Skip Navigation
Nouveau système d'abonnement Fonds l'Eau vive banniere
L’art de la guérison par l’aiguille
Leanne Tremblay
/ Categories: Arts et culture, Exposition

L’art de la guérison par l’aiguille

Du 25 janvier au 30 mars, l’exposition If You Prick Me, Do I Not Bleed? se tient à la Galerie d’art de Regina. Les œuvres, issues de plusieurs artistes, forment une collection de travaux réalisés à l’aiguille : feutrage, perlage, ou encore broderie. Parmi les artistes représentés figure Melanie Monique Rose, artiste visuelle métisse et ukrainienne, résidente de Regina. Entretien.

Comment décririez-vous l’exposition à laquelle vous prenez part ?

La conservatrice de la galerie, Sandee Moore, a développé l’exposition en unissant des œuvres d’artistes qui créent avec une aiguille. Par exemple, deux artistes de l’exposition, Marcy Friesen et Stacey Fayant, font du perlage et du tatouage.

Mais il y a un plus grand thème derrière l’utilisation physique de l’aiguille pour créer : c’est la pratique de la guérison et de la réhabilitation.

De quelle façon ces œuvres illustrent-elles ces deux aspects?

Les créations de Marcy Friesen visent à susciter la conversation autour du racisme, un phénomène vécu par l’artiste qui a des origines moskégone et galloise. Stacey Fayant, lui, revitalise l’art presque perdu du tatouage indigène à cause de la colonisation et de la pression de l’Église.

L’une de vos œuvres qui attire particulièrement l’attention est une grande couverture feutrée. Que symbolise-t-elle ?

En 2014, j’ai créé ma première couverture feutrée en solidarité avec la mère de ma belle-sœur, Khalida Jarrar, une activiste palestinienne et défenseuse des droits de la personne, qui a été mise en état d’arrestation.

Pour ralentir mes pensées et pour me réconforter, j’ai commencé à créer cette couverture feutrée. Les gens disent que le perlage est une forme de médecine. Selon moi, le feutrage aussi. Ça guérit.

La création de cette couverture est devenue un acte de solidarité pour cette mère. Je l’ai envisagée enrobée dans la couverture, réconfortée. J’ai feutré des fleurs sur la couverture parce qu’elles me rappellent ma famille métisse et ukrainienne.

Je suis heureuse d’annoncer que la couverture vit maintenant en Palestine. C’est pourquoi c’est une photo qui la représente dans l’exposition au lieu de l’œuvre elle-même.

Une autre de vos couvertures, celle-ci bien présente physiquement, fait partie de l’exposition.

Oui, elle est le produit d’un projet collaboratif mené par Saskatchewan Council for International Cooperation et Regina Public Interest Research Group.

Ces organisations ont embauché deux artistes, Eliza Doyle et moi, pour animer des ateliers d’art pour leur camp d’été Generating Momentum, qui propose des activités autour de l’activisme.

Eliza et moi avons décidé de commencer un projet collaboratif sur la façon dont l’art pourrait être un outil puissant pour l’activisme. On a identifié plusieurs défis à aborder avec les participants afin de les inspirer à créer, dont la santé mentale, le racisme et le colonialisme.

J’ai voulu sortir de mon propre isolement dans mon studio et faire partager la guérison fournie par le feutrage avec d’autres. Alors on a donné des matériels aux participants et on s’est réunis en personne et virtuellement pour guérir ensemble en créant une couverture.

Que représente cette œuvre collaborative à vos yeux ?

Après le camp, j’ai voulu que le projet continue. Alors, j’ai transporté la couverture partout. Maintenant, je la considère comme une représentation visuelle d’une histoire communautaire. Il s’agit d’un instantané de ces dernières années.

Il y a des symboles feutrés sur la couverture qui représentent la mort de George Floyd, la guerre en Ukraine, le génocide à Gaza et l’épidémie de suicides dans le nord de la Saskatchewan. Tout ça étant créé par une variété de personnes, un groupe intergénérationnel.

Je savais que ce serait important d’inclure la couverture dans cette exposition. Elle est exposée sur la table de cuisine de ma grand-mère avec trois aiguilles, comme si quelqu’un était juste là, en train de créer.

Consacrez-vous la plupart de votre pratique artistique au feutrage ?

Beaucoup de mon travail se fait au feutrage, mais ce n’est pas ma seule pratique. Je fais de la conception de vêtements, c’est-à-dire de l’art portable. On trouve dans l’exposition un manteau bomber que j’ai fabriqué.

Le symbolisme métis est très présent dans votre travail. Quel rôle cela joue-t-il dans votre art ?

Image
L’art de Melanie Monique Rose reflète souvent ses origines métisse et ukrainienne. Crédit : Melanie Monique Rose

Je me décris comme une flower person, selon le titre donné au peuple métis par le passé, les Flower Beadwork People. Ce nom était dû aux fleurs qui faisaient souvent partie de leur art.

Toutes les œuvres exposées à la Galerie d’art de Regina peuvent correspondre à cette catégorie. L’autre partie de ma famille vient d’Ukraine. La culture ukrainienne emploie aussi souvent des motifs floraux. C’est donc naturel que je sois inspirée par les fleurs et qu’elles apparaissent souvent dans mon travail.

Votre fille est née en 2018. Comment conciliez-vous votre statut d’artiste avec celui de mère ?

Ces deux parties de ma vie ne peuvent pas exister séparément. Les deux sont des processus créatifs. L’art et ma fille se sont entrelacés, ils ne vivent pas seuls dans leur propre boîte.

J’adore partager des expériences créatives avec ma fille. En hiver, on feutre des fleurs sur des couvertures en laine. En été, on fait des impressions de végétaux. On découvre la terre ensemble et on apprend les noms des plantes. On les goûte même, si je sais qu’elles sont comestibles.

La réhabilitation des langues ancestrales joue-t-elle un rôle important dans votre vie ?

J’ai grandi dans un petit village où il n’était pas possible d’apprendre une autre langue, y compris l’immersion française. Mon père parlait anglais, et ma mère ukrainien. J’ai appris que ma grand-mère métisse, Olive Rose, parlait français et michif, et qu’elle a seulement appris l’anglais lorsqu’elle était à Fort San pour des traitements de tuberculose.

Ma fille fait partie du programme d’immersion michif. C’est un projet pilote mené par la Nation métisse de la Saskatchewan. Le programme concerne seulement la prématernelle et la maternelle. Après ça, ma fille va étudier dans une école d’immersion française, jusqu’à ce qu’elle puisse reprendre ses études en michif si le programme de la Nation métisse de la Saskatchewan va au-delà de la maternelle.

Quels sont vos projets artistiques à venir ?

En ce moment, je termine une commission pour la collection du président de l’Université de Regina. C’est aussi une couverture en laine de format large qui sera exposée dans le vieux bâtiment de l’université, sur l’avenue College.

Cet été, je quitte la province pour visiter le centre culturel Woodland à Brantford en Ontario. J’y exposerai une collection basée sur les quatre saisons qui comprend des œuvres de feutrage et d’impressions végétales. J’ai hâte de continuer à montrer mon travail dans d’autres lieux.

Pour en savoir plus au sujet de l’artiste visuelle Melanie Monique Rose, rendez-vous sur son site web personnel.

Print
5889

Leanne TremblayLeanne Tremblay

Other posts by Leanne Tremblay
Contact author

Contact author

x
La nouvelle école de Regina ouvrira en janvier

La nouvelle école de Regina ouvrira en janvier

La construction de la nouvelle école élémentaire francophone de Regina avance à grands pas. Les travaux ont commencé en juin 2023 mais l’établissement n’ouvrira ses portes qu’en janvier 2025.

Wednesday, August 28, 2024/Author: Hélène Lequitte – IJL-Réseau.Presse/Number of views (4478)/Comments (0)/
Le Collège Mathieu abaisse ses frais de scolarité pour les élèves internationaux

Le Collège Mathieu abaisse ses frais de scolarité pour les élèves internationaux

Le 27 mai, le Collège Mathieu de Gravelbourg a annoncé une forte baisse des frais de scolarité à l’intention des étudiants internationaux.

Saturday, June 29, 2024/Author: Hélène Lequitte – IJL-Réseau.Presse/Number of views (5247)/Comments (0)/
Le Collège Mathieu adoube une centaine de finissants

Le Collège Mathieu adoube une centaine de finissants

Le 18 mai à Regina, le Collège Mathieu de Gravelbourg a organisé la plus grande cérémonie de remise des diplômes de son histoire.

Tuesday, May 28, 2024/Author: Verno Katshite Nyembo- IJL-Réseau.Presse/Number of views (5410)/Comments (0)/
Un prix d’excellence décerné à une éducatrice fransaskoise

Un prix d’excellence décerné à une éducatrice fransaskoise

Le 4 mai 2024 Charlène Isabelle, éducatrice à la garderie Pomme d'API de Mosse Jaw, a reçu un prix d’excellence lors du gala annuel de l’Association de la petite enfance de la Saskatchewan.

Sunday, May 26, 2024/Author: Leanne Tremblay/Number of views (5202)/Comments (0)/
Les enseignants soudés dans l’adversité

Les enseignants soudés dans l’adversité

Les enseignants du Conseil des écoles fransaskoises (CÉF) se sont réunis à Regina les 25 et 26 avril pour le congrès annuel.

Friday, May 17, 2024/Author: Leanne Tremblay/Number of views (4556)/Comments (0)/
Gala Méritas : la Cité francophone fête ses étudiants

Gala Méritas : la Cité francophone fête ses étudiants

Le 8 avril, la Cité universitaire francophone a célébré la quatrième édition du Gala annuel Méritas.

Friday, April 19, 2024/Author: Ghita Hanane/Number of views (3419)/Comments (0)/
Le budget provincial 2024-2025 déçoit les Fransaskois

Le budget provincial 2024-2025 déçoit les Fransaskois

L’annonce du budget provincial 2024-2025 en Saskatchewan déplaît à plus d’un Fransaskois

Friday, April 12, 2024/Author: Ghita Hanane – IJL-Réseau.Presse/Number of views (6061)/Comments (0)/
Les élèves fransaskois excellent malgré les défis d’infrastructures

Les élèves fransaskois excellent malgré les défis d’infrastructures

Le Conseil des écoles fransaskoises (CÉF) a publié son rapport annuel 2022-2023. L’occasion pour L’Eau vive de revenir sur les points saillants de cette période.

Tuesday, March 5, 2024/Author: Mehdi Jaouhari/Number of views (5827)/Comments (0)/
Projet de loi C-35 : une demi-victoire pour les garderies francophones

Projet de loi C-35 : une demi-victoire pour les garderies francophones

Organismes et citoyens francophones se sont mobilisés pour appuyer un amendement important du Sénat au projet de loi C-35 sur les services de garde.

Sunday, February 25, 2024/Author: Mehdi Jaouhari/Number of views (4945)/Comments (0)/
L’heure des contes désormais multilingue à la bibliothèque publique de Saskatoon

L’heure des contes désormais multilingue à la bibliothèque publique de Saskatoon

Une nouveauté débarque à la Bibliothèque publique de Saskatoon cette année : l’heure des contes est désormais bilingue.

Sunday, February 4, 2024/Author: Leanne Tremblay/Number of views (6486)/Comments (0)/
De nouvelles places de garderie à Moose Jaw

De nouvelles places de garderie à Moose Jaw

Le Centre éducatif Pomme d’Api à Moose Jaw vient de recevoir du financement gouvernemental afin d’ouvrir de nouvelles places en français. Une bonne nouvelle pour les parents, mais qui est loin de répondre à la demande. Car sur les 2 349 places en cours de création dans la province, 28 seulement sont dédiées aux Fransaskois.

Friday, January 12, 2024/Author: Mehdi Jaouhari/Number of views (4974)/Comments (0)/
Vente de l’école du Parc à Regina : un manque à gagner pour les Fransaskois

Vente de l’école du Parc à Regina : un manque à gagner pour les Fransaskois

Fin septembre, les parents fransaskois ont eu la mauvaise surprise d’apprendre que l’école du Parc, solution temporaire en attendant l’ouverture d’un nouvel établissement pour leurs enfants, sera finalement vendue plutôt que conservée. Une déception pour nombre d’entre eux.

Tuesday, October 31, 2023/Author: Ghita Hanane – IJL-Réseau.Presse/Number of views (5911)/Comments (0)/
Message du directeur général du CÉF

Message du directeur général du CÉF

Message du directeur général du CÉF .

Monday, September 11, 2023/Author: Conseil des écoles fransaskoises/Number of views (8040)/Comments (0)/
ALLOFrench : la gratuité au service des Canadiens de l'Ouest

ALLOFrench : la gratuité au service des Canadiens de l'Ouest

Projet pilote d'un an, ALLOFrench offre des cours gratuits de français en Saskatchewan et en Alberta du 1er avril 2023 au 31 mars 2024. Réservé aux citoyens canadiens, le programme vise à étendre l'influence du français dans les Prairies.

Friday, September 1, 2023/Author: Hélène Lequitte – IJL-Réseau.Presse/Number of views (6138)/Comments (0)/
Une première pierre pour la nouvelle école francophone de Regina

Une première pierre pour la nouvelle école francophone de Regina

Une cérémonie haute en émotion a eu lieu au 5382, 2e Avenue Nord à Regina, le lieu retenu pour la nouvelle école francophone où les travaux ont officiellement débuté le 29 juin. Une centaine de personnes se sont réunies pour assister à la pose symbolique de la première pierre.

Tuesday, July 18, 2023/Author: Marie-Lou Bernatchez – IJL-Réseau.Presse/Number of views (6665)/Comments (0)/
RSS
245678910Last

 - Monday 23 December 2024