Skip Navigation
Nouveau système d'abonnement Fonds l'Eau vive banniere
Leslie Garrido-Diaz

Dans l’intimité de la culture francophone hors Québec

Dans le cadre de la Semaine nationale de l’immigration francophone du 7 au 13 novembre, la Société canadienne-française de Prince Albert (SCFPA) a présenté le documentaire Intimités francophones d’eux. Réalisé en partenariat avec le Centre de la francophonie des Amériques (CFA), le film illustre les enjeux liés à l'identité linguistique, au droit à la langue et à lhospitalité des langues. 

« Ce documentaire part à la découverte de cette francophonie, de sa résistance, de son histoire et de ses acteurs. Une conversation des Amériques à travers le Canada et le Brésil qui permet de s’immiscer dans l’intimité citoyenne de ces francophones », décrit Pascal Kayishema, directeur général de la SCFPA.

La production du documentaire a démarré en 2014 et s’est étalée sur plusieurs années, laissant ainsi le temps à la réalisatrice Anne-Céline Genevois de tourner au Brésil et au Canada. Pendant une heure, le public retrouve certains visages bien connus de la fransaskoisie, comme ceux de Michel Dubé, Zoé Fortier ou encore Joe Fafard.

« Je suis très émue de toutes ces rencontres, témoigne Anne-Céline Genevois. J’ai pu parler à une centaine de personnes et ce sont elles, ainsi que le public, qui font que ce film prend tout son sens », dit celle qui est également directrice et fondatrice du Projet Ose, un organisme de création artistique et de coopération culturelle. 

Un documentaire intime

Anne-Céline Genevois
Anne-Céline Genevois, réalisatrice du documentaire Intimités francophones d’eux
Crédit : Projet Ose

Michel Dubé, ancien président de la SCFPA, présent durant la projection, ajoute par ailleurs que la réalisatrice « a bien compris et exprimé les enjeux et défis rencontrés par les francophones en situation minoritaire, peu importe le territoire ».

Le film énonce différentes composantes de l’identité francophone, en commençant par la langue, présentée comme individuelle, propre à soi, mais reliée aux autres. Au plus intime de l’étoffe d’un tissu social, la langue y est décrite comme « un palais composé de pièces intimes et parfois secrètes ». Liée aux émotions, cette dernière tenterait d’exprimer ce qui réside en chacun de nous. 

La réalisatrice parle aussi du passé et des luttes, oubliées, ignorées ou tout simplement inconnues. Anne-Céline évoque l’histoire des voyageurs, des vagues migratoires ou encore des communautés : « Ce qui a émergé pendant le tournage, c’est vraiment la puissance de l’expérience en milieu minoritaire. C’est quelque chose qui me bouleverse, car en tant que française je n’ai jamais eu ce problème d’être restreint par une langue dans mon pays. »

Ce qui a émergé pendant le tournage, c’est vraiment la puissance de l’expérience en milieu minoritaire.

Cette importance de la transmission de l’histoire et de racines est par ailleurs un cheval de bataille pour l’une des intervenantes du film : « Je fais en sorte que mon fils comprenne qu’il est franco-manitobain. En tant que mère, c’est important pour moi. Ce qu’il en fera plus tard lui appartiendra. Si les racines se brisent, au moins je lui aurais donné des ailes en étant bilingue. »

Langue et identité

De Whitehorse à São Paulo, en passant par Batoche, les spectateurs découvrent des perspectives différentes, dont celle d’un groupe d’étudiants francophones brésiliens qui rêvent de travailler en France. « L’Europe, pour nous, c’est la lune, et nous, nous sommes les illuminés », déclare un étudiant. 

Avec le portugais comme langue maternelle, des influences africaines et le français comme langue secondaire, les étudiants du film héritent d’un fort et précieux bagage culturel dont ils sont fiers. Leur enseignante dévoile néanmoins un effort de dissimulation ou d’atténuation de l’identité de ces élèves par l’Europe.

« Dans le formulaire que nous devons remplir pour eux, on nous demande si l’étudiant a un accent régional, autrement dit si l’étudiant parle avec un accent prononcé », révèle l’institutrice. Pratique discriminatoire, la question de la ressemblance aux Natifs se pose alors pour ces étudiants qui doivent conserver leur identité tout en répondant à des standards.

Ce choix d’identité est également le défi qu’ont dû relever des Canadiens francophones hors Québec. Durant leurs parcours, les intervenants du film ont tous eu à se justifier, parfois de manière insistante, sur leur apprentissage du français. « Au Québec, lorsque je parlais en français, tout de suite la personne entendait un accent et se mettait à me parler en anglais ou me corrigeait. C’est ridicule car j’ai simplement un accent franco-manitobain », explique une personne interrogée dans le documentaire.

Des obstacles à la diversité culturelle

Le spectateur comprend que toutes les communautés relèvent des défis similaires à ceux des Autochtones ou des Métis, notamment dans l’obtention de services dans une autre langue que l’anglais. On y apprend que des années 1960 à 1980, le cri était oublié pour laisser la place à l’anglais et au français. 

Un intervenant cri partage ainsi sa rencontre, il y a quelques années, avec une famille pakistanaise au détour d’une station-service : « Je demandais à mes enfants de remonter dans la voiture pour reprendre la route et c’est là qu’un homme indien m’a demandé pourquoi je leur parlais en anglais, et non pas en cri, quand lui s’adressait à toute sa famille en punjabi. » 

La question de la préservation de la langue et des traditions ancestrales refait alors surface. À qui devrait donc revenir la responsabilité de transmettre et préserver ? Serait-ce l’école, les parents ou encore les anciens ?

Le documentaire bouscule et termine par rappeler qu’il serait bon de revenir à une vision identitaire simple, comme celle de la communauté et de la culture inuites dont les membres utilisent la langue pour voir le monde et s’en rapprocher. 

Print
9334

Leslie Garrido-DiazLeslie Garrido-Diaz

Other posts by Leslie Garrido-Diaz
Contact author

Contact author

x
L'École Beau Soleil fête ses 25 ans au son de On n'est pas des cowgirls

L'École Beau Soleil fête ses 25 ans au son de On n'est pas des cowgirls

Un bon spectacle pour un anniversaire d'importance

GRAVELBOURG -  La communauté fransaskoise de Gravelbourg a célébré le 25ième anniversaire de l’École Beau Soleil, qui a vu le jour en 1990 au Centre culturel Maillard.

Sunday, October 30, 2016/Author: Michel Vézina/Number of views (34567)/Comments (0)/
Méditer à l’école

Méditer à l’école

Pour être en paix avec soi et avec les autres

Pourquoi amener la pratique de la méditation dans nos écoles? Parce qu'elle donne la possibilité de s’entraîner à ressentir ce qu’on est en train de vivre de façon concrète. Elle donne aux élèves la force mentale de pauser, ressentir, et stabiliser leur attention sur ce qu’ils-elles vivent
Saturday, October 29, 2016/Author: Frédéric Dupré et Céline Martin/Number of views (33879)/Comments (0)/
Bonne note de passage pour les écoles fransaskoises

Bonne note de passage pour les écoles fransaskoises

Le CÉF débute l’année scolaire débute sur une note positive

C’est une commission scolaire fransaskoise en meilleure santé qui débute la nouvelle année scolaire.
Thursday, October 27, 2016/Author: Jean-Pierre Picard/Number of views (29337)/Comments (0)/
De l’huile sur un feu presque éteint?

De l’huile sur un feu presque éteint?

Un cadre du CÉF devient président de l'APF

L’élection d’un employé cadre du Conseil des écoles fransaskoise à la présidence de l’Association des parents fransaskois (APF) (CÉF) en fait sourciller plus d’un dans la communauté. 

Thursday, October 27, 2016/Author: Jean-Pierre Picard/Number of views (37101)/Comments (0)/
Education Week 2016: Celebrating Today, Preparing for Tomorrow

Education Week 2016: Celebrating Today, Preparing for Tomorrow

The Government of Saskatchewan has proclaimed October 16-22, 2016 as Education Week in Saskatchewan.
Monday, October 17, 2016/Author: Gouvernement de la Saskatchewan/Number of views (22117)/Comments (0)/
Bière et ailes de poulet avec Les Petits Pois de Bellevue

Bière et ailes de poulet avec Les Petits Pois de Bellevue

L'activité de levée de fonds du centre éducatif attire plus de 80 personnes

Le 7 octobre 2016 plus de 80 personnes se sont rendues au Centre communautaire BDS à Bellevue pour participer à la première soirée bière et ailes de poulet du Centre éducatif Les Petits Pois.

Thursday, October 13, 2016/Author: Centre francophone BDS/Number of views (34193)/Comments (0)/
Petite enfance: les communautés francophones ont besoin de plus de soutien

Petite enfance: les communautés francophones ont besoin de plus de soutien

Le commissaire aux langues officielles publie un rapport sur la petite enfance

Dans son rapport "La petite enfance: vecteur de vitalité des communautés francophones en situation minoritaire", dévoilé le 3 octobre 2016, le commissaire aux langues officielles, Graham Fraser, demande au gouvernement fédéral d’ouvrir les coffres pour les services touchant la petite enfance en milieu minoritaire.
Wednesday, October 12, 2016/Author: Jean-Pierre Picard/Number of views (34047)/Comments (0)/
L’École Beau Soleil de Gravelbourg: 25 ans d’existence

L’École Beau Soleil de Gravelbourg: 25 ans d’existence

Lors du passage de la tournée « Mon enfant, mon engagement » de l’Association des parents fransaskois, je regardais les gens dans la salle pour constater que nous n’étions que deux à avoir connu la saga de la mise sur pied de l’École Beau Soleil à Gravelbourg.

 

 

Monday, October 3, 2016/Author: Michel Vézina/Number of views (31718)/Comments (0)/
Les tribunaux pour morceler le Protocole des langues officielles dans l’enseignement?

Les tribunaux pour morceler le Protocole des langues officielles dans l’enseignement?

Trois organismes ont réclamé mi-septembre la modernisation des ententes nationales en éducation qui lient le fédéral et les provinces. Ils demandent la création d’un protocole additionnel tripartite pour la gestion des fonds fédéraux destinés à l’enseignement en français, langue maternelle. 

Saturday, October 1, 2016/Author: Anonym/Number of views (35333)/Comments (0)/
Santé mentale à l’école

Santé mentale à l’école

Accepter de partager ses états d’âme est difficile quand on souffre

Le phénomène est répandu : des enfants en retrait ou agressifs qui dérangent. On ne sait pas comment les aider, on les écarte, on les stigmatise et les relations se détériorent. La santé mentale n’est pas perçue comme un problème de santé ordinaire.


Tuesday, September 27, 2016/Author: Anonym/Number of views (32530)/Comments (0)/
Quand sommeil rime avec problème

Quand sommeil rime avec problème

20h : voici le moment tant redouté du coucher. « Est-ce que Capucine va encore crier de longues minutes avant de s’endormir ? », « Combien de fois Lucas va-t-il se réveiller cette nuit ?  « Je suis épuisée au travail, physiquement et nerveusement. »

Thursday, September 15, 2016/Author: Sandra Hassan Farah /Number of views (44620)/Comments (0)/
Nouvelle année scolaire et nouveau plan stratégique pour le CÉF

Nouvelle année scolaire et nouveau plan stratégique pour le CÉF

Le Conseil scolaire fransaskois (CSF) veut arrimer le nouveau plan stratégique 2016-2021 du Conseil des écoles fransaskoises (CÉF) avec les écoles fransaskoises et la communauté.
Wednesday, September 7, 2016/Author: Pascal Lévesque/Number of views (31873)/Comments (0)/
Regard sur le modèle scolaire finlandais

Regard sur le modèle scolaire finlandais

La Finlande, jadis premier de classe, dégringole en éducation

Cet article vous propose ce que l’on peut importer de ce système scolaire du pays de Nokia, dans le nord de l’Europe, qui a aboli l’école privée en 1970.

Tuesday, September 6, 2016/Author: Marie-Jacquard Handy, orthopédagogue/Number of views (29327)/Comments (0)/
Français, littérature et décrochage universitaire

Français, littérature et décrochage universitaire

Entretien avec l’auteur Paul Savoie

L'auteur Paul Savoie a accepté de partager sa vision de la dimension francophone dans le monde de l’enseignement et de l’édition.

Monday, September 5, 2016/Author: Jean-Pierre Picard/Number of views (29138)/Comments (0)/
Démission d’André Denis du CSF: « Je voulais du renouvellement»

Démission d’André Denis du CSF: « Je voulais du renouvellement»

André Denis, ancien président du Conseil scolaire fransaskois (CSF), affirme avoir démissionné de son poste de conseiller, le 10 juillet dernier, après neuf ans et demi d’implication, à cause de la réembauche de Bernard Roy comme directeur de l’éducation du Conseil des écoles fransaskoise (CÉF).
Friday, September 2, 2016/Author: Pascal Lévesque/Number of views (33108)/Comments (0)/
RSS
First1112131416181920Last

 - Monday 23 December 2024