temps de la colonie. »
Fin de la première partie, Zoee dépose son crayon. En effet, seul le premier paragraphe de la dictée est pris en compte pour les classes de français langue seconde. La dictée reprend de plus belle pour Malika Yoh. « Aujourd’hui, sa grande roue ne fonctionne plus, mais jadis, elle servait à scier le bois... Heureusement, le bâtiment n’a pas été endommagé par la crue de l’eau! » Point d’exclamation et point final.
Le jury, composé de mesdames Colette Côté et Rosalie Lizée, disparaît dans la salle de conférence de l’Association canadienne-française de Regina (ACFR) pour corriger les copies. Une dizaine de minutes plus tard, c’est l’annonce des résultats.
Dans la catégorie « Classes francophones », la gagnante est : Malika Yoh. La mère qui était revenue discrètement jubile. Dans la catégorie « Classes français langue seconde », la gagnante est : Zoee Aussant. Elle est toute heureuse. La salle applaudit les lauréates à tout rompre.
Après la remise des récompenses, Zoee et sa mère sont reparties chez elles, à Gravelbourg; elles ont parcouru 376 kilomètres de routes enneigées pour honorer l’orthographe et la grammaire françaises...
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